Violences suite à la manifestation du 10 juillet 2020 : Les deux camps se jettent la responsabilité

Décidément, est ce que le moment n’est pas arrivé de désespérer du Mali par la faute des maliens d’aujourd’hui (gouvernants, acteurs de la société civile, politiques, religieux et autres opérateurs économiques…)? Comment, un pays doté de mécanismes traditionnels puissants de résolution de conflits en tout genre, soit incapable de trouver l’intelligence à hauteur de souhait pour sortir de cette autre impasse imposée à la Nation, déjà suffisamment ballotée ?

 

 Le 11 juillet 2020, à la mi-journée, le Premier Boubou Cissé s’est rendu à l’hôpital Gabriel pour rendre visite aux blessés. Mais, on retient qu’à son passage, l’hôpital Gabriel Touré, du 10 au 11 juillet 2020, avait reçu 55 blessés, dont 36 libérés et 4 décès (2 arrivés morts et deux décédés des suites de leurs blessures). Mais, au moment où nous écrivons cet article, nous avons appris la mort d’une 5ème personne dans les environs de la Maison de la Présidente de Cour constitutionnelle.

En plus de ces victimes humaines, c’est le lieu de regretter les nombreux dégâts matériels occasionnés sur des édifices publics et des biens de particuliers. Et, comme en pareil cas, les différents protagonistes fuient leurs responsabilités et se jettent la pierre.

Mais, l’on est en droit de se poser une grande question. Comment des maliens ont pu admettre qu’une crise comme celle que vit actuellement le pays, aille chercher sa solution dans la rue, au risque de faire des victimes humaines? Au regard du contexte actuel du pays, la table du dialogue franc et de la négociation, devait être suffisamment large et surtout conciliante pour mettre la nation à l’abri d’une aventure incertaine.

Sans vouloir trancher et sans prendre position pour aucune partie, nous regrettons le fait que les protagonistes n’aient pas suffisamment donné la chance aux négociations sincères. Et, du coup, à réfléchir de près, l’on comprend que depuis le début de cette crise, les différents protagonistes, sans le dire clairement, ont fait l’option de régler le différend en bandant leurs muscles dans la rue.

 Qui pour assumer les responsabilités ?

Et, les différentes sorties suites aux conséquences regrettables de la manifestation du 10 juillet 2020, le prouvent à suffisance.

En réalité, les tenants du pouvoir, ont voulu avoir le M5-RFP à l’usure. Mais, surtout les accuser de tous les dérapages qui résulteraient de leurs manifestations dans la rue. Du côté du M5-RFP, tout porte à croire qu’ils s’attendaient et souhaitaient par moment que le sang coule malheureusement pour faire porter le chapeau au pouvoir.

Et, comme, il fallait s’y attendre, la manifestation du 10 juillet 2020, a été suivie de dégâts matériels considérables et même des pertes en vie humaine, sans compter les nombreux blessés. Les deux protagonistes n’ont-t-ils pas atteints leurs objectifs ?

Dans son message sur les évènements en cours dans le pays, le Président IBK a été suffisamment clair. « Vous le savez, c’est au nom de l’Etat de droit que les pouvoirs publics ont autorisé la manifestation  d’aujourd’hui du M5-RFP, malgré les incitations à la violence véhiculées par les messages de certains  responsables de ce Mouvement », a-t-il déclaré. Mais, auparavant, il a indiqué : « C’est le cœur serré que je m’adresse à vous en ce moment pour regretter les scènes de violence et de saccage ainsi que les tentatives d’occupation  de nos Institutions et services stratégiques auxquelles il nous a été donné d’assister en cette journée du 10 juillet 2020 ». Et, en attendant «  le bilan  et les circonstances exactes des pertes humaines et matérielles reste à établir », IBK a annoncé qu’ « Une enquête est diligentée à cette fin ». Mais, toutefois, il a exprimé sa « sincère compassion aux familles des victimes ainsi qu’aux citoyens dont les biens ont été pillés ».

Il a ensuite indiqué que c’est au nom de ce même Etat de droit qu’il lui incombe d’assurer la sécurité des biens, des citoyens et des Institutions. « Et cela sera fait, sans faiblesse aucune », a-t-il déclaré.  Mais, toutefois, il a voulu  de nouveau rassurer  le peuple sur sa volonté de poursuivre le dialogue et a  réitéré  sa disposition à prendre toutes les mesures qui sont en son pouvoir en vue d’apaiser la situation.

Dans son communiqué N°001- CS/M5-RFP, le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), a indiqué : « dans l’attente de faire le point sur l’évolution de la situation, le M5-RFP tient pour responsable le pouvoir IBK de toutes les violences et leurs conséquences sur les personnes et les biens publics et privés ».

Dans ce document cosigné par Cheick Oumar Sissoko, Issa Kaou N’Djim et Choguel K. Maiga, le M5-RFP a d’abord félicité le Peuple malien pour sa mobilisation exceptionnelle, le vendredi 10 juillet 2020, à Bamako, dans les capitales régionales, dans les villes secondaires et dans la Diaspora. Ils y ont exhorté « le Peuple à maintenir et à renforcer cette mobilisation jusqu’à l’atteinte de l’objectif qui est et demeure la démission de Monsieur Ibrahim Boubacar Keita et de son régime ». Mais, le mouvement M5-RFP a « demandé également à la Population de ne pas céder à la provocation de ceux commis pour commanditer des actes de violence et de vandalisme dans le seul but de ternir l’image de notre Mouvement qui reste démocratique, populaire et pacifique ».

En réalité, voilà la situation déplorable dans laquelle notre pays se trouve depuis bientôt un mois. Des protagonistes qui n’arrivent à développer leurs capacités d’écoute mutuelle pour préserver le pays d’une énième catastrophe.

Assane Koné

Arc en Ciel

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