Age du mariage: le Parlement des enfants plaide pour un relèvement à 18 ans

Dans le cadre de la journée internationale de la fille célébrée chaque année le 11 octobre, le Parlement des enfants du Mali, en collaboration avec Save the Children, a animé un point de presse, hier jeudi, pour faire l’état de l’évolution du droit des filles. Au cours de cette rencontre, les membres de cette structure ont réitéré leur plaidoyer en faveur de l’augmentation de l’âge du mariage et du maintien des filles à l’école.

 

Les membres du Parlement des enfants, en présence des acteurs et d’autres organisations des enfants et jeunes du pays qui étaient les conférenciers, ont dressé un tableau du combat pour la promotion des droits des filles dans le pays.
Introduisant la rencontre, le président du Parlement des enfants, Nouhoum Chérif HAIDARA, a indiqué que la conférence était une occasion de faire entendre la voix des filles continuant d’être victimes de nombreuses discriminations à cause de leur sexe et/ou de leur origine. Ces discriminations se sont accentuées avec la pandémie du COVID-19, a souligné le jeune HAIDARA.
Outre la crise sanitaire, il a ajouté que les enfants, en général, sont victimes de conflits armés qui détruisent les infrastructures scolaires. Ces faits, indique-t-il, ont un impact sur leur vie sans compter les conséquences sanitaires, physiques et morales du mariage d’enfants sur les filles.
Pour sa part, Mariam KEITA, également l’un des membres du Parlement des enfants, a indiqué que depuis 2015, il y a un regain d’intérêt pour la question du mariage d’enfants et une volonté grandissante de mettre fin à ce phénomène aux niveaux international et national.
A cet effet, elle a rappelé que le Mali n’est pas resté en marge de ce mouvement, car le gouvernement a entamé un processus d’élaboration d’un projet de loi contre la violence fondée sur le genre, incluant la pénalisation du mariage des enfants et des MGF/E.
La même année, en 2015, le Mali a lancé une campagne nationale baptisée : « L’éducation pour les filles : un moyen d’éradiquer le mariage précoce des enfants » dans le cadre de la campagne de l’Union africaine visant à mettre fin au mariage d’enfants en Afrique, a-t-elle insisté.
Malgré ces efforts, les derniers chiffres, a-t-elle déploré, restent inquiétants dans le pays. Ils témoignent que le Mali a l’un des taux de mariage d’enfants les plus élevés dans le monde.
Ces constats sont appuyés aussi par les résultats de la 6e édition de l’Enquête démographique et de Santé du Mali (EDSM VI) réalisée en 2018. En référence aux données de cet EDSM VI, elle affirme qu’au Mali 18% des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans. 53% le sont avant l’âge de 18 ans. Et 15% des cas sont victimes de fistule, de prématurités et de décès maternels précoces.
Quant à Goundo Odette KEITA, elle estime que l’éducation reste l’un des moyens sûrs d’’autonomisation individuelle, économique et politique des filles. Car, explique-t-elle, la déscolarisation constitue à la fois un facteur de risque de mariage d’enfants et une conséquence courante.
« L’école peut offrir une protection cruciale aux filles durant les années où elles ont le plus de risque d’être mariées », est-elle convaincue.
Mais hélas ! Le taux de scolarisation des filles est encore en deçà des attentes. Et c’est au moins une fille sur dix qui termine ses études secondaires, s’est-elle lamentée.
Au regard de ces constats peu reluisants, le Parlement des enfants dans une déclaration lue lors du point de presse appelle les autorités nationales à : faire appliquer les lois existantes qui fixent l’âge du mariage et relever l’âge minimum légal du mariage à 18 ans pour les filles ; assurer la validation politique et l’adoption d’une stratégie nationale visant à mettre fin au mariage des enfants pour apporter une réponse plurisectorielle dans la lignée de la Campagne de l’UA ; accorder la priorité à l’éducation des filles, en rendant l’enseignement obligatoire et en permettant aux filles de rester scolarisées jusqu’à leurs 18 ans.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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