Traites des personnes et pratiques assimilées: formation sur les techniques de rapportage et de collecte des données

La salle de conférence du ministère de la Justice abrite une formation à l’intention des membres du comité de coordination de la lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées (ACCTLPPA) sur les techniques de rapportage et de collecte des données. La cérémonie d’ouverture a été présidée, hier mercredi, par le président du Comité, Bocar TOURÉ ; en présence des représentants de plusieurs structures et organisations intervenant dans la lutte contre la traite des personnes. Organisée avec l’appui de Mali Justice Project, la formation est assurée par Issa DABO, expert légistique EUCAP Sahel Mali.

 

L’objectif de cet atelier est de renforcer les capacités des membres du CNCTLPPA sur les techniques de collecte des données et de rapportage pour la production des statistiques et des indicateurs nationaux sur la traite des personnes et le trafic illicite des migrants.
Durant les trois jours de formation, il s’agira de faire connaître aux participants la définition de la traite des personnes et du trafic illicite des migrants en droit malien et en droit international ; le cadre juridique national et international relatif à la traite des personnes et le trafic illicite des migrants ; faire le point sur l’état des statistiques, les lacunes dans la collecte des données.
Il s’agira aussi de fournir des informations et partager les expériences sur les standards internationaux et les méthodologies pour les indicateurs de traite ; favoriser une meilleure compréhension du processus de suivi et de rapportage programmatique ; évaluer les besoins du comité en termes de données statistiques sur la traite et le trafic illicite des migrants ; comprendre comment concevoir un rapport volumineux et le réduire à une synthèse fidèle.
Par ailleurs, cette session vise à renforcer l’esprit de synthèse des participants pour structurer un rapport d’activité, une étude, une expertise ou une intervention ; rédiger un texte court fournissant l’essentiel des informations et des arguments avec un style fluide au service de phrases claires et percutantes ; proposer une mise en page général pour la présentation de rapport ; proposer une approche logique ou un canevas à la rédaction de rapports ; formuler des conclusions et des recommandations pour renforcer la production de statistiques sur la traite et le trafic au Mali selon les standards internationaux.
Enfin, il s’agit de favoriser la coordination entre les différents acteurs de la lutte contre la traite et le trafic afin de promouvoir une meilleure protection des victimes.
Le président Bocar TOURÉ a expliqué que son Comité qui est un organe national de coordination de lutte contre la traite des personnes. Selon lui, chaque année, il doit produire un rapport avec des données statistiques.
« Il se trouve qu’il y a des lacunes dans la production de ces rapports. D’où la nécessité de cette formation conformément au plan d’action quinquennal 2018-2022 et le plan opérationnel 2021 qui prévoient l’organisation d’une formation à l’intention des membres du Comité sur les techniques de rapportage et de collecte des données », a affirmé le président du Comité.
Pour sa part, Aguissa Ag Mohamed, conseiller juridique à Mali justice Project en charge de la lutte contre la traite des personnes, dira que cette formation s’inscrit en droite ligne des objectifs de leur organisation au titre de l’année 2021.
Selon lui, l’appui de Mali justice Project au Comité vise à faire en sorte que notre pays enregistre des avancées significatives pour rehausser son image. Il a fait savoir que le dernier rapport du département de l’État américain met notre pays dans une position non confortable.
« Donc, il faut prendre des dispositions pour que notre pays puisse redorer son image et pour qu’il ne perd pas certains avantages. Pour ce faire, il faut renforcer les capacités de tous les acteurs étatiques et non étatiques qui interviennent dans la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées », a affirmé le conseiller juridique Aguissa Ag Mohamed.
En effet, la traite des personnes et le trafic illicite des migrants sont deux crimes graves qui touchent tous les pays du monde. Notre pays, à l’image des autres pays, souffre de la pauvreté et du problème de la gouvernance. Ce qui traduit le faible niveau de la vie avec l’inégalité de distribution des richesses, l’exode rural et le taux élevé de chômage en milieu urbain.
Aussi, l’éclatement du conflit a exacerbé la vulnérabilité à la traite et au trafic, tout comme la fréquence et la gravité de ces deux phénomènes. Chaque année, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont victimes des phénomènes de traite et du trafic dans leur pays ou à l’étranger.

À l’instar des autres pays de la sous-région, le Mali est concerné par les crimes de la traite des personnes et du trafic illicite de migrants sous toutes ses formes. De ce fait, plusieurs initiatives ont été développées par les autorités étatiques y compris des réformes pour répondre aux phénomènes de la traite des personnes et du trafic illicite des migrants.
En 2010, notre pays s’est véritablement engagé dans la lutte contre la traite des personnes à travers plusieurs initiatives. C’est ainsi que le 3 février 2011, le gouvernement a adopté le décret n°20l I- 036/PM-RM portant création du comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées (CNCLTPPA).
En dépit de ces efforts engagés par les autorités, des insuffisances demeurent dans la réponse à la traite des personnes. Cette inefficacité dans la réponse a été soulignée par le Rapport 2020 du Département d’État des États Unis d’Amérique relatif à la traite des personnes dans le monde, qui classe le Mali sur la liste du second rang. Cela signifie que notre pays n’a pas intérêt de descendre au niveau trois, pour ne pas perdre le soutien et les opportunités liées à la bonne coopération avec le Département d’État des États Unis d’Amérique relatif à la traite des personnes dans le monde.
Selon les constats, l’un des facteurs clés de l’inefficacité de la réponse aux crimes liés à la Traite des Personnes (TDP) est le manque de coordination et de communication dans la réponse pour la lutte contre la traite et le trafic.
Pour palier au problème de manque d’une base des données en lien avec la traite des personnes et le trafic illicite des migrants, Mali Justice Project a initié cette formation sur les techniques de collecte des données et de rapportage à l’intention des membres du CNCLTPPA.

PAR MODIBO KONÉ

Source : Info-Matin

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