Rélations Mali-France: La souveraineté en opposition ferme au néocolonialisme

Les valeurs souverainistes et pro-multipolaires prennent de plus en plus le dessus sur l’approche néocoloniale des nostalgiques de l’unipolarité. Ces processus s’accompagnent par ailleurs d’une solidarité de plus en plus accrue entre les souverainistes des différentes régions du monde, de l’Eurasie jusqu’en Afrique, en passant par les pays occidentaux.
Le cas du Mali est aujourd’hui fort révélateur de plusieurs orientations stratégiques pour l’avenir mondial.

Un pays africain qui a pu placer autant d’attention internationale au cours des dernières semaines et des derniers mois n’a rien de surprenant pour nous car l’Afrique a indéniablement le potentiel pour devenir un bloc puissant dans le monde multipolaire actuel, mais constitue une source de grand mécontentement pour le monde de l’establishment occidental, longtemps habitué à mépriser le continent africain, tout en y possédant des intérêts largement stratégiques.
En effet, les autorités maliennes font jusqu’à maintenant preuve d’une approche plus que jamais forte, patriote, souveraine, le tout sur une base de valeurs réellement panafricaines. Pour preuves: le leadership du Mali n’a pas hésité, et ce à plusieurs reprises, à mettre les points sur les «I» face à un establishment élyséen qui s’enfonce, toujours un peu plus, dans son arrogance et une mentalité d’un autre âge. Dernier exemple en date: la convocation de l’ambassadeur français en poste à Bamako par le ministère malien des Affaires étrangères.
Si cette fermeté du leadership malien, ainsi que de la large partie de la population du pays, non seulement dans la défense de la souveraineté nationale, mais également dans le choix des partenaires extérieurs, qu’ils soient africains ou eurasiatiques, a acquis une grande vague de solidarité à divers endroits du continent africain, il faut reconnaitre que de nombreux souverainistes européens, y compris français, ont également fait preuve de bons sens, en affichant leur opposition au néocolonialisme occidental en Afrique, qu’il soit anglo-saxon ou hexagonal.
Cette réalité est à prendre en compte très sérieusement. Tout d’abord, il faut certainement remettre d’autres points sur les «I». Les sentiments anti-occidentaux en Afrique, aussi bien ceux visant le système communément appelé de la Françafrique que celui des anglo-saxons, ne sont pas destinés contre les populations des pays occidentaux liés à ces systèmes purement néocoloniaux. Bien au contraire.
Et le refus de l’establishment politico-médiatique concerné de s’adapter non seulement à l’ordre multipolaire international, mais également à un cadre respectueux de la souveraineté des nations non-occidentales, ne fait qu’accélérer un peu plus sa chute annoncée. Ce qui est intéressant également à observer: c’est l’alliance sur le sujet des forces libérales orientées sur Washington et de certains qui pourtant se revendiquent en être «opposés», mais qui partagent la même vision prédatrice et néocolonialiste vis-à-vis de l’Afrique. Souvent par intérêt, des fois par conviction, d’ordinaire les deux.
Le mépris même qu’affichent ces personnages à l’encontre des Africains, notamment vis-à-vis de la capacité africaine à faire soi-même des analyses géopolitiques, démontre à quel bas niveau ils se trouvent aujourd’hui. Et vraisemblablement aucun traitement ne saura être efficace dans le cas cité. D’ailleurs, aucun étonnement à avoir lorsque les libéraux confirmés et leurs collègues réactionnaires, tentent de faire le chantage par voie de visas.
En oubliant évidemment de rappeler que ce système vicieux avait été justement mis en place d’eux-mêmes pour mieux justifier la domination politique, économique, militaire, sans oublier le pillage pur et simple des ressources naturelles des pays se trouvant sous leur diktat.
En d’autres termes, on pille, mais on laisse quand même quelques miettes à travers les «aides» humanitaires et les visas de travail en certain nombre. Pourtant, il est évident que vu le potentiel que possède l’Afrique, l’immigration peut facilement partir dans l’autre sens, à condition que la souveraineté nationale soit réelle.
Pour preuves, les Portugais qui partent massivement travailler en Angola, ou les Espagnols en Guinée Équatoriale. Il est tout aussi clair que les représentants politiques de l’Occident ne souhaitent pas que ces exemples deviennent massifs. D’où la ferme opposition des élites anglo-saxonnes, comme hexagonales, vis-à-vis de la pleine souveraineté des nations africaines.
De façon générale, l’establishment occidental ne peut aucunement prétendre à jouer au bon samaritain en matière d’immigration, sachant que si souvent cette même immigration est tout simplement le résultat de sa politique: destruction ou déstabilisation d’États souverains, contrôle de la politique monétaire des pays sous domination, présence militaire qui n’apporte pas la sécurité mais ne fait qu’empirer la situation.
Le fait que de nombreux souverainistes européens, et notamment français, l’aient compris, est très rassurant pour la suite. Cela démontre que dans le cadre de la multipolarité, une véritable solidarité internationale est possible, sans hypocrisie. De même qu’une coopération multilatérale.
Mikhail Gamandiy-Egorov

