Editorial : Choisir, c’est renoncer au reste

Le tiraillement entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et les autorités de la transition malienne ne connait pas de répit. Ce, depuis le premier coup d’Etat en date du 18 août 2020 perpétré par les colonels.

 

Dans la foulée du départ de l’ancien président Bah et son Premier ministre Moctar, Choguel Kokalla Maïga a été choisi par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotique (M5-RFP) à la demande des colonels pour la Primature.

Comme convenu au départ de la transition, les élections étaient prévues pour février et la présidentielle devrait ouvrir le bal. La Cedeao dont le Mali est incontestablement membre fondateur tient au respect du délai des 18 mois.  L’organisation sous-régionale a durci le ton contre les dirigeants de la transition le dimanche 7 novembre 2021 lors du sommet extraordinaire tenu à Accra. Il a été décidé de sanctionner les autorités en gelant leurs avoirs financiers et en les empêchant de voyager au même titre que les membres de leurs familles.

Le gouvernement de la République du Mali n’a pas tardé à prendre acte de ce durcissement des sanctions à son encontre pour non-tenue des élections dans le délai. C’était le 8 du même mois. En outre, il déplore que la Cedeao ne tienne pas suffisamment compte des aspirations profondes du peuple malien et des efforts déployés au quotidien par les autorités de transition pour relever les défis multiformes auxquels le pays est confronté et pour une stabilité durable. C’est donc l’expression du regret de la part des dirigeants maliens.

Ils doivent savoir que vouloir une chose et son contraire est tout simplement impossible. La prorogation de la transition ne se décide pas sur un coup de tête, elle se prépare sérieusement et s’exécute avec courage et abnégation. Pour le faire, les autorités maliennes doivent s’attendre à tout, les conséquences seront à tirer en tout cas car la Cedeao ne tardera pas à mettre en branle son instrument de sanctions. Vouloir prolonger la durée de la transition, c’est renoncer à la tendresse de la Cedeao.

Si les autorités de transition et leurs familles ne voyagent pas dans la zone Cedeao à cause des sanctions, cela ne vaut pas la peine d’exprimer le regret dans la mesure où la vie de la nation est en jeu et s’il s’avère que leur combat se fait pour le Mali. De quoi ont-ils peur ? C’est l’occasion pour tous de savoir qu’on ne sera que Malien. La sécurité, l’école, la santé pour le développement du Mali est l’affaire de tous. Il n’est plus décent d’envoyer les malades dans les hôpitaux de l’extérieur et les enfants dans les écoles étrangères. Il faudra construire chez soi.

Il faudra donc être homme dans cette nouvelle révolution qui se profile à l’horizon. La parole ne sert à rien là où le silence doit s’imposer. L’expression d’un quelconque regret est assimilable à un coup d’épée dans l’eau. « Si la parole est d’argent, le silence est d’or », dit la sagesse populaire. Dans la mort du loup, Alfred de Vigny disait aussi : « Parler, pleurer, prier est également lâche/ Fais énergiquement ta longue et lourde tâche/ Dans la voie où le sort a voulu t’appeler/ Puis après comme moi, souffre et meurt sans parler »

La réussite de cette transition est liée à la lutte contre l’insécurité, le retour de l’administration partout dans le pays et enfin l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes qui installeront un président démocratiquement élu.

Bazoumana KANE

Source : L’Alerte

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