Mandat de la Minusma: le chantage américain

Le Sahel, par-delà notre pays le Mali est, à n’en pas douter le terrain d’expérimentation de la future confrontation Est-Ouest, pardon Occident-Russie. La récente passe d’armes entre notre représentant permanent aux Nations unies l’ambassadeur, Issa Konfourou, et celui des États-Unis, Linda Thomas Greenfield, suite à l’adoption de la résolution renouvelant le mandat de la Minusma où les Russes et Chinois se sont abstenus pour la première fois depuis 2013 remet notre pays au cœur de la nouvelle guerre froide. Montée des périls ou des enchères ? Faut-il avoir peur ?

 

Faute ou peur de s’en prendre à la Russie accusée d’avoir déployée ses « mercenaires » au Mali et d’avoir « agressé » l’Ukraine, le pays de l’Oncle Sam veut mettre sous pression le ‘’faible’’ Mali, en proie à l’invasion terroriste depuis dix ans.

Sans faire le bilan de neuf an de présence controversée, le Conseil de sécurité a donné encore carte blanche à la Minusma de poursuivre sa mission considérée comme de la balade pour certains, encore pour un an dans notre pays pour enquêter sur des violations de droits de l’homme, pas commises par les terroristes, mais par les FAMa et Wagner.

C’est contre cette licence absolue et sans restriction que notre ambassadeur à l’ONU, au nom des plus hautes autorités, s’est érigé pour dire non : «le Mali n’est pas à mesure de garantir la liberté de mouvement pour des enquêtes de la MINUSMA sans l’accord préalable du Gouvernement. Par conséquent, le Mali n’entend pas exécuter ces dispositions, malgré leur adoption par le Conseil de sécurité».

Foulant aux pieds les principes de souveraineté mis en avant par notre pays, d’habitude clairvoyants, les États-Unis, à travers leur mission permanente auprès des Nations-Unies, notamment une Déclaration de l’Ambassadrice Linda Thomas-Greenfield suite au renouvellement du mandat MINUSMA, se disent profondément préoccupés par la déclaration de notre gouvernement souverain de refuser à la MINUSMA la liberté de mouvement nécessaire à l’accomplissement de son mandat.

Agir ainsi serait une violation flagrante de l’accord sur le statut des forces (SOFA) de la Minusma que le gouvernement de transition est tenu de respecter, dit la diplomate Linda Thomas Greenfield.

Et de menacer : « les États-Unis sont pleinement déterminés à assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix de l’ONU. Toute tentative des pays hôtes, du personnel de sécurité étranger ou d’autres acteurs de bloquer la liberté de mouvement des soldats de la paix peut sérieusement compromettre la sécurité de ces soldats et mettre en péril la mission elle-même ».

Comme à son habitude, hélas, la grande nation américaine à travers son ambassadrice a décidé encore de prendre quelques libertés avec la vérité, car le Mali n’a jamais refusé l’hospitalité et liberté de mouvement à la Minusma, mais le Mali souverain (les USA font parmi les premiers pays, après la RFA à reconnaître notre pays) a conditionné la liberté de mouvement de la Minusma à son accord préalable. Les États-Unis accepteraient-ils que des soldats qui n’ont aucun mandat de combattre le terrorisme et de protéger les populations se baladent sans restriction sur des théâtres d’opération à la recherche de cas de violation de droits de l’homme ?

Lisons entre les lignes sur cette question des droits de l’homme !

S’agit-elle d’une histoire de respect de droit de l’homme ? Que l’Amérique ne se fasse aucune illusion : elle ne trouvera pas sur cette terre des hommes aplatis, mais des patriotes prêts à mourir au front pour défendre la dignité et la souveraineté de leur pays, comme en Somalie, comme en Afghanistan… La responsabilité du pays hôte d’une mission de paix devrait-elle être de subir les caprices du Conseil de sécurité de l’ONU et la peur de sa Minusma ? Pourquoi les États-Unis ne disent pas que dans le Sofa, les soldats maliens sont tenus de protéger les soldats de la Minusma ?

Ainsi, pour les enquêtes concernant la violation des droits de l’homme,  les États-Unis menacent d’intervenir dans notre pays pour protéger les soldats de la paix mais pour lutter contre le territoire et protéger les populations maliennes fréquemment massacrées par les terroristes, ils font la mort, ils ne bougent pas, et n’évoquent le Chapitre VII.

Nulle part, la résolution adoptée le 29 juin ne fait référence expressément à la charge de la Minusma la protection des populations leur priorité qui depuis des années relève de la seule responsabilité du Mali de même que la lutte contre le terrorisme.

Et le premier droit de l’homme est la vie. Les USA, gendarmes du monde, devaient fournir suffisamment de moyens pour assurer ce droit aux Maliens (civils) qui sont tués par des groupes terroristes.

De janvier à mars, selon plusieurs rapports au moins 900 civils ont été assassinés. Un chiffre funeste record.

Le second paragraphe de la résolution dit textuellement que : «c’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité, la sécurité et la protection des civils sur l’ensemble du territoire ».

C’est quoi le deal finalement avec les Nations-Unies ?

Ils nous disent gaillardement qu’ils ne peuvent pas nous aider à combattre les terroristes et à protéger nos populations. Mais ils veulent nous voir accorder la liberté totale et sans entraves à des soldats déployés sans aucun mandat de combattre de se promener chez nous à la recherche d’éventuelles bavures et violations de droits de l’homme perpétrées par les FAMa et leurs alliés et sans que nous n’ayons notre mot à dire. Dans la lecture impérialiste des américains, notre pays serait-il devenu un territoire international sous tutelle où c’est le Conseil de sécurité qui délivre désormais des Visas et des avis de mouvement ?

PAR ABDOULAYE OUATTARA

Source : Info-Matin

Suivez-nous sur Facebook sur