Gao : La course au mouton de Tabaski a commencé

Gao, 12 juil (AMAP) A l’approche de la fête de Tabaski, le premier souci d’un musulman, riche ou pauvre, est le mouton qu’il doit sacrifier. A Gao, il faut débourser, cette année, entre 75.000 et 150.000 Fcfa, selon le constat de la Direction régionale des productions et des industries animales.

L’équipe régionale de l’AMAP de Gao (Nord) a fait le tour de différents points de vente d’animaux pour constater le prix d’achat de la bête pour constater a son tour que beaucoup de business se font autour de la vente du bétail.

Moussa Diadié est un «coxeur» (intermédiaire) pour les camions transport du bétail à Gao. Depuis quatre ans, il exerce ce métier. « Avant la crise de 2012, nous négocions les camions de transport du bétail à destination de Bamako pour 650.000 à 800.000 Fcfa », a dit le «coxeur» Diadié. «Mais, aujourd’hui, ce prix a grimpé à 1.200.000 Fcfa pour la même quantité de marchandise et la même distance. Ce coût ne comporte pas les frais de poste de contrôle, du surveillant du bétail (le berger), du foin, du chargeur, de la taxe du parc de chargement, de vaccination qui sont à la charge du propriétaire du bétail.

Le chargement de tous les bétails (bovins, ovins et caprins et les chevaux) se fait dans un parc, au rondpoint de Diédara, au 8ème quartier de Gao. « Et, le plus souvent, le chargement d’un seul camion gros porteur en bétail peut appartenir à trois ou quatre commerçants », nous a fait savoir le «coxeur» Diadié.

Alhabas Ag Mohamed est un vendeur du bétail originaire de Ménaka (Nord-Est). Nous l’avons trouvé à Diédara, assis, tranquillement, sur une natte. En face du camion dans lequel on embarque les bêtes, en direction de Bamako, pour la fête de Tabaski. « Depuis ma petite enfance, je fais ce commerce dont j’ai hérité de mon père. Cette année, j’ai acheté des moutons à Ménaka très chers. J’ai déboursé 80.000 Fcfa pour chaque bélier. Pour ma part, sur le total de 170 bêtes, j’ai 93 têtes que je veux revendre sur le marché de Bamako. En somme, j’ai dépensé 33.000 Fcfa pour la vaccination, 25.000 Fcfa pour l’achat de la paille installée dans les camions, 75.000 Fcfa pour l’accompagnateur des moutons dans le camion. Auquel s’ajoutent 5.000 Fcfa pour le parc d’embarcation et 5.000 Fcfa pour le chargeur ».

« Le transport de mes 93 béliers sur Bamako me revient à 1.200.000 Fcfa et les taxes des postes de contrôle, du départ à l’arrivée, coûteront 135.000 Fcfa. Au total, 1.335.000 Fcfa sont à la charge des propriétaires des 170 têtes qui appartiennent à trois revendeurs. Chacun de nous paiera une somme au prorata du nombre de ses bêtes », a expliqué Alhabas.

« A Bamako, je compte céder mes béliers entre 95.000 et 120.000 Fcfa par tête », a dit Alhabas Ag Mohamed.

Chaïbou Touré est, aussi, revendeur de bétail et a 40 béliers sur les 170 bêtes chargées dans le gros porteur, en direction de la capitale malienne. « Depuis 16 ans, j’exerce ce commerce du bétail. Cette année, il y a beaucoup de bétail mais ça coûte très cher et je ne sais pas la raison », dit-il. Selon lui, le prix d’achat de ses béliers varie entre 75.000 Fcfa et 120.000 Fcfa sur le marché de bétail de Wabaari, Commune rurale de Gounzourèye, dans le cercle de Gao (Nord). Il compte les revendre à 150 000 Fcfa sur le marché de bétails, à Bamako.

