Ligue des champions : le fiasco Mourinho

Nouveau camouflet pour l’entraîneur de Manchester United. Son équipe a été éliminée par Séville dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Il a gagné ses galons de grand coach en Ligue des champions en 2004, quand Porto, qu’il entraîne alors, élimine Manchester United sur le gazon d’Old Trafford dès les huitièmes de finale. Près de 14 ans plus tard, cette même C1 et cette même pelouse mancunienne sont témoins de sa déchéance au même stade du tournoi… alors qu’il officie sur le banc du club anglais. Avec José Mourinho à leur tête, les Red Devils ont été sortis mardi soir par Séville après leur défaite concédée à domicile (1-2) au match retour. Manchester United, le club le plus riche du monde, détenteur de trois Coupes des champions (1968, 1999 et 2008), comptait pourtant redorer son blason dans cette compétition et ne pas se faire éliminer, chez lui, par un second couteau de la Liga, au budget similaire à celui de l’AS Monaco. Raté.

Comme le Paris SG, Manchester United ne lésine pas sur les dépenses et enchaîne les transferts records pour construire une belle équipe et briller en C1. Non seulement le résultat n’est pas au rendez-vous, mais le contenu des prestations européennes s’avère aussi très médiocre. Ainsi, lorsque José Mourinho remporte la Ligue Europa la saison précédente en battant l’Ajax Amsterdam en finale, la pauvreté du jeu mancunien gâche un peu la fête. Aujourd’hui, cette claque sévillane fait rougir davantage les joues du technicien portugais, qui peine à convaincre avec ses idées de jeu défensives et négatives.

Surtout que José Mourinho a commis un blasphème : ne pas jouer l’attaque lors d’un match retour de Coupe d’Europe (le score était de 0-0 à l’aller). Au regard de l’histoire de ce club, de son ambition d’associer la manière au résultat, l’ex-The Special One n’avait pas le droit. Vu les qualités des joueurs et des fortunes dépensées pour acheter Paul Pogba ou Romelu Lukaku, une partition aussi pauvre est impardonnable.

Longtemps en concurrence avec Josep Guardiola pour le titre de meilleur coach de la planète, José Mourinho ne fait plus partie aujourd’hui du gratin. Ce maître tacticien a été le premier à comprendre comment battre le grand Barça en 2010 avec l’Inter Milan. Mais il est aujourd’hui proche de la caricature à force d’invoquer les éléments extérieurs pour expliquer les contre-performances régulières de ses joueurs. Surtout, il s’incline à chaque grand duel contre ses confrères à l’échelle continentale lors de matches couperets. Au printemps 2013, alors à la tête du Real Madrid, il se fait dominer tactiquement par l’entraîneur du Borussia Dortmund Jurgen Klopp en demi-finale de C1. Aujourd’hui, il se fait griller la politesse par des techniciens à la réputation moins aboutie comme Vincenzo Montella, le technicien du FC Séville. Rappelons que, il y a quelques semaines, ce même Montella se faisait virer du banc de l’AC Milan pour manque de résultats.

Quatre tirs cadrés en 180 minutes contre Séville !

Pas de mea culpa chez Mourinho. « Je n’ai aucun regret. J’ai fait de mon mieux, les joueurs ont fait de leur mieux. On a essayé, on a perdu, c’est le football. Je ne crois pas que la performance était particulièrement mauvaise, ni nos intentions ou notre entame de match », a dit l’entraîneur sur la BBC. Premier tir anglais à la 33e minute, première occasion franche à la 38e, les chiffres ne disent pas la même chose. En tout, sur les deux matches aller-retour, Manchester United n’aura fait que quatre tirs cadrés…

Pour faire oublier ces statistiques faméliques, il rappelle ses prouesses passées. « Je me suis déjà assis deux fois dans ce fauteuil : avec Porto, Manchester United out, et avec le Real Madrid, Manchester United out. Donc, je ne crois pas que cette situation soit nouvelle pour le club. » Justement, Mourinho a été nommé sur le banc pour désormais prémunir les Mancuniens contre ce type d’accident. Loupé. Et ce n’est pas le championnat qui va enjoliver son bilan à Manchester United. Le rival local Manchester City, entraîné par un certain Pep Guardiola, caracole en tête avec 14 points d’avance… tout en proposant du spectacle.

PAR ALEXANDRE BORDE
Publié le 14/03/2018 à 10:50 | Le Point.fr

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