LE RAPPEL ET L’APPEL : A LA MEMOIRE DE « LA FRANCE LIBRE »

La France, tant redevable à l’Afrique, trahirait-elle ses engagements envers ses peuples ?

Cette question, je l’avais posée dans un de mes écrits, réécrits, en réaction à l’entrée en jeu d’un racisme institutionnalisé, dans ce pays prétendument des droits de l’Homme.

La montée inquiétante, pour eux, de l’extrême droite, menaçant les libertés et les valeurs de la république, amena de bien médiocres héritiers de l’aristocratie politique française à flirter avec une thématique fort hasardeuse. Dans l’espoir de rattraper et remobiliser des électeurs déçus, désinformés, ils vont concéder à l’hystérie phobique de l’immigration et alimenter le débat démagogique sur « la nation et l’identité nationale ». C’est bien à partir de ce faux pas préjudiciable du nabot que commence le malheur et le déclin corrosif de la France condamnée, que davantage précipitera l’avènement de nouveaux brumairiens du désamour fatal.

On est en droit d’évoquer et de revenir sur cette hérésie, au moment où l’exécutif français innove par le sarcasme dans la trivialité diplomatique, en se permettant de graves écarts de langage à l’endroit des autorités maliennes de la transition politique.

Je dois dire au passage, que je n’ai jamais approuvé, et me suis même offusqué, des sorties désobligeantes à l’endroit du président Emmanuel Macron, ayant trait à son jeune âge et à sa vie privée, dont d’ignobles caricatures et gauloiseries à propos du couple conjugal. Madame Macron, à qui je rends hommage, et lui-même, eu égard à ses hautes fonctions, comme il en est de même pour nos dignitaires, méritent tous le respect dans notre culture africaine, malienne, civilisée. Malheureusement, la liberté de ton que lui et deux de ses ministres se sont donné à invectiver le Premier ministre Maïga, et à clasher son gouvernement, maladresse inouïe de condescendance, relevée par le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, plus élégant, ouvre une brèche dans cette retenue de civilité et de bonnes manières entre responsables à ce niveau.

Je voudrais, en la circonstance, exprimer mon sentiment doublé de mon ressentiment devant l’ingratitude et l’insolence manifestées par les dirigeants actuels de la France et certains zigotos de la politique qui, si ce n’est des ignorants mal embouchés, prouvent combien ils ont la mémoire courte, s’ils en avaient. Des rigolos. Leur chauvinisme mercantile, rampant, trahit un esprit petit, lorsqu’ils pensent et osent infliger aux Africains, aux Maliens en particulier, toutes sortes de traitements humiliants, dégradants, traumatisants ; une vilénie sans nom, une bassesse insondable.

C’est le lieu de rappeler, au-delà de l’aventure barbare de la colonisation et ses massacres, que toute l’Afrique jusqu’à Madagascar était appelée au secours, pendant la guerre de 1914-1918, pour sauver l’honneur de la France. Les collabos de l’occupant nazi de 1940-1945, leurs rejetons et argentiers, poujadistes au nationalisme de camembert, témoignent de leur lâcheté à rejeter et maltraiter les descendants des Nègres appelés sous le drapeau tricolore, au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité ; les troupes de la “Force Noire”, sans lesquelles, a-t-on juré, « rien n’eut été possible ». Belle épitaphe !

Entendons-nous bien, la gratitude des forces patriotiques françaises reconnaissantes pour l’action salvatrice des Africains, que préfèrent ignorer les esprits malveillants d’aujourd’hui, ne soldent nullement la dette de sang des tirailleurs et ayant-droit, ni hier ni aujourd’hui. Utilisés comme chair à canon, colonnes béliers à l’attaque de l’ennemi, ils ont été livrés à la barbarie et la boucherie de part et d’autre, entre les plombs et les gaz. Pire, qui l’eut cru, ils ont été victimes même de l’écumeur qu’ils venaient de libérer. L’immonde débiteur les démobilisa en catimini ; refusa de payer leurs soldes ; assassina des milliers d’entre eux, sans témoin ; noya autant en mer, au retour ; et, finit par mitrailler les survivants à Thiaroye. Quel exploit d’indignité ! Après tant de forfaits, les misérables attendront que l’effectif de ces libérateurs et créanciers passe de dizaines de milliers à moins d’une centaine, pour faire semblant de réajuster leurs pensions de retraite, injustement plafonnées. Satanique !

