Route Samè-Kati : Gros porteurs, gros risques d’accident

En partance ou en provenance des capitales des pays voisins, ces mastodontes, souvent surchargés, font fréquemment des sorties de route. Les conséquences sont dramatiques

Un jour, Moussa attendait tranquillement, au bord de la route, son ami qui prenait de l’essence dans une station-service quand, soudain, il est percuté par un gros porteur dont le conducteur avait perdu le contrôle. Le jeune homme a perdu l’âme sur-le-champ. Cette scène effroyable est fréquente sur le tronçon Samè-Kati.  En effet, la Route nationale 3 qui passe par Samè pour rallier la ville garnison de Kati ne cesse de faire parler d’elle. Elle est l’une des voies les plus fréquentées de la capitale à cause des mouvements des gros porteurs en partance ou en provenance du Sénégal, de la Mauritanie, du Maroc.

Ces mastodontes sont principalement à la base des multiples accidents sur cette route. Selon les témoignages des riverains, c’est la surcharge des gros porteurs qui est en cause. En effet, ils peuvent être facilement entraînés par leurs poids lors de la descente sur Bamako. Quand les freins lâchent, le bolide devient incontrôlable. Alors certains conducteurs sautent de la cabine pour avoir la vie sauve. D’autres n’ont pas cette chance. Les accidents sont aussi dus à l’état défectueux de la route. Sur place, nous avons pu constater que la route de Samè est abîmée par endroits. Ce qui rend la circulation pénible voire très dangereuse. Les conducteurs les plus imprudents n’échappent pas à la chute, notamment les motocyclistes.

Parmi les stations-services qui bordent la route de Samè, se trouve celle d’Issa Diarra. D’emblée, le pompiste, natif du quartier, affirme que les accidents sont la plupart du temps dus à la négligence des chauffeurs. «Même si le chauffeur sait que le véhicule est défectueux, il préfère prendre le risque de le conduire soi-disant se débrouiller. Et très souvent, ils perdent le contrôle de l’engin. Nous sommes témoins de nombreux cas en longueur de journée», explique le jeune homme qui déplore également l’excès de vitesse.

«Il est interdit de rouler à plus de 50 km/h en ville, mais ces conducteurs vont jusqu’à 60 à 70 km/h. Les remorques s’engagent dans des courses folles pour se dépasser les unes les autres comme en compétition», ajoute-t-il. Pour lui, il s’agit de limiter la vitesse maximale et de taxer les récalcitrants. «Nous les jeunes de Samè, avons manifesté contre le stationnement des gros porteurs sur les abords de la route et notre préoccupation a été portée à la connaissance de la CCR», fait-il remarquer.

Quant à Issa Diarra, il interpelle les autorités afin de mettre le problème de la route au centre de leurs préoccupations. Un autre observateur estime que la circulation routière au niveau de Samè est très compliquée car, les chauffeurs ne respectent ni le Code de la route ni la loi, toutes choses qui entraînent des collusions dangereuses et mortelles. Ce dernier qui dit avoir travaillé 12 ans, comme enregistreur au poste de Samè estime que 80% des accidents peuvent être évités.

NOUVELLE STRATÉGIE- L’adjudant Makan Kanté en faction au niveau de Sirakoro Doufing, soutient que les accidents sur cette route sont dus à la pente et au rétrécissement de la voie. Il rappelle que le rôle des policiers consiste à assurer la bonne conduite des véhicules et notamment des personnes et de leurs biens. Les chauffeurs des gros porteurs ne doivent ni conduire ni stationner à partir de 6h du matin jusqu’à 9h car c’est à partir de 10h-13h qu’ils ont l’autorisation de circuler.

Toutes ces dispositions sont prises pour éviter les accidents de la route, souligne le policier, avant d’insister sur le fait que les documents des conducteurs interceptés pendant ces heures doivent être saisis moyennant une contravention à payer au niveau de la CCR. L’adjudant Adama Traoré de la section voie publique du 2è arrondissement de police abonde dans le même sens que son confrère du poste de Sirakoro en déplorant l’impraticabilité de la route de Samè qui, selon lui, devrait être élargie.

Le commandant de la CCR, Abdoulaye Coulibaly, s’empresse lui de dire qu’aujourd’hui, il y a peu d’accidents de gros porteurs sur la route de Samè en raison de la stratégie mise en place par les autorités routières. Cette stratégie consiste à mettre deux motards qui veillent sur le respect de l’arrêté portant règlementation de la circulation et du stationnement des gros porteurs.

La mesure interdit la circulation de façon permanente aux gros porteurs ainsi qu’à tous les véhicules lourds de plus de 3,5 tonnes de poids total en charge. Exceptionnellement, même si cela ne ressort pas dans l’arrêté, les camions frigorifiques transportant les denrées périssables tels que les aliments surgelés, de la viande, du poisson, du lait, des fruits et des légumes ou encore des animaux ne sont pas pris en compte par crainte d’éviter des pertes pour leurs propriétaires.

L’arrêté, en son article 6, interdit toute circulation des gros porteurs à l’intérieur de la ville sauf de 10 h à 13 heures sur les deux rives du fleuve sans possibilité d’emprunter les ponts sur le Niger et de 23 heures à 6 heures du matin. Par contre, exceptionnellement, la traversée, le jour, du Pont de l’amitié sino-malienne est autorisée de 9 heures à 11 heures et de 13 heures à 15 heures. Le même document en son article 7 interdit le stationnement des gros porteurs sur le domaine public des voies de transit et de desserte de Bamako.

«La mesure a été matérialisée par des panneaux de non stationnement des gros porteurs», affirme le commandant Garand Diakité, chef de la section motocycliste de la Police nationale. Des dispositions qui, selon la CCR, sont en train de porter fruit eu égard à la réduction des cas d’accidents sur le tronçon.

Tamba CAMARA

Source; L’essor

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