Situation sécuritaire au Mali : Des spécialistes identifient des causes et proposent…

La situation sécuritaire au Mali ne cesse de faire parler d’elle à cause de ces lots de surprises, chaque jour. Après l’attaque d’Indélimane, le vendredi 1er novembre 2019, Studio Tamani a animé un débat sur la situation. Les spécialistes sont unanimes sur la responsabilité de l’État, du renseignement militaire.

 

Du nord au centre ; du centre au nord ; l’insécurité joue son tour au Mali. Que de lots de morts dans le rang de l’armée nationale !

Cette insécurité fait couler beaucoup d’encres. Selon Boubacar Bocoum, un Politologue malien, une réflexion stratégique sied pour identifier les vraies causes de cette guerre au Mali.

Le manque de matériels militaire dans les camps contribue, d’après M. Bocoum, à l’aggravation de l’insécurité. Ces camps sont en manque de satellites, de drones afin de prévenir ces attaques. Il n’omet pas le problème de renseignement, l’absence de stratégie pour repousser les ennemis.

Les soldats ont besoin de renseignement, indique Boukary Sangaré, chercheur à l’Institut d’étude de sécurité (ISS Bamako). Il faut améliorer le rapport entre la population civile et les militaires afin d’avoir des renseignements et prévenir ces attaques.

Le rôle de la sécurité d’État, qui est le service de renseignement, doit être de chercher les renseignements et informer les militaires, explique Sangaré. Il y a beaucoup de défaillance dans cet appareil de renseignement, a-t-il déploré.

Si le service de renseignements n’est pas efficace ; explique Bocoum, c’est parce qu’il manque de matériels. La France devra appuyer ces services dans ce cadre, souligne-t-il.

Le problème de renseignement militaire est un mal qui est revenu fréquemment dans l’intervention de tous les invités à ce débat de Studio Tamani.

Mamadou Konaté, chef du cabinet de sécurité Dongo, explique, contrairement aux autres, que l’autre problème est le manque de motivation des soldats sur le front. Parce qu’ils voient que certains de leurs camarades sont détachés et mis dans des zones où il n’y a nullement de guerre par favoritisme, soutient-il. Ceux ayant été nommés dans des administrations ; sur quel critère sont-ils nommés ? s’interroge M. Konaté.

Tant que le favoritisme règnera, les populations ne pourront pas aussi collaborer avec l’armée sur le plan renseignement, prévient le politologue Bocoum qui précise que ces populations ne se sentent pas mises dans leurs droits.

Cette insécurité peut également être expliquée autrement. Pour Boukary Sangaré, « Il fait un long moment que le nord enregistre des attaques de ce genre ». Le Nord avait été oublié pendant tout ce temps alors que le groupe État islamique se développait, précise-t-il.

Selon ce chercheur, les problèmes du centre ne devraient pas faire oublier le nord du pays.« C’est une guerre asymétrique » à laquelle le Mali fait face puisque les ennemis ne sont véritablement visibles, a souligné M. Sangaré.

Cette guerre n’est pas qu’asymétrique, indique M. Bocoum. C’est une guerre pour les richesses souterraines du Mali. La France n’est pas là pour aider ce pays, indique-t-il.

Les Français n’ont pas obligé les autorités maliennes à acheter des avions en mauvais états, rappelle Mamadou Konaté. La cause principale de cette guerre, c’est les Maliens eux-mêmes, notamment la hiérarchie militaire, explique-t-il. Les propositions faites par des militaires pour l’amélioration de la situation sécuritaire ne sont pas prises en compte, fait-il savoir.

« Le Mali est aujourd’hui un pays en voie de disparition », regrette Bocoum. Nous n’avons plus de pays puisqu’il n’y a que des superstructures. Parce que la gouvernance souhaitée ne sied pas, a précisé Politologue malien.

 Tant que les autorités maliennes ne s’assumeront pas, prévient Mamadou Konaté, cette crise ne prendra jamais fin. La question essentielle devrait être, suggère Konaté, si notre armée est réellement bien préparée pour mener cette guerre.

Ce ne sont pas avec des soldats de 17 ans, formés en six mois, que le Mali réussira à lutter contre ces terroristes, prévient Bocoum.

Le Mali fait face à une guerre de longue haleine, explique le chercheur de l’ISS de Bamako. Les solutions adoptées aujourd’hui sont de court terme alors que le pays a besoin de solutions de long terme afin de mettre fin définitivement à cette guerre.

La mise en application de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, selon M. Sangaré, peut contribuer à la sécurisation du Mali. Puisqu’elle donnera naissance à une armée reconstituée.

Selon Boukary Sangaré, il convient également de mettre en place des mesures de prévention en améliorant le rapport entre la population et l’armée.

Mamadou Konaté, chef du cabinet de sécurité Dongo, quant à lui, pense en plus de ces mesures proposées à la restauration de la confiance entre la hiérarchie militaire et les soldats sur le front.

F. TOGOLA

Source : LE PAYS

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