Migrants : plus de 850 traversées illégales de la Manche en un jour, un record

En une seule journée, mercredi 3 novembre, 853 migrants sont parvenus à traverser illégalement la Manche, ont déclaré les autorités britanniques. Un chiffre record, qui s’inscrit dans un contexte d’augmentation constante cette année: 21 000 personnes, le double de l’an dernier, ont réussi à traverser le détroit qui sépare la France et le Royaume-Uni à bord de petites embarcations.

 

Malgré les promesses du gouvernement britannique de rendre ces traversées «impraticables», leur nombre n’a cessé de progressé, depuis fin 2018. Le dernier record quotidien remontait à août dernier avec 828 traversées. Si le ministère ne communique pas de bilan cumulé, selon le décompte de l’agence de presse britannique PA, plus de 21 000 personnes ont effectué depuis le début de l’année la traversée du détroit, l’un des plus fréquentés au monde.

«Contrairement à ce qu’on dit souvent, ils ne sont pas “attirés par l’Eldorado britannique“. C’est souvent leur dernière chance, la Grande-Bretagne, parce qu’ils ont été soit déboutés du droit d’asile, ou bien ils n’ont pas pu, pour une raison ou pour une autre, demander l’asile en Europe continentale, ou bien encore leurs papiers n’ont pas été renouvelés», analyse François Guennoc, président-bénévole de l’Auberge des Migrants à Calais, interrogé par Carlotta Morteo du service international de RFI.

Cette frontière meurtrière vient encore de prendre une vie, des vies.
Quand aurons-nous enfin des responsables politiques capables d’agir avec humanité pour faire cesser cette situation d’une cruauté irréelle et permettre aux exilés de circuler librement ?

Côté français, de janvier à fin octobre 2021, la préfecture maritime comptabilise «1 008 événements liés à des tentatives ou traversées vers le Royaume-Uni par voie maritime impliquant 24 655 personnes» dont «5 713 naufragés ont été secourus».

Jeudi matin, le corps d’un migrant a été retrouvé «dans une embarcation de 3,5 mètres remplie d’eau sur une plage de Wissant», dans le nord de la France, a indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête. À ses côtés, deux personnes «en état d’hypothermie sévère» ont été transportées à l’hôpital. La veille, un migrant est décédé, un autre a été porté disparu et 779 personnes ont été secourues en mer suite au naufrage de plusieurs embarcations de fortune dans la Manche, selon la préfecture maritime.

Le Brexit n’y change rien

Durcir les conditions d’immigration est une promesse majeure du gouvernement de Boris Johnson à la suite du Brexit, qui cherche à restreindre l’accès au droit d’asile. Les traversées illégales constituent un sujet régulier de tensions entre Paris et Londres, les autorités britanniques estimant insuffisants les efforts entrepris côté français pour les empêcher malgré le versement d’aides financières.

«Le Brexit n’a pas changé grand-chose concernant la difficulté de passage de la frontière, note François Guennoc. La frontière est bloquée et elle va le rester probablement. La conséquence principale, c’est que les Britanniques, aujourd’hui, sont obligés de garder les personnes qui arrivent sur leur territoire, parce qu’étant sortis de l’Union européenne, ils ne bénéficient plus de cette possibilité. C’était ce qui se trouvait dans les accords Dublin.

Le taux de réussite des traversées est relativement important et stable, autour de 60-70 % de réussite. Les tarifs des passeurs, semble-t-il, sont un petit peu en baisse, il y a une offre implorante. Tout cela probablement, fait présager que ces traversées vont continuer et malgré l’importance des effectifs de gendarmerie, il n’est pas possible d’empêcher tous ces départs, qui en plus se font le plus souvent de façon simultanée. Les passeurs s’arrangent pour qu’il y ait dix, quinze, vingt bateaux qui partent en même temps, ce qui rend évidemment difficile la possibilité de les bloquer tous.»

Source : rfi.fr

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