Après les propos de Macron, Alger taxe la France de « faillite mémorielle »

Le ministre des affaires étrangères algérien n’a pas cité nommément le président français, mais a qualifié cette « faillite mémorielle » d’« intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française ».

 

Bien qu’Emmanuel Macron a appelé mardi à l’« apaisement », la tension ne faiblit pas entre la France et l’Algérie. Le ministre des affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a estimé, mercredi 6 octobre, que les crises diplomatiques opposant la France à son pays et au Mali, relevaient d’une « faillite mémorielle », selon des propos diffusés par la télévision malienne.

M. Lamamra a aussi affirmé la nécessité pour certains dirigeants étrangers de « décoloniser leur propre histoire ». Le chef de la diplomatie algérien rencontrait, mardi, les dirigeants de transition maliens à Bamako. Dans ces déclarations, il évoquait la crise opposant Paris à Alger, déclenchée par les mots attribués à M. Macron évoquant un système « politico-militaire » au pouvoir en Algériequi entretiendrait une « rente mémorielle ».

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Ces crispations ont, par ailleurs, coïncidé avec les tensions entre la France et le Mali, voisin de l’Algérie et autre ancienne colonie française. La situation s’est envenimée, le 25 septembre, après un discours à l’ONU dans lequel le premier ministre de transition malien, Choguel Kokalla Maïga, accusait la France, engagée militairement au Mali depuis 2013, d’« abandon en plein vol » pour justifier un possible recours à la société privée russe Wagner.

Macron, pas cité nommément

« Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire », a ainsi déclaré Ramtane Lamamra, sans évoquer le souhait « d’apaisement » exprimé mardi par le président français. « Ils [les partenaires étrangers de l’Algérie] ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident, qui a été la couverture idéologique utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qu’a été la colonisation de l’Algérie, la colonisation du Mali et la colonisation de tant de peuples africains », a-t-il poursuivi.

Le ministre algérien a décrit cette « décolonisation » comme une « priorité » pour que la « faillite mémorielle », manifestée, selon lui, par les récents propos français envers l’Algérie et le Mali, puisse « s’assainir par un respect mutuel inconditionnel, respect de notre souveraineté, respect de notre indépendance de décision ». Il n’a toutefois pas cité nommément M. Macron mais a parlé d’une « faillite mémorielle, qui est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés », et « qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuse ».

M. Lamamra a aussi parlé de « solidarité agissante » avec le Mali, où l’Algérie est un acteur primordial de la crise sécuritaire et multidimensionnelle que traverse le pays depuis près de dix ans, notamment en tant que parrain de l’accord de paix signé en 2015, dont l’application laisse à désirer. Les autorités maliennes ont, de leur côté, convoqué, mardi, l’ambassadeur de France à Bamako pour exprimer leur « indignation » après les critiques très vigoureuses de M. Macron à la suite du discours de M. Maïga à l’ONU.

Source : AFP

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