Transition au Mali : La gestion des risques comme approche stratégique de gouvernance

Avec une population qui est estimée à 14 528 662 habitants au regard du dernier recensement général de la population et de l’habitat (INSTAT[1], 2009), le Mali est exposé à certains facteurs de risques dont les principaux sont :

  • la présence de groupes terroristes dans le nord du pays. Cette situation fragilise l’environnement sécuritaire du pays.
  • la désertification fait peser une incertitude sur les rendements de cultures. Cela renforce la vulnérabilité du secteur agricole et, partant, de toute l’économie avec un impact sur la majeure partie de la population.
  • la précarité des conditions sociales ainsi qu’un niveau de chômage important menacent la stabilité du pays et peut développer des foyers de violence.
  • le climat des affaires est difficile et ne connait d’amélioration significative, constituant ainsi un frein au développement secteur privé et aux investissements dans les secteurs clés de l’économie.

Dans une telle situation, il devient essentiel de professionnaliser la gestion des risques au sein d’une approche de gouvernance, afin de diagnostiquer les risques auxquels les affaires publiques sont soumises et de mettre en place une démarche de gestion des risques nécessaire à l’atteinte des objectifs fixés par les gestionnaires publics.

La gestion des risques est un élément qui contribue non seulement à éviter le pire, mais aussi et de plus en plus à créer de la valeur dans la mise en œuvre des politiques et stratégies publiques.

Face aux facteurs de risques capables de modifier les résultats escomptés fixés par les autorités pour une gestion cohérente des affaires publiques, la gestion des risques se présente comme un excellent outil de management.

En effet, en se demandant en quoi la gestion des risques pourrait éclairer la gestion des affaires publiques, les gestionnaires de l’Etat se doivent d’avoir une compréhension claire et précise de la façon dont ils pourront gérer les risques inhérents aux affaires publiques dans un contexte d’instabilité récurrente.

Ainsi, lorsque la question de l’utilité de la gestion des risques se pose, les gestionnaires publics devraient se pencher sur trois choses :

  • le recensement des risques qui pèsent sur les affaires publiques (découlant de facteurs internes au fonctionnement des organes de gestion publique ou de facteurs externes, notamment environnementaux) ;
  • la quantification de ces risques et les conséquences que ceux-ci auront dans un contexte de crise multiforme ;
  • la façon dont ces risques peuvent être atténués.

De nos jours, pour réussir à engager les transformations institutionnelles, politiques et économiques, la gestion des risques pendant et après la transition a donc besoin du meilleur cadre de référence possible pour optimiser les stratégies (reformes).

Les recettes d’une telle pratique managériale dans la sphère publique peuvent permettre aux autorités du Mali pendant et après la transition de tirer de nombreux bénéfices qui peuvent se résumer à :

  • l’identification de nouvelles opportunités et des enjeux spécifiques liés au contexte actuel ;
  • l’identification et la gestion des risques à l’échelle du territoire qui peuvent affecter la mise en œuvre de la feuille de route de la transition et d’autres stratégies gouvernementales ;
  • l’amélioration de la capacité des autorités publiques à identifier les risques et à y apporter des réponses adéquates, en réduisant les surprises ainsi que les coûts ou les pertes qui en découlent (Ex : dans le domaine de la défense et de la sécurité) ;
  • la réduction de la volatilité de la performance de l’Etat ;
  • l’amélioration du déploiement des ressources dans le sens que dans un contexte de ressources limitées, l’obtention d’informations solides sur les risques permet au management d’évaluer les besoins globaux en ressources, de fixer des priorités pour leur déploiement et d’améliorer leur allocation ;
  • l’accroissement de la résilience des gestionnaires publics.

Ces bénéfices soulignent le fait que les risques ne devraient pas être perçus comme des contraintes ou des obstacles potentiels à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies (reformes). Au contraire, les évolutions qui suscitent des risques et les réponses que les gestionnaires publics apportent à ces risques sont autant d’opportunités stratégiques et de facteurs clés de différenciation dans un contexte d’incertitude et d’instabilité.

Docteur Idrissa SANOGO.

Analyste en Gouvernance – Management Public.

Spécialiste en management des risques projet.

[1] Institut National de la Statistique

Source: Bamakonews

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