L’année dernière, à la même période le prix du mouton sur le marché de Gao variait entre 50.000 Fcfa à 100.000 Fcfa. Mais cette année, ce prix a grimpé de 75.000 à 150.000 Fcfa, a fait constater Aboubacar Habba Maiga, directeur régional des productions et des industries animales de Gao.

Amadou Diallo est un berger qui se prépare à accompagner le bétail sur Bamako. Selon lui, avant la crise de 2012, il convoyait 200 à 250 têtes du bétail de Gao à Konna, à pied, pendant 18 jours, à raison de 50.000 Fcfa. Mais, aujourd’hui, à cause de la crise qui prévaut au Mali, certains commerçants de bétail ne viennent plus. «Il y a trois semaines, nous avons chargé du bétail dans cinq camions, dans ce même parc, à destination de Bamako. Mais ce bétail a été déchargé par des bandits armés dans la zone de Douentza. Et leurs propriétaires sont partis en faillite et cette situation décourage certains commerçants de bétail», nous confie l’accompagnateur du bétail.

Mohamed Alassane est le gérant du parc. Depuis quarante ans que le parc de Diédara existe, les vaches, les chevaux, les moutons sont chargés dans des véhicules ici, à raison de 5.000 Fcfa pour les moutons, 6.000 Fcfa pour les chevaux et 7.500 Fcfa pour les bœufs.

Abdouramane Touré, est un boutiquier dans la Commune de Bamba que notre équipe a approché. A l’approche de chaque fête de Tabaski, il achète des moutons au marché de Gombo, un village de l’arrondissement de Bamba, qu’il revend à Gao, derrière la gendarmerie au centre-ville. «Généralement, mes clients sont les revendeurs de moutons de Bamako. Cette année, j’ai fait venir soixante un béliers de Bamba dont certains m’ont coûté 60.000 Fcfa par tête et d’autres 90.000 Fcfa. Les frais de transport de chaque mouton reviennent à 2.500 Fcfa », dit-il.

Il a perdu onze moutons en cours de route « à cause de la chaleur et la distance ». « Le marché est lent, mais j’ai pu écouler certains à 100.000 Fcfa et d’autres à 110.000 Fcfa. Actuellement, il me reste une dizaine. Mais le business des moutons demande beaucoup de dépenses. Cette année, le marché est bien fourni en bétail. Mais à cause de l’insécurité sur l’axe Gao-Sévaré-Bamako, les clients potentiels ne viennent plus sur le marché de Gao», a expliqué ce vendeur occasionnel de béliers.

Amadou Daou, agent du gouvernorat de Gao, soutient que cette année, le prix du mouton de Tabaski a grimpé. Parce que, selon lui, la qualité du mouton qu’il a l’habitude d’acheter à 75.000 Fcfa, cette année, pour la même bête, il a déboursé 110.000 Fcfa. Pour lui, cette année, la cherté du mouton de Tabaski est due à la découverte de l’or dans la Région de Gao.

Sékou Konta est le directeur régional des services vétérinaires de Gao qui délivrent le certificat sanitaire des animaux aux vendeurs de moutons qui traversent Gao pour Bamako ou d’autres pays. Ce document indique que l’animal ne présente aucune maladie contagieuse, à travers sa consommation. « Dans la Région de Gao, certains animaux atteints du charbon ont été enterrés dans la nature. Lorsque des animaux broutent l’herbe qui pousse dans ces localités, ils sont directement atteints par cette maladie », explique le technicien.

Le certificat sanitaire est octroyé, sans frais, à partir de 30 têtes d’animaux. Pour le moment, 12 certificats ont été délivrés. « Les intéressés font la demande de façon volontaire », a expliqué M. Konta.

Selon les chiffres fournis par le directeur régional des productions et des industries animales de Gao, Aboubacar Habba Maiga, suivant le taux de croît de 2021, la Région de Gao compte 821.915 bovins, 2.497.990 ovins, 2.754.089 caprins, 103.793 camelins.

AT/MD (AMAP)

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