Ténenkou : Le vent de l’autonomisation des femmes

L’insécurité consécutive à la situation de crise a aggravé la pauvreté, la faim, la précarité dans le cercle de Ténenkou. Elle a provoqué aussi l’arrêt des activités de la centaine d’associations féminines qui offraient un cadre d’épanouissement aux femmes. Avec le retour de la paix, nombre d’associations ont repris leurs activités. La plupart d’entre elles s’activent dans la savonnerie, la teinture, les banques de céréales, le petit commerce. D’autres font opèrent dans l’épargne avec intérêts ou encore dans l’embouche des animaux et le maraîchage.

agriculture afrique

Six associations féminines ont été choisies en concertation avec l’ONG GRAFE et les autorités compétentes, comme particulièrement importantes. L’association Séinidè, créée depuis plus de 20 ans, compte une centaine de membres. Son activité principale est le maraîchage sur un périmètre d’un hectare près de la mare de Naweerè Sèbè au quartier d’Ouro Améry. Leur jardin potager, entouré d’un grillage, possède 6 puits dont 4 à grand diamètre où ces femmes puisent de l’eau pour arroser les plants matin et soir. Sur ce site, elles récoltent et vendent pour subvenir à leurs besoins financiers. Sans compter que les légumes servent aussi à améliorer les repas au quotidien. On y trouve de la salade, des choux, des tomates, de la betterave, des concombres, de la pomme de terre, de l’échalote, du gombo, de la carotte, etc.

« Les recettes de la vente de nos produits, sont de l’ordre de 5000 Fcfa par jour, sans compter les commandes spéciales. Grâce au maraîchage, nous arrivons à bien manger et nous faisons des économies. Nous aidons nos familles dans leurs besoins alimentaires et financiers. Nous payons les deux gardiens de nuit et de jour et nous mettons de côté le reste de l’argent », témoigne la présidente de l’association, Mabo Djigandé. Le regroupement, souligne-t-elle, possède une caisse de solidarité qui octroie des prêts avec intérêts aux membres qui mènent d’autres activités lucratives. Une autre caisse accorde des prêts sans intérêt aux membres de l’association pour faire face à des problèmes sociaux comme les mariages, les baptêmes, etc. « Nous avons ouvert aussi un compte dans une banque de microfinance », révèle Mabo Djigandé qui remercie toutes les bonnes volontés qui aident son association à développer ses activités.

La présidente de l’association Hendam, Aminata Kouma, affiche une égale satisfaction car l’embouche des moutons est rentable pour son association. « Sur 12 têtes embouchées, nous en avons déjà vendu 6 et on les a remplacées. Sur chaque tête vendue, nous avons eu un bénéfice de 2500 Fcfa. Nous remercions Dieu et nous remercions le gouvernement et l’ONG GRAFE. Nous souhaitons que l’ONG continue à nous accompagner après l’avoir fait pendant 15 mois », indique-t-elle.

Les femmes du cercle de Ténenkou, notamment celles des six grandes associations féminines de la commune urbaine de Ténenkou, sont en effet appuyées par l’ONG GRAFE (Groupe de recherche pour l’aide à la femme et à l’enfant). Celle-ci a initié à Ténenkou un projet intitulé : « Redynamisation des associations de femmes et de leurs activités de productions affectées par la crise ». Ce projet d’urgence entend contribuer à redynamiser à court et moyen termes les associations de femmes affectées par la crise pour un coût global de 29 285 600 Fcfa financés par le gouvernement, l’Union européenne, le Danemark, la Suisse, le Canada, la Suède à travers le PAOSC II (Programme d’appui aux organisations de la société civile, phase II). Le projet a débuté en août 2013 à Ténenkou pour une durée de 15 mois.

Il a offert un périmètre maraîcher avec une dotation en semences, engrais, produits phytosanitaires et petits matériels agricoles. Les associations qui ont choisi l’élevage ont reçu, pour un départ, des moutons pour l’embouche avec un aide alimentaire, vétérinaire et l’aménagement de parcs pour ces animaux. Le projet assiste en outre 50 autres femmes déplacées qui font l’élevage.

L’équipe d’encadrement de Ténenkou est dirigée par le coordinateur, Souleymane Sanou. Quant au directeur exécutif national des programmes de l’ONG GRAFE, Amadou Katilé, il se dit satisfait de l’évolution des associations que sa structure soutient à Ténenkou. Il exhorte les femmes à persévérer dans l’effort et en appelle au soutien des autorités locales.

Grâce donc à l’appui de l’ONG GRAFE, le vent de l’autonomisation et de l’émancipation des femmes, souffle fort aujourd’hui à Ténenkou et dans le Macina profond.

M. DEMBELE

AMAP-Ténenkou

 

Suivez-nous sur Facebook sur