Sans Tabou: Dinangourou, le blocus de la honte

Depuis plus d’un mois, la population de Dinangourou dans le cercle de Koro vit sous un blocus imposé par des groupes armés terroristes. Personne n’entre dans le village ni n’en sort. Comme conséquence, les habitants font face à une réelle précarité, car elles sont à court de nourriture et l’accès aux services sociaux de base est difficile. Face à cette situation humanitaire désastreuse, les autorités de la transition sont interpellées à agir vite pour éviter le pire.

Dans une lettre d’information adressée au commandant de zone, le Président de l’Association des jeunes ABIRE GORO de Domno, Djougal GORO, décrit la situation que vivent les populations de Dinangourou depuis plus d’un mois maintenant. Il interpelle le commandant de zone en ces termes : ‘’nous sommes dans le regret de porter à votre connaissance que depuis le 02 mai 2021 Dinangourou, chef-lieu de la commune de Dinangourou, cercle de Koro/région de Bandiagara est mis sous embargo par les groupes armés terroristes. Aucun accès n’est possible depuis cette date. Rien ne sort, rien ne rentre. Les réserves en denrée alimentaire s’épuisent, l’accès aux services sociaux de base devient de plus en plus difficile et la famine s’installe vigoureusement. Les habitants se trouvent aujourd’hui dans une précarité qui s’accroît tous les jours. Par cette présente, nous vous saisissons officiellement pour venir au secours de ces populations en détresse depuis bientôt un mois’’.
Le président de l’Association des jeunes ABIRE GORO de Domno a sollicité de la part du commandant de zone une réponse idoine à la sollicitation de ces populations meurtries qui se présente comme suit : la levée du blocus exercé sur Dinangourou ; l’apport d’une assistance humanitaire ; l’accès aux services sociaux de base.
‘’Monsieur le Commandant de zone, faites en sorte que le pire n’arrive pas à ces femmes et enfants en attente d’action salvatrice’’, a imploré Djougal GORO.
Ce cri de cœur ne doit laisser personne indifférent. Les autorités et les partenaires du Mali dans le domaine de la lutte contre le terrorisme sont interpellées à agir vite avant que le pire ne se produise.
Ce n’est pas la première fois que les terroristes imposent l’embargo sur une partie de notre territoire. Dans plusieurs localités du Centre, les populations sont ‘’prises en tenailles’’ par les forces obscurantistes qui dictent leurs lois aux populations impuissantes privées des services sociaux de base.
Cette interpellation s’adresse en premier lieu aux autorités de la Transition. Elles doivent tout mettre en œuvre, dans les brefs délais, pour que ce blocus prenne fin. La sécurité des personnes et de leurs biens doit impérativement être une réalité dans les parties du pays où les groupes terroristes règnent en maîtres absolus.
Cet embargo sur le village de Dinangourou nous rappelle celui imposé à Farabougou pendant des mois. Il a fallu la mobilisation des autorités politiques, militaires, des chefs coutumiers et religieux pour trouver un accord avec les occupants.
Aujourd’hui, le village de Dinangourou doit bénéficier de ce même élan de solidarité pour éviter aux populations un drame humanitaire.
Les nouvelles autorités doivent prouver que leur engagement à lutter contre l’insécurité n’est pas un vain mot. Que ça soit à travers une intervention militaire ou un dialogue avec les occupants, les autorités et toutes les personnes de bonne volonté doivent se mobiliser pour venir en aide à ces populations. Ce cri de cœur ne doit pas tomber dans une oreille d’un sourd. La situation mérite une réaction rapide et efficace. Une quelconque tergiversation face à cette situation risque d’être fatale pour les populations tant la situation humanitaire est au bord de la catastrophe.

PAR MODIBO KONÉ

Source: Info-Matin

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