Denrées de première nécessité : Les prix toujours hauts une semaine après la Tabaski

Bamako, 27 juil (AMAP) Une semaine après la fête de Tabaski, les prix des denrées de première nécessité restent encore inaccessibles au Malien lambda. Des fluctuations jugées injustifiées sont constatées par endroits dans la capitale, Bamako. Nous avons fait le constat, notamment dans le Grand marché et celui du Dibidani.

En ce lundi 26 juillet, il est 10h au marché Dibidani. L’endroit fourmille de monde. Vendeurs et vendeuses sont à l’affût pour accrocher les clients. Derrière cet engouement, se cache une mévente due à la cherté des prix. Cette flambée, commencée depuis des mois, a été amplifiée à la veille de la fête de l’Aid Al Adha, après une courte période de normalisation.

Mah Toumagnon, la soixantaine, vend des légumes et pâtes alimentaires. Visiblement frustrée, elle ne décolère pas. «La veille de la fête, il y a eu une flambée des prix des denrées sur le marché. Par exemple, le coût d’un panier de tomates est passé de 15.000 Fcfa à 60.000 Fcfa sans la moindre explication», proteste-t-elle vigoureusement. Sa sœur Awa ajoute : « À la veille de chaque fête de ramadan et de Tabaski chez nous, les prix explosent sans aucune raison valable. Ce qui est déplorable, c’est qu’aucune autorité n’intervient pour recadrer les choses sous prétexte que le commerce est libre».

Le kg d’igname, vendu d’ordinaire à 500 Fcfa, est passé à 700 Fcfa. Le sac de concombres est cédé à 10.000 Fcfa contre 5.000 Fcfa auparavant. Le revers de la médaille, selon Awa, est qu’il y a beaucoup d’invendus à cause de cette forte hausse. « Maintenant, les lieux d’approvisionnement sont inondés de produits. Faute de preneurs, ils sont en train de pourrir », témoigne la commerçante.

Plus loin, sont installés des bouchers occupés à dépecer une carcasse. Saidou Kamien est membre du syndicat des bouchers de Dibidani. Le cinquantenaire constate que le prix de la viande est en train de remonter dans certains marchés compte tenu du fait, selon lui, que les engagements pris auprès les bouchers ne sont pas respectés. « Le gouvernement avait décidé d’accorder une subvention de 45.000 Fcfa par bœuf abattu par les bouchers. Depuis quelques jours, ceux qui sont chargés de collecter nos reçus ne viennent plus à l’abattoir », explique-t-il.

Le prix du litre d’huile a également prix l’ascenseur en certains endroits. Pour Amadou Diarra, vendeur détaillant, « l’huile local dont le prix doit être abordable, est plus cher que l’huile importé ». Le bidon de 20 litres vendu à 20.000 Fcfa avant, est passé à 21.000 Fcfa, déplore-t-il.

Tout comme au «Dibidani», les prix des denrées de première nécessité ont subi «une hausse exorbitante» au Grand marché de Bamako, se plaint Djénébou Sacko, vendeuse de légumes au Wonida. A Kati et Nossombougou, les fournisseurs et agriculteurs ont cédé le panier de tomate à 60.000 F cfa. « Un prix record », selon elle. C’est la réalité sur tout le marché aujourd’hui mais la vendeuse signale que depuis deux jours, les prix sont à la baisse.

« Le prix de l’oignon suit son cours normal », selon Mohamed Traoré, étudiant en Master et vendeur d’oignon. Pour lui, l’augmentation des prix, dans certains marchés, est liée à une faible production, la disponibilité sur les lieux d’approvisionnement. « En période hivernale, explique-t-il, les productions d’oignons s’arrêtent à Diré, Niono, Baguinéda et Beleko, nos zones d’approvisionnement». De nouvelles variétés importées du Maroc et du Sénégal inondent le marché. «Le prix du sac d’oignon de 25 kg varie entre 10.000 et 11.000 F cfa. On en a pour six mois d’importation», précise Mohamed Traoré.

« Les prix de l’huile, de la tomate et autres pâtes alimentaires, sont fluctuants », assure Dramane Coulibaly, vendeur d’huile, de concentré de tomates, de pâtes alimentaires, etc. « Le problème vient des grossistes. Ils retiennent les marchandises pour provoquer une pénurie afin d’augmenter les prix », explique le commerçant.

« Rien que la semaine passée, j’ai commandé de l’huile. Le matin, on m’a assuré que j’aurai la marchandise. Trois heures plus tard on m’a informé qu’il n’y en avait plus. Le lendemain, on m’a rappelé pour dire que c’est disponible mais que le prix a augmenté de 1.000 Fcfa», confie-t-il, ajoutant que cette situation infernale dure depuis un certain temps.

L’Etat devrait, selon plusieurs intervenants, réguler le secteur au lieu de laisser l’anarchie s’installer dans le pays. Cela est nécessaire quand on sait qu’il accorde des subventions aux grossistes pour que les denrées soient accessibles aux populations.

OS/MD (AMAP)

Suivez-nous sur Facebook sur