Prorogation du délai de la transition: Me Cheick Oumar KONARE propose de défier la CEDEAO

Sur le plateau du Renouveau-TV, l’analyste politique et l’avocat, Me Cheick Oumar KONARE, pense qu’un organe unique électoral peut éviter au Mali des crises post-électorales dans lesquelles nous nous trouvons. Selon lui, il faut défier la CEDEAO et proroger le délai de la transition pour la création de cet organe unique pour des élections crédibles dont les résultats seront salués à l’unanimité par la classe politique et la société civile.

 

« Si on donne une l’organisation de l’élection à l’administration, elle va l’exécuter selon le bon vouloir de leur chef. C’est ce qui fait que les élections législatives de 1997 n’ont pas marché. On se souvient que le fichier électoral était truffé des listes de toutes sortes de votants, même le nom des cadavres et des enfants y figurait. Malgré un nouveau ficher fait dans la précipitation un mois après, les résultats de ces élections à cette époque, une crise sans perdent a ébranlé notre pays », c’est avec ce mauvais souvenir que Me KONARE a pris la parole pour avertir les Maliens des conséquences d’une autre élection bâclée.
Selon lui, la précipitation dans laquelle les autorités sont en train de partir, pour ces élections, risque de nous faire revenir sur la crise électorale de 1997.
« Si on décide de respecter le délai des élections, qui marque aussi le délai de la transition, nous assisterons à une des élections bâclées avec leurs corollaires de cirses. Donc, c’est à nous Maliens de choisir, entre faire des élections crédibles, transparentes et incontestées, à l’issue des différents scrutins et respecter le délai de la CDEAO. Ne nous leurrons pas, ce délai de 18 mois est celui de la CDEAO. Dix mois se sont écoulés, il nous reste huit mois seulement », a-t-il insisté.
Pour le refus de certain partis politiques pour la création d’un organe unique, Me KONARE se demandons que cherchent les partis politiques. Il dit constater que ce sont les partis politiques de la majorité présidentielle qui contestent l’organe unique.
« La raison est simple. Eux, ils ont fait 7 ans au pouvoir et savent qu’ils ont les moyens pour gagner des élections, à cause de ce qu’ils ont eu à économiser durant ces derrière années. Ainsi, eux, ils veulent coûte que coûte que les élections se fassent le plus rapidement possible. Donc, l’organe unique n’arrange aucunement l’ancienne mouvance présidentielle. Car, sa mise en place peut prendre beaucoup de temps et certains d’entre eux peuvent même être dans le collimateur de la justice, pour corruption et autres affaires. A cela s’ajoute la méfiance d’autres qui soupçonnent la junte de prendre goût au pouvoir. Les raisons du rejet catégorique de cet organe s’expliquent par ces différentes raisons », a-t-il soutenu.
Par contre, l’autre mouvance, celle du M5-RFP, selon Me KONARE, eux, ils veulent une prorogation des dates des différentes élections, pour deux raisons. La première est qu’ils sont venus tout de suites au pouvoir et ne disposent pas de moyens d’être à la course. La deuxième raison se justifie par le fait que l’administration malienne est truffée des gars de l’ancien régime. « Il faut donc les remplacer pour changer carrément le système avant les échéances électorales. Des sous-préfets, des maires, des administrateurs au niveau même des machines électorales sont tous des gens de IBK. Mais, la société civile pense que le délai des élections ne peut pas être maintenu, puisqu’il faut éviter les causes des crises que notre pays a connues à l’issue des élections précédentes. Les élections présidentielles et législatives de 2018 et de 2020 en sont la parfaite illustration. Donc, nous ne devons pas aller à une élection dans les mêmes conditions. Donc, pour moi, si on veut aller loin dans le processus démocratique sans trébucher, ni même tomber, il faut nous arrêter et sceller toutes les bonnes conditions de notre marche. Sans cela, nous allons retourner à la case-départ, et un autre coup de d’Etat n’est pas évitable », a-t-il averti.
«Pour finir, je propose qu’on prenne tout notre temps, peu importe le temps que cela va prendre, pour créer un organe unique et crédible pour les prochaines élections. Cela est nécessaire, même s’il faut défier la CDEAO et en subir toutes les conséquences, pour un bout de temps. Mais, je crois que cette décision est mieux que de plonger notre pays dans l’abime dans laquelle il se trouve, depuis les élections législatives passées », a-t-il persisté.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : INFO-MATIN

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