Combien d’entre eux, malgré tous les documents fournis, preuves à l’appui, les témoignages de leurs frères d’arme français, sont morts dans le dénuement total sans toucher le moindre pécule ? J’en ai connu personnellement. Le peuple français sans doute n’est pas comptable de ces ingratitudes, mais, il doit s’informer et réparer, pour ne pas en être tenu complice, car l’histoire des hommes ne laisse jamais de dette impayée ; croyez-moi, le Seigneur veille à tout solder.

La contribution de l’Afrique, de mon pays, le Soudan, à l’intégrité de la France n’a pas été que militaire. Elle a été, plus encore, économique et stratégique. Pour preuve :

Pendant l’occupation nazie en France, c’est l’effort de guerre des colonies qui a profité au Général De Gaulle dans sa campagne de « la France libre », dont le fameux discours de Brazzaville (la capitale) fut un témoignage éloquent. L’Afrique a donné à la France en guerre de quoi se nourrir, se vêtir, se chauffer et de quoi soutenir les opérations militaires qui lui ont redonné l’espoir et la liberté. C’est ici, au Mali, précisément à Kayes, que l’or de la banque de France fut acheminé et mis en sécurité. Le rempart du Soudan, pays des braves hommes, les Soudanais, reconnus intègres, était la place forte de tous les tirailleurs africains, dont la langue officielle était le bambara, parlé jusqu’à Madagascar : un aveu cinglant. Qu’avons-nous pas fait pour cette France, patrie des mêmes rats et ingrats dits décomplexés, au seuil de l’effronterie ?

De minables politiciens et autres malotrus écervelés pensent que cette contribution de l’Afrique n’est autre qu’un acquis colonial, un droit du maître à se servir, sans aucune contrepartie ni obligation de reconnaissance. Lamentable.

Repus de notre sang et du travail d’une immigration encouragée, profitée, exploitée, le cerbère de Marianne se permet à présent de traiter nos parents comme de la « racaille », tenté par des lois xénophobes et des discriminations qui consacrent la perte des valeurs dont le peuple français se réclame et se glorifie. La terre d’asile d’hier a fermé ses portes, depuis que des gredins éhontés y sont parvenus, récitant à tout bout de champ qu’ils doivent tout à la France, mais chassant, bébêtes, ceux à qui la France doit tout. Leur vision coupable des choses conduit aujourd’hui à des fautes politiques graves qui se solderont par la Bérézina.

Je parle ici pour les jeunes générations qui doivent savoir et être à leur tour sans complexe, car l’exploiteur sans foi… amnésique, ingrat dans ses gènes, nous doit toujours.

Je reviens aux termes de mon article de presse, en date du 04 juillet 2012, publié dans un journal de la place, intitulé : « La France est notre Mal : Lettre du Mali au peuple français et à monsieur le président de la république française », paru juste après l’élection de François Hollande.

Je dis ceci : « la France a été, est et demeure encore notre grand mal, …elle qui voile l’odieux crime de la colonisation, qu’elle est curieusement la seule nation avancée à maintenir, poursuivre et perpétuer de nos jours, en violation des termes de la fameuse Déclaration de ses révolutionnaires de 1789 et au mépris de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de l’ONU… Instigatrice de la révolte dans l’Adrar, à l’aube de l’Indépendance du Mali, nous gérons encore les déchirures et les suites douloureuses de cette tragédie nationale… qu’elle tente encore d’instrumentaliser.

C’est elle qui a fait de notre territoire un arrière-pays coupé de la mer, à dessein, mis en étau de pression entre ses colonies dociles du Sénégal et de Côte d’Ivoire, artificiellement soutenues et dopées afin de déprimer l’âme insoumise des Maliens, … vainement.

Elle est bien à l’origine du coup d’État militaire du 19 novembre 1968… après une dépréciation collusive du franc malien, orchestrée par des traîtres. Elle nous a porté le coup d’une double dévaluation de retour au CFA (pure arnaque), pour finir par la dévaluation crapuleuse du CFA, lui-même, en duperie de la garantie promise… Un vol consommé.

Elle a pillé nos ressources, et cela continue, spolié nos richesses, jouissant du sang versé et de la bravoure de nos jeunes engagés comme “tirailleurs”, puis de la force de travail des travailleurs immigrés, pour ensuite faire la chasse à nos ressortissants « des tranchées de Verdun à l’église St Bernard » (lire l’imparable source documentée du Pr Bakary Kamian) ; certains, brûlés dans des incendies criminels, tués par bavure policière, expulsés par charter, refoulés, noyés à volonté, abusés ou maltraités comme des bêtes… Et, voilà que ces imbéciles, à travers leurs crimes odieux, se prennent pour supérieurs. Quelle lâche monstruosité !

