Les djihadistes enrayent le développement au Mali

Le 17 juillet dernier, cinq travailleurs étrangers, 3 chinois et 2 mauritaniens, des sociétés ATTM et COVEC ont été enlevés sur un chantier près de Madina Kagora dans le sud-ouest du Mali. Sur place, les bandits ont brûlé de nombreux engins de travaux. Par ce type d’action, ils tentent de maintenir l’isolement des villages, enrayant le développement d’infrastructures routières lancées au titre du désenclavement régional.

 

Si cet acte n’est, pour l’heure, pas encore revendiqué, il porte sans aucun doute le sceau de la Katiba Macina qui sévit au centre du pays. Après avoir mis des dizaines de villages sous embargo dans ce secteur, privant notamment la population du droit de se déplacer pour cultiver ses récoltes, les djihadistes s’attaquent à présent au développement d’infrastructures. La stratégie de ces criminels semble claire : afin de mieux les contrôler, priver les populations éloignées de possibilité de déplacement et donc d’amélioration des conditions de vie. Il est, en effet, plus facile de maintenir sous sa domination des personnes affaiblis et dans le besoin.

Car sans route, pas d’échanges aisés, pas d’accès aux marchés voisins, aux services de santé, d’éducation ou de l’état. Saboter les constructions de route, c’est maintenir les habitants des régions dans leur pauvreté et les priver de l’espoir d’améliorer leur situation. Cela est d’autant plus vrai en pleine saison des pluies, saison au cours de laquelle il est presque impossible de rejoindre certaines zones du centre du pays sans routes bitumées, accentuant de facto l’enclavement.

En réduisant les moyens d’accès aux zones qu’ils contrôlent, ces bandits s’assurent également un avantage en limitant la présence et la capacité d’interventions des forces de sécurité. Enfin, lors de l’attaque, en plus de détruire l’ensemble des engins de chantier présents, les terroristes ont enlevés cinq étrangers, trois chinois et deux mauritaniens, travaillant comme spécialistes sur la construction de cette route. Ces pratiques mafieuses et inhumaines finissent de décourager ceux qui veulent s’investir aux côtés des maliens.

A Madina Kagora, les fidèles d’Amadou Kouffa ont une nouvelle fois montré l’étendue de leur brutalité aveugle en agissant encore sans vergogne contre la population en la privant de contact facile avec le reste du pays et d’accès aux services essentiels. En s’attaquant à un chantier utile et attendu, les djihadistes prouvent encore une fois leur mépris profond pour la vie quotidienne des maliens.

Idrissa Khalou

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