TABASKI : les djihadistes mettent en péril la fête

Organiser la Tabaski au Mali semble être une épreuve particulièrement ardue cette année. La flambée des prix du bétail met hors de portée de beaucoup de bourses, la possibilité du sacrifice traditionnel. Au-delà de l’habituelle hausse des prix face à la forte demande, l’insécurité due à l’action des bandits compromet le bon acheminement des bêtes vers les marchés. Ces tensions se concentrent surtout dans les zones où sévissent les groupes armés djihadistes et principalement dans le centre du pays.

A l’approche de la Tabaski, les maliens vivent dans une ambiance de hausse généralisée des prix des denrées alimentaires. La hausse du prix de vente du bétail, constatée chaque année à cette période, est en augmentation de plus de 30% par rapport à l’année dernière. Un mouton peut alors se négocier jusqu’à 500 000 FCFA au marché.

Pourtant un facteur aggrave particulièrement la pénurie : l’insécurité imposée par les bandits. Au quotidien, les groupes terroristes rançonnent déjà les populations pour survivre et freinent par leurs exactions les échanges et l’activité économique normale. Mais depuis plusieurs semaines, les djihadistes se livrent à des actions ciblées contre les transports de bétail. Les agressions et les vols violents sont nombreux et découragent les commerçants. De nombreux éleveurs, notamment sur l’axe entre Mopti et Douentza, se sont fait molester, voire tuer, par ces crapules lors de pillages de leurs animaux. Nul doute que les combattants de la Katiba Macina, qui sévissent dans cette zone, se cachent derrière ces actes. Ces derniers, qui osent pourtant prétendre agir au quotidien au nom d’Allah et de l’Islam, risquent donc de priver, cette année encore, un nombre important de musulmans maliens de Tabaski digne de ce nom.

Des convois escortés par les FAMA ont été organisés mais sans pouvoir être systématisés. Les éleveurs du centre craignent à se risquer à transporter des bêtes sur des routes dangereuses sur lesquelles sévissent des bandits. L’approvisionnement des villes s’en trouve donc fortement impacté et cela se répercute directement sur les prix de ventes. Les djihadistes, dans une logique prédatrice et destructrice, créent donc la pénurie faisant souffrir l’ensemble de la population et notamment les plus faibles.

Idrissa Khalou

Suivez-nous sur Facebook sur