Front scolaire: le début d’une semaine mouvementée

Après trois semaines de grève séquencée infructueuse du 21 janvier au 7 février 2020, aucune perspective ne se dégage pour les enseignants et l’année scolaire en cours. Les négociations, pour le moment, semblent au point mort entre le gouvernement et le collectif des enseignants alors que la date limite du dépôt des candidatures pour les 15 300 enseignants volontaires a été repoussée jusqu’à ce 18 février 2020. Les enseignants projettent de nouveau l’organisation de nombreuses activités syndicales, cette semaine.

Dans un communiqué rendu public ce 7 février 2020, le Directeur général du Centre national de promotion de volontariat au Mali (CNPV) informe les candidats au recrutement d’enseignants volontaires de la prorogation du délai de dépôt des dossiers de candidatures.

Le communiqué du CNPV fait état des difficultés signalées par de nombreux candidats au volontariat dans l’obtention de certaines pièces constitutives du dossier de candidature, notamment le casier judiciaire. C’est dans ce contexte que le nouveau délai a été fixé au 18 février 2020 à 16 heures.

Pendant ce temps, les enseignants qui campent sur leur position, l’application de l’article 39 de la loi portant leur statut particulier ou rien, entendent mettre la pression au maximum cette semaine. La journée du 10 février 2020, apparemment calme dans les écoles, a été consacrée, dans une large mesure, à des cours et sensibilisations.

Aujourd’hui, mardi, les enseignants organisent des ‘’Assemblées générales d’information communes dans tous les établissements, à partir de 8 heures, un retour dans les classes mercredi avant la marche nationale pacifique ce 13 février. Si à la fin de la semaine, l’article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018 n’est pas ‘’strictement et correctement appliqué’’, les enseignants iront en grève de 20 Jours à partir du lundi 17 février 2020 sur toute l’étendue du territoire national, indique un communiqué du collectif.

Dans son préavis déposé sur la table du ministre du Dialogue social, le Collectif des syndicats enseignants signataire du 15 octobre 2016 envisage une grève de 20 jours séquencée : comme suit : du lundi 17 au vendredi 21 février 2020 ; du lundi 24 au vendredi 28 février 2020 ; du lundi 02 au vendredi 06 mars et du lundi 09 au vendredi 13 mars 2020.

‘’La non-application de l’article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 JAN 2018 par l’État malien conduit l’année scolaire 2019-2020 à la dérive’’, souligne-t-on.

Pour la synergie des enseignants, une année blanche se prépare merveilleusement avec la complicité des parents d’élèves dont elle dénonce le silence.

Le blocage entre le gouvernement et la Synergie des enseignants s’articule autour d’un seul point : l’application de l’Article 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant du secondaire, du fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.

Ce 30 janvier 2020, le ministre de la Communication, M. Yaya SANGARE, en sa qualité de ministre porte-parole du Gouvernement, s’est voulu franc face à ses confrères journalistes, sur cette revendication du Collectif des enseignants signataires du 15 octobre 2016. « Je voudrais vous tenir le langage difficile de la vérité et je confesse ici devant vous que le Gouvernement reconnaît la légalité de la revendication du Syndicat des Enseignants. Son interprétation à la lettre de l’article 39 de la loi sus-visée est juste et les enseignants ont raison de rappeler que «toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale » », a-t-il précisé.

Cette exigence des syndicats de l’Éducation pose problème pour deux raisons : son insoutanebilité financière dans le contexte actuel et le risque d’injustice sociale que cela pourrait engendrer a expliqué le ministre. Ainsi, céder face à la pression des enseignants ouvrirait la voie à une spirale de revendications tous azimuts que nous ne pouvons pas nous permettre de cumuler avec la gestion de la crise multiforme que vit déjà notre pays, s’est défendu le ministre SANGARE.

Le langage de vérité, dit-il, est que l’État, qui ne peut pas respecter son engagement cette année avec les enseignants pour les raisons évoquées ci-dessus, leur demande d’accepter d’étaler la prise en charge de leur revendication légale et légitime sur 2020 et 2021, comme l’a accepté l’UNTM qu’il a salué au passage pour sa compréhension.

« L’égalité de traitement des fonctionnaires est une exigence constitutionnelle. Le même État ne peut pas traiter différemment ses fonctionnaires sur la base de disparités aussi criardes et prononcées que celles que veulent imposer aujourd’hui nos chers enseignants. Céder face aux enseignants conduirait à la frustration des autres syndicats qui pourraient tout aussi entraîner le pays dans une spirale de mouvements de revendications insoutenables », dira-t-il.

Ce message semble tomber dans l’oreille de sourds, puisque les enseignants qui croient dur comme fer que le Gouvernement est de mauvaise foi, réclament désormais la tête du Premier ministre Boubou CISSE qu’ils jugent comme l’obstacle premier à l’atteinte de leur objectif.

« Nous demandons la démission immédiate de Boubou CISSE », martèlent-ils sur les réseaux sociaux. Est-ce la solution aujourd’hui ?

En tout cas, avant Boubou CISSE, celle de SBM réclamée et obtenue par des organisations de la société civile, des partis politiques, dont la majorité présidentielle, n’a apporté aucune solution aux problèmes du Mali qui restent entiers.

Par Sidi DAO

Source: info-matin

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