COLONIALISME
Les colonies sont-elles la béquille du capitalisme ?
L’empire est de plus en plus un partenaire commercial privilégiée de la métropole. De 1900 à 1913, la valeur des échanges de la France avec l’empire a progressé de 100%, alors que le commerce extérieur ne progressait que de 73%. C’est le troisième champ d’exportation des capitaux après la Russie et l’Amérique latine, avec 13% des exportations.
L’empire fournit 9,4% des importations, dont la totalité des arachides, mais aussi de l’huile d’olive, du vin, du riz, du sucre, des troupeaux, de la vanille, du poivre, du minerai de plomb, des superphosphates et une partie importante du caoutchouc. De la même façon, il reçoit bougies, tissus, constructions métalliques en fer ou en acier, bières, locomotives, machines à vapeur, et une partie notable du fer et du sucre raffiné.
Entre 1908 et 1914, 156 sociétés ont choisi l’empire comme champ d’activité, dont 36 l’Afrique noire avec des taux de profit situés entre 14% et 33%, mais qui pour la CFAO dépassent les 41%.
Selon Jacques Marseille, un épargnant qui aurait acheté, en 1887, une action de la CFAO à 500 francs l’aurait revendue à 3.200 francs en 1913 et aurait perçu des dividendes en augmentation continue de 8,5% entre 1896 et 1899, de 13,6% entre 1900 et 1904, de 22,1%, entre 1905 et 1913.
Pourtant, dans cette prospérité où l’Algérie se taille la part du lion, l’Afrique noire ne décolle pas de l’économie de traite, si l’on excepte les chemins de fer en Afrique occidentale française (AOF). Et c’est la traite qui génère une pyramide d’intermédiaires, de la maison mère jusqu’aux détaillants avec rabatteurs, cadeaux, bakchichs et bons de caisse échangeables en marchandises.
En Afrique équatoriale française (AEF), où le refus d’investir est plus net, c’est le régime de la concession qui partage le territoire entre compagnies à monopole assurant les investissements que l’État refuse, et recourant à la violence et au travail forcé.

La fierté coloniale
La guerre de 1914-1918 a fondé un attachement à l’empire colonial lié à «l’élargissement sécuritaire de la nation française». Les indigènes dont l’opinion admire les images glorieuses sont venus au secours de la France en temps de guerre. La grande France a sauvé la petite France. Les mythes de Lyautey et de Foucauld prolongent celui de Jeanne d’Arc. Ces images renvoient les Français à une image valorisante d’eux-mêmes.
Nous sommes bons puisqu’ils viennent se joindre à nous. La génération qui a fait la guerre est nourrie de culture colonialiste, une culture, où l’on devient fier de ses colonies, de ceux qui les ont conquises comme ceux qui y résident. Elle va rapidement s’opposer à l’anti colonialiste.
Jean-Paul GOUREVITCH

L’Inter de Bamako

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