C’était le vendredi 28 mai à Koulouba que le Colonel Assimi Goïta eu, une rencontre d’information avec la classe politique, le réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE) et la Société civile. L’un des objectifs phares de cette rencontre consistait à faire une annonce officielle, notamment la décision d’offrir le fauteuil de la primature au mouvement M5-RFP.

Pour la circonstance, plus d’une centaine de présidents de partis, de regroupements politiques ou leurs représentants ont effectué le déplacement à Koulouba. Autrefois écarté du processus de la transition en cours au Mali, le Mouvement du 5 juin  gagne pour la première fois le terrain politique. En effet dans son intervention, M. Goïta a déclaré « Nous demandons (…) que le poste de Premier ministre revienne au M5-RFP ». Il poursuit en affirmant sa volonté de voir le M5-RFP proposer le nom du futur Premier ministre, issu de ses rangs.

« Dans les jours à venir, le Premier ministre qui sera nommé aura pour mission de mener une large consultation entre les différents groupements (…) en vue de mettre en place un gouvernement de consensus et d’inclusivité », a-t-il ajouté

Pour le Colonel Goïta : « Nous n’avons pas d’autres choix. Soit nous acceptons de travailler ensemble… nous acceptons de se donner la main pour sauver notre pays. Ou on se fait des guerres clandestines et nous allons tous échouer… Ce n’est pas une question d’individus, du vice-président de la Transition, de partis politiques ou de la société civile. Aujourd’hui, nous avons besoin de cette coalition. Soit on se réunit ensemble pour sauver notre pays, en oubliant ce qui s’est passé ; ou on se fait des guerres clandestines et nous allons tous échouer. »

Le bras tendu enfin accepté

Au cours d’un point de presse organisé dans la même journée, les membres du Comité Stratégique du M5-RFP ont informé les hommes de médias sur le choix de la personne indiqué au poste du Premier ministre, conformément à la demande du nouveau président de Transition, le colonel Assimi Goïta, ainsi désigné par la Cour Constitutionnelle. « Je le dis de façon officielle, le nom donné (pour le poste de Premier ministre) est celui de Choguel Maïga », a déclaré Jeamille Bittar, porte-parole du mouvement M5-RFP.

La voix des grands absents ne l’approuve pas

L’absence au point de presse du vendredi 28 mai 2021, des ténors  Mme Sy Kadiatou Sow, Mountaga Tall, Mohamed Aly Bathily et Cheick Oumar Sissoko n’a pas manqué de frapper l’attention du public. Surtout les deux premiers qui ne manquaient jamais les rendez-vous,  ont cette fois-ci choisis de s’écarter pour montrer de manière la plus discrète qu’ils n’approuvent pas le choix de Choguel à la tête du nouveau gouvernement en vue. D’ailleurs on se rappelle, à la veille du coup de force lorsque  que le colonel Goïta a demandé au M5 de fournir un nom pour le poste du Premier ministre, des mésententes ont été déclenchées  au sein dudit mouvement. En plus de Choguel, chacune des personnalités voulait à tout prix occuper le fauteuil octroyé. Au regard de ce qui précède, disons tout clairement que  l’homme désigné ne fait pas l’unanimité auprès de ces ténors postés à l’affût. Alors une question fondamentale se pose, d’ici la fin de la transition que restera-t-il du M5-RFP qui se fait déplumer de jour en jour au nom des intérêts personnels?

Une Assemblée Générale pour le grand rendez-vous du 04 juin 2021

C’était dans l’après-midi hier que les militants du M5-RFP ont tenu une Assemblée générale au motif de mobiliser le peuple pour faire le bilan des activités menés pendant une année. Deux intérêts majeurs ont marqué cette rencontre. Primo, le retour de Mountaga Tall après s’être absenté lors de l’évènement crucial qui a permis d’annoncer le nom de Choguel en tant que Premier ministre. Bien que présent, M. Tall, contrairement à ses habitudes n’a pas pris la parole. Disons que ce ténor donne son approbation timide pour la désignation de Choguel au poste du Premier ministre.

Secundo, avec la mobilisation en vue, M. Choguel entend faire une démonstration de force afin de marquer sa légitimité aux yeux des colonels au pouvoir. Toute chose qui lui permettra de tenir tête face à Assimi Goïta en cas de mésentente entre les deux parties. Disons qu’avec Choguel Maïga, c’est une véritable mise en garde qui s’opère en vue de mieux préparer le terrain et de travailler sans aucune pression. Pour ce faire, l’homme ne compte que sur la masse qu’il compte mobiliser le vendredi 04 juin 2021.

Reste à savoir, Choguel saurait-il réussir là ou Moctar Ouane a échoué ?

Oumar ONGOIBA

Source: LE SOIR DE BAMAKO