Pastèque : Le défi de la conservation

Le long de la Route nationale (RN6), des montagnes de pastèques jonchent les abords du bitume en attendant d’être transportées à Bamako et autres centres urbains du pays. Dans la capitale malienne, on la trouve et la voit un peu partout.

 

Exposée à même le sol dans les coins de certaines rues, au bord des goudrons et dans les marchés. Dans les rues des quartiers, on rencontre également des pousse-pousse chargés de pastèques que poussent des revendeurs à longueur de journée pour proposer leurs services aux amateurs. En cette période de l’année (octobre-novembre), la pastèque est sans doute la star des marchés maliens notamment Bamako.

Fruit frais local bien apprécié des consommateurs pour son goût sucré et ses vertus pour la santé humaine, la pastèque provient des Régions de Kayes, Ségou et de Koulikoro. Il s’agit précisément des zones de Konobougou, Dioïla, Markakoungo, etc. Les alentours du Stade du 26 mars, le rond-point de Banankabougou et d’autres coins de la capitale sont les principaux lieux d’approvisionnement des commerçants et revendeurs de ce fruit. Des dizaines de camions, en provenance de ces zones de production-là, viennent décharger quotidiennement leurs cargaisons sur ces lieux.

Cette année semble être marquée par le volume important des arrivages, informe Bamoussa Coulibaly, vendeur en gros de pastèque au marché de Médine communément appelée «Sougouni-koura».

Le commerce de fruit frais est très florissant, selon Moussa Koné. Ce revendeur de pastèque qui utilise un pousse-pousse pour écouler sa marchandise dit faire un bénéfice net journalier estimé à 5.000 Fcfa. Profit qui n’est certainement pas innocent à l’affluence et l’enthousiasme constatés sur le terrain. La vente de pastèque est très bénéfique et attire beaucoup de commerçants et revendeurs, explique Tiékoura Sanogo, grossiste à Kati. «En moins d’une journée, je peux vendre le contenu de tout un camion», se réjouit-il.

Au regard des quantités qui affluent vers Bamako et autres zones du pays, ce produit aurait pu profiter davantage aux Maliens s’il était possible de l’exporter dans certains pays voisins comme la Mauritanie et le Sénégal, visiblement gros consommateurs de ce fruit frais, estime M. Sanogo. Soulignant que le circuit exportation de ce produit est encore très peu développé au Mali, M. Sanogo déplore les tracasseries routières auxquelles sont confrontés les exportateurs.

Notre interlocuteur regrette de constater que la filière pastèque tant importante par sa contribution aux revenus des populations, ne reçoit aucune ou très peu l’attention des autorités, notamment en termes de subvention et d’encadrement pouvant permettre aux acteurs de développer l’activité. Afin, selon lui, d’éviter certains défis qui menacent la survie du secteur.

À ce problème, s’ajoutent les difficultés de conservation et de transformation. Les fruits pourrissent parfois dans les champs et au bord de la route, faute de trouver preneurs. Cette situation profite peu aux producteurs. La surabondance de ce produit saisonnier sur le marché fait chuter les prix et entraîne la perte d’une partie des récoltes à cause de la mévente, expliquent des producteurs.

Ainsi, ne possédant pas d’unités de conservation et de transformation, ils se voient obligés de céder leur production à vil prix. Makan Diakité est producteur dans la zone de Konobougou. Joint au téléphone, il déplore cette situation.

Les producteurs produisent généralement et font rarement des bénéfices. Cette situation, à l’en croire, aurait pour cause l’absence de moyens de conservation et d’unités de transformation pour ajouter de la valeur et prolonger la durée de vie des produits.«C’est le handicap majeur pour les producteurs de pastèques», murmure Makan Diakité. Il invite les autorités à trouver des solutions à cette situation.

Anne-Marie KÉÏTA

Source : L’ESSOR

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