Sans Tabou: gestion de la transition, l’opposition se fait hara-kiri

Pour la gestion de la Transition, l’opinion publique nationale se trouve polarisée entre, d’une part, les partisans d’une prolongation de la Transition, majoritairement les organisations de la société civile, et de l’autre, les opposants au régime qui s’inscrivent dans une posture qu’ils jugent eux-mêmes républicaine et démocratique, exigeant le respect du délai initial pour la fin de la Transition.

Mais pour bon nombre d’observateurs, il est illusoire aujourd’hui de croire que le Mali peut organiser les élections dans le calendrier fixé par la communauté internationale. Ainsi, en persistant dans cette direction, l’opposition malienne regroupée au sein du Cadre d’échanges des partis politiques pour une transition réussie court ainsi 5 risques.

Pour manifester leur opposition aux Assises nationales de la refondation, à l’initiative des autorités de la Transition, le directoire de la Plateforme des partis politiques pour une transition réussie, composée d’une soixantaine de partis politiques, a organisé un grand meeting, ce samedi 6 novembre 2021, au Palais de la Culture de Bamako.
Pointant du doigt le manque de volonté du Gouvernement de Choguel Kokalla MAÏGA de « respecter le délai de la transition», le Cadre d’échanges des partis et regroupements des partis politiques pour une transition réussie au Mali constate que c’est l’insécurité recrudescente, les arrestations arbitraires et la vie chère qui font le quotidien des Maliens.
Certes, nous concédons avec ‘’nos amis’’ de la Plateforme des partis politiques que les points ci-dessus cités sont des revendications légitimes et des réalités du moment.
De ce fait, l’opposition est dans son rôle en montant sur ses grands chevaux pour dénoncer cette situation, mais le contexte et le timing posent un problème de compréhension au niveau de l’opinion nationale.
Premièrement, en s’opposant à la prolongation de la Transition, l’Opposition rame à contre-courant de la grande majorité de l’opinion nationale qui a donné de la voix, ces derniers temps, en faveur d’un soutien aux autorités de la Transition et d’une prorogation du délai de la Transition.
Deuxièmement, en exigeant l’organisation des élections dans ce contexte actuel, l’Opposition est en déphasage avec les réalités du terrain, caractérisées par la recrudescence et l’expansion de l’insécurité sur l’ensemble du territoire. Ensuite, certaines questions essentielles ne sont pas encore tranchées, notamment le choix de l’organe qui doit organiser les élections, la révision des listes électorales. En outre, les réformes électorales jugées essentielles pour l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives restent des questions à débattre, notamment lors des Assises nationales de la Transition.
Troisièmement, en persistant dans cette voie, l’Opposition risque de mettre l’opinion nationale sur le dos et cela risque d’être fatale pour ces partis lords des prochaines élections, en prenant le risque de s’exposer à des « votes-sanctions ».
Le quatrième risque, et pas le moindre que courent ces partis, c’est le fait de s’opposer à la volonté du leader religieux le plus écouté du pays. En effet, le Cherif de Nioro, M’Bouillé HAIDARA, s’est adressé à ses fidèles à la veille du Sommet extraordinaire des Chefs d’État de la CEDEAO du dimanche dernier. Dans son message, il a invité les Maliens à rejeter les propositions de la CEDEAO de tenir les élections en février 2022.
Enfin, le cinquième et dernier risque que prennent les partis en se dressant contre la transition, c’est de donner l’image d’une classe politique qui combine avec les ennemis du pays contre les autorités du pays.
«Il faut que les partis politiques comprennent qu’en période de transition, il n’y a pas de majorité ni d’opposition. Il faut réunir l’ensemble des intelligences dans un même panier pour sortir le pays de l’impasse. Il ne peut pas y avoir un quelconque bras de fer aujourd’hui, parce que nous sommes gérés par une transition militaire», a-t-critiqué un observateur avisé de la scène politique.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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