La France a déstabilisé tous nos États, les uns après les autres, organisant, et ce n’est plus un secret, des guerres (au Biafra), des génocides (au Rwanda), des massacres (à Madagascar), et des assassinats de centaines de figures politiques, de vrais leaders, des nationalistes africains, mais aussi des scientifiques, des chercheurs, des savants, du nord au sud du continent et dans les îles… Vous pensez que nous avons peur d’en parler ?

Elle nous impose sa langue pour sa suprématie, en connivence avec des gouvernants peu courageux, serviles, et des chiens dociles- idiots de service, bourrés de complexes, suffisamment bornés pour dénigrer nos langues et écritures, et défendre le statu quo, l’ordre francophone.

Elle manipule tout le monde pour ses desseins inavoués, ses intérêts sournois, dans le Mali nord, instrumentalisant des soi-disant “rebelles” ; se servant de mercenaires de tout acabit pour semer la confusion d’un islamisme boiteux ; actionnant les pouvoirs africains ligotés ; appelant l’intervention de forces étrangères ; se cachant derrière des décisions d’instances (CEDEAO, UA, ONU), où elle tire les ficelles avec le désormais “grand parrain international”, en quête du partage des dividendes de nos gisements de pétrole, d’uranium, de silice, et de bases stratégiques… et surtout (chut !) du jackpot algérien.

Elle pense briser la résistance des patriotes maliens dans ce jeu d’usure, de maintien dans le phénol, avec l’aide de ses sous-fifres placés aux commandes, ici et là, à des leviers stratégiques, des traîtres camouflés, pour mieux nous trahir au moment voulu.

Elle reste comptable de l’assassinat de Kadhafi », du malheur actuel du peuple libyen, jadis enviés par tous, et du grand désordre dans le Sahel.

Plein d’enseignements, je m’en vais rappeler d’autres passages édifiants du même article. « … La force étrangère qui est projetée ne vient pas se battre, mais semer le trouble et la zizanie, planifier des attentats avec des motifs démentiels à imputer à des islamistes idiots, pour maintenir des équipes vomies par le peuple, malheureusement soutenues par vos appareils et les obligés de votre système, ces élus frauduleux, entre achetables et vendus.

… Continuer à promouvoir des chefs corrompus, des apprentis roublards et des nuls à la tête de nos États finira bien par avoir raison des intérêts de la France, car le monde ne saurait rester sous ce rapport, évidemment ! Ce n’est pas par l’assassinat de nous autres patriotes, résistants, que sera préservée l’offense à l’histoire, à la raison, à la dignité humaine… Pourquoi vouloir mettre et maintenir de vos lieutenants, majordomes et jockeys et leurs descendances à la tête de nos pays ?

La moralisation que vous ambitionnez (président Hollande) pour votre pays est une forte attente également des peuples africains, et surtout des Maliens qui ont subi les affres d’un démantèlement de l’État par des cliques de pillards sans scrupules, qui se sont donnés à cœur joie au sac de la république et de ses ressources… Basta !

L’Afrique a toujours donné au monde, pour ne recevoir en retour que peines et souffrances. Elle a donné à l’Amérique, à l’Orient et surtout à l’Europe, corps et âmes, et continue malgré tout de suer son sang… ». Hum.

Au moment où vous commencez à démultiplier les actions subversives de représailles contre les populations maliennes, victimes, avec des tentatives de renversement du pouvoir, même au prix d’une guerre civile, la poussée Covid ou autre virus en embuscade, préparant la « somalisation » programmée du pays, comme vous l’avez fait savoir, intensifiant les actions de maquis de vos mercenaires surarmés dans toutes nos régions, fermant les robinets et entamant un blocus avec vos laquais d’ici et d’à côté, je vous préviens que c’est vous qui regretterez la suite de tant d’inconséquence et de mauvaise lecture de la situation.

La liberté, la dignité, vaut pour tous les peuples, et l’humanité entière. Retenez donc que c’est la solidarité qui a fait que le monde a eu raison des forces d’anéantissement des groupes nazis et fascistes qui s’étaient emparés de la machine d’État pour leurs crimes. La France aurait pu être mieux servi, si…

Qui vivra, racontera.

Masakuru. 

Accroche

L’ancien ministre de la Refondation de l’État, Mohamed Salikènè Coulibaly, piqué au vif, ouvre dans ce brûlot les bans de la remontrance adressée à la mémoire du peuple français, suite à la polémique enclenchée à Paris par le président Macron et certains de ses ministres, au sujet du discours tenu par le Premier ministre du Gouvernement de la Transition, M. Choguel Kokala Maïga, devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 25 septembre 2021.

« Au moment où vous commencez à démultiplier les actions subversives de représailles contre les populations maliennes, victimes… je vous préviens… »

Source: LE PAYS

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