Stade du 26 Mars : Le directeur Mohamed Alassane Maïga demande des mesures fortes

Dans cette interview, l’ancien athlète dépeint un tableau peu reluisant de l’arène et appelle les autorités à agir pour préserver le plus grand site sportif de notre pays

 

L’Essor : Il y a quelques semaines, le ministre de la Jeunesse et des Sports a visité le stade du 26 Mars et a clairement dit qu’il n’est pas content de l’état de l’arène. Quels commentaires faites-vous de ce coup de gueule du ministre Attaher ?

Mohamed Alassane Maïga : Ce coup de gueule du ministre de la Jeunesse et des Sports Mossa Ag Attaher était bien justifié. Une semaine avant cette visite, des travaux de rénovation avaient été effectués au stade par une entreprise locale. Lors de son passage, le ministre Attaher a constaté que ces travaux étaient en retard, il a donné des instructions et dit qu’il repassera avant le match Mali-Namibie.

Quand il est revenu le lundi 9 novembre qui a coïncidé avec ma prise de fonction, les choses n’avaient pas bougé, d’où sa colère. Mais après le deuxième passage du ministre, nous avons mis les bouchées doubles et tous les travaux de rénovation se sont achevés avant le match des Aigles contre les Namibiens. La veille, Monsieur le ministre est passé à 18h et a pu vérifier l’exécution correcte des travaux. Il a alors exprimé sa satisfaction et félicité la direction du stade.

L’Essor : Apparemment, vous avez trouvé le stade dans un état délabré à votre prise de fonction.
Mohamed Alassane Maïga : Effectivement, j’ai trouvé le stade dans un état totalement délabré, c’était impossible d’y organiser un match international. Les raisons de cette dégradation sont nombreuses. Il y a d’abord la durée de vie de l’arène qui a été réalisée en 2001, soit 19 ans, la mauvaise exécution des travaux de rénovation qui ont été faits de 2001 à cette année, l’organisation, chaque année dans l’arène des festivités de la fête de Maouloud qui drainent des milliers de fidèles musulmans.

En tant que musulmans, nous ne pouvons être contre la célébration de Maouloud, mais les autorités doivent prendre des mesures pour limiter les dégâts que causent ces rassemblements. On doit par exemple interdire l’installation des chaises métalliques sur la pelouse et effectuer des travaux de nettoyage et d’assainissement, avant et après le Maouloud. Je dois également dire que les travaux de rénovation sont nécessaires tous les ans, même si le stade n’abrite pas de grands rassemblements.

L’Essor : Comment fonctionne le stade du 26 Mars ?

Mohamed Alassane Maïga : Le stade du 26 Mars est comme tous les autres stades du Mali, c’est-à-dire avec une administration composée d’un directeur et son adjoint, d’un régisseur chargé de la salle Abdallah Mahamane Haïdara, d’un chargé de l’arène, d’un secrétariat, d’un chargé de l’accueil, d’un chargé de l’électricité, d’un chargé de la plomberie, etc. Le fonctionnement du stade est assuré grâce aux crédits alloués par la direction des finances et du matériel et aux ressources générées par les activités organisées au stade.

L’Essor : Selon vous, quels sont aujourd’hui les besoins réels du stade du 26 Mars ?
Mohamed Alassane Maïga : Les besoins du stade sont énormes. Il y a d’abord les toilettes qui doivent être reprises pace que sur les 189 que compte le stade, 136 sont hors d’usage. Ensuite, les équipements de climatisation sont vétustes, tout comme les installations de plomberie, d’adduction d’eau, partout, il y a des fuites d’eau, le système d’éclairage général intérieur et extérieur du stade doit être réhabilité. Le système de sonorisation n’est pas bon, alors que le tableau d’affichage doit être remplacé pour être conforme aux normes internationales. Même la salle de basket-ball Abdallah M. Haïdara qui a été construite après le stade est aujourd’hui dans un état de dégradation très avancé.

Aussi, je dois préciser que le stade du 26 Mars qui est la plus grande arène du Mali ne dispose pas d’infirmerie et d’ambulance qui sont deux éléments exigées par certaines instances sportives internationales. Concernant les besoins en termes d’hébergement, le stade du 26 Mars doit être doté d’un bâtiment à deux niveaux avec des chambres à deux ou trois lits. Cela soulagera beaucoup les fédérations qui n’ont pas souvent les moyens de faire héberger athlètes sportifs dans des hôtels.

L’Essor : Qu’envisagez-vous de faire pour éviter une nouvelle dégradation du site ?

Mohamed Alassane Maïga : La dégradation en cours est irréversible, si des travaux de réhabilitation ne sont pas réalisés. En revanche, si nous parvenons à recouvrer des arriérés de payement qui se chiffrent à plus de 20 millions de Fcfa et qui concernent des contrats sur la base des offres de services avec certains usagers ou groupements sportifs, nous pouvons facilement assurer la propriété du stade et faire face à de petites dépenses.

Il faudrait également veiller à ce que les crédits alloués au fonctionnement du stade soient correctement utilisés pour les besoins réels du stade. Mais disons-le sans ambages, tous les efforts pour rendre l’arène propre et vert seront vains, si les festivités du Maouloud s’y déroulent dans les conditions actuelles. Pour moi, le stade du 26 Mars fait partie des joyaux du Mali et doit, à ce titre, être préservé des activités extra sportives.

Propos recueillis par
Seïbou S. KAMISSOKO

Source : L’ESSOR

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