Billet : Après tout, il faudra faire face à la réalité !

Un pays souverain et indépendant, c’est aussi un pays qui sait entretenir des relations avec les autres. L’indépendance, ça ne veut pas dire se fâcher avec tout le monde. C’est aussi et surtout se rapprocher de ses « ennemis » pour qu’ils deviennent des amis.

 

Les autorités de la transition II, ont décidé (souverainement et en toute indépendance) de couper les cordons ombilicaux avec la France néocolonialiste. Ce qui est une très bonne chose. Ce que nos pères de l’indépendance avaient commencé, elles, veulent le finir. C’est en cela que le discours du premier Ministre Choguel Kokalla Maiga à la tribune des Nations Unies, avait été salué par une grande partie des populations du Mali qui aspire à une indépendance totale et entière, affranchie de tout paternalisme international.

Si notre problème, c’est avec le néocolonialisme ; l’influence des grandes puissances européennes et occidentales, nous devons au contraire chercher à renforcer notre coopération avec nos voisins, frères et sœurs africains. Pour tout dire, notre problème, ce n’est pas la CEDEAO dont fait partie le Mali encore moins l’Union africaine et l’UEMOA. Pour changer un groupe, il faut être à l’intérieur et non en dehors de ce groupe pour pouvoir apporter les changements nécessaires.

Cela nous ramène à la question suivante : Est-il nécessaire d’aller au bras de fer avec la CEDEAO, l’UA, l’UEMOA ?

Les radicaux diront que le Mali doit quitter ces organisations. Ils incitent alors les autorités de la transition à entrer en guerre avec tout le monde (France, CEDEAO, UEMOA, UA) et qui sait-on encore au motif que le Mali peut compter sur la Russie, un pays européen entré en rébellion avec le reste de sa propre famille pour des questions d’intérêts géostratégiques et géopolitiques.

Hier la France, aujourd’hui la Russie. Cela signifie que le Mali reste dépendant des autres et notamment des grandes puissances extérieures. Aujourd’hui, dans sa lutte pour son indépendance, le Mali a fait appel à Wagner, un groupe paramilitaire russe qualifié de « mercenaires » non seulement pour assurer la sécurité des organes de la transition face aux éventuelles velléités françaises en occurrence mais aussi contre l’avancée des groupes terroristes sur le territoire malien. En clair, l’armée malienne à ce stade, seule, ne peut assurer l’intégrité territoriale et la sécurité des populations maliennes.

On peut comprendre les discours nationalistes et panafricanistes. Mais nos pères de l’indépendance n’ont pas jugé nécessaire de s’appuyer sur des puissances européennes ou occidentales pour décréter l’indépendance de leur pays. Pour le cas actuel, le Mali n’a fait que changer de partenaire stratégique sur le plan militaire (la Russie en lieu et place de la France) et de ce fait, ce n’est plus une lutte pour l’indépendance et la souveraineté mais une résistance pour se défaire des liens de la France. Ça fait deux !

Mais, se mettre à dos la communauté africaine notamment des organisations comme la CEDEAO, l’UA, l’UEMOA, c’est ouvrir le chemin vers un cul de sac.

Une lutte pour l’indépendance ne se mène pas sous la colère, l’orgueil, le populisme mais c’est un processus basé sur une stratégie durablement réfléchie et solidement accompagnée par tous les fils et filles du pays. Sans quoi, c’est une simple tempête qui va vite passer. L’autre question que l’on se pose, est celle-ci : Pendant combien de temps, le Mali tiendra face aux sanctions africaines et bientôt européennes ?  Un mois, deux mois, un an, deux ans… ? N’oublions pas que les partenaires africains du Mali sur le plan économique à ce jour, sont très limités. On peut citer la Mauritanie et la Guinée voisine. L’Algérie semble un peu réservée et n’est pas prête à soutenir une longue transition, objet de toute cette palabre.

Les Maliens ont beau se rassembler pour dénoncer, ça ne changera pas grand-chose. Les Etats ne fonctionnent pas sur les sentiments mais sur les intérêts et dans le domaine de la coopération internationale, un ami peut vite se transformer en ennemi en fonction des intérêts en jeu.

Alors, les Maliens feraient mieux de vite redescendre sur terre, mettre balle à terre, et ouvrir un dialogue pour une sortie de crise. Le dialogue, c’est l’arme des forts. Le Mali ne peut éternellement vivre isoler des autres. Le Mali a besoin des autres pour rester fort. Aucune lutte pour le pouvoir, ne peut et ne doit justifier de plonger le pays dans le chaos.

Youma

Source : Le Pouce

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