Éditorial : Épuration, mot d’ordre !

Alors que l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, et l’ancienne ministre de l’Économie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, venaient de passer 48 heures en détention, Mossadeck Baly, opérateur économique averti qui passe pour être un rigoureux gestionnaire doté d’une vision claire sur l’ensemble des questions de gouvernance, a participé à un café citoyen organisé le week-end par l’AJCAD (Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie).

 

Opportune occasion pour lui d’émettre quelques phrases aux allures de sentences en tant que vérités inoxydables. “On vient en politique parce qu’on veut rouler en V8 ou pour aller en vacances aux États-Unis, ou avoir 50 villas à Bamako… Quand on a le pouvoir au Mali, on est au-dessus de Dieu et on peut détourner des milliards…”, s’indigne Mossadeck Baly. Même en faisant effort de contenir sa colère, il ne put s’empêcher d’indexer la source du mal : “Comment peut-on même imaginer acheter un avion dans un pays où vous avez plus de la moitié de la population qui vit avec 2 dollars par jour ? Je serais président du Mali, j’aurais du mal à m’asseoir dans un avion acheté avec les impôts des Maliens alors qu’il n’y a pas d’écoles. Si on est un Président consciencieux, on ne va pas s’asseoir dans un avion qui a coûté 20 à 30 milliards pour aller à Abidjan ou à Dakar…”

Avion, il ne s’agit pas d’un aéronef acheté pour une compagnie nationale de transport aérien, domaine dans lequel a été un pionnier dans l’Afrique post-coloniale, avec à sa tête un Président consciencieux et patriote, Modibo Keïta.  Avion, il s’agit d’une acquisition pour l’extravagance d’IBK, son confort personnel, l’auto-flatterie de son âme parce qu’ayant un égo surdimensionné ; un avion de commandement pour le président d’un pays pauvre, mais qui voulait se gargariser d’avoir son Air Force One, à l’instar du Président américain. Tout est parti de là.

L’ère d’Ibrahim Boubacar Keïta a été celle de tous les gaspillages, de toutes les concussions, de tous les détournements et autres dépenses somptuaires. L’homme s’est ménagé la voie royale de puiser sans retenue dans les deniers par une manœuvre légalisée de voler le peuple. De 400 millions F CFA sous Alpha Oumar Konaré, les fonds de souveraineté du président de la République ont été par lui multipliés par trois, pour finir par atteindre 2,7 milliards. Dieu merci, plutôt que de les diminuer, le président de la Transition, colonel Assimi Goïta, a décidé d’en consacrer les deux tiers à des œuvres sociales au profit des Maliens pour, entre autres, l’accès à l’eau potable, les soins de santé, etc. Et l’on en constate chaque semaine les effets bénéfiques.

Continuant à remplir sa caverne d’Ali Baba, IBK conçoit la LOPM (Loi d’Orientation et de Programmation Militaire) qui va mobiliser 1230 milliards vite engloutis par le pouvoir prédateur, jusqu’à un dépassement de 101 milliards (1331 milliards en moins de trois ans), pactole totalement dilapidé. À titre de comparaison, la LOPM, c’est, même en tenant compte de possibles erreurs d’addition, l’équivalent du budget cumulé des ministères de la défense, de la sécurité, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de l’agriculture en 2021. Ouf ! On est pris de vertige, mais tenons bon !

Raison suffisante pour que l’on arrête de fatiguer nos précieuses oreilles par on ne sait quelle bonne procédure judiciaire à observer. L’épuration doit être le mot d’ordre imprescriptible, elle doit continuer, sans état d’âme. Le National le dit depuis fort longtemps.  Cette épuration exige que le fameux décret octroyant à IBK un cabinet d’ancien président et tout ce qui s’y rattache soit abrogé et que le chef d’orchestre de la chaotique gouvernance de 2013 à 2020 soit interpellé. Soumeylou Boubèye Maïga et autres ne constituent que des maillons, certes importants mais pas uniques dans la chaîne.

Amadou N’Fa DIALLO

Source : Le National

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