Au Mali, comme on le constate les partis politiques s’activent et aiguisent leurs couteaux. D’autres se créent et se déploient en prévision de juillet prochain. Tout ce mouvement est normal, légitime et intéressant pourvu que le fair-play soit au rendez-vous. Il faut que le jeu politique se conforme à l’enjeu qui n’est autre que la paix et la stabilité au Mali.
Ce qui m’inquiète un peu, c’est la velléité des religieux de s’impliquer directement dans le jeu politique. Les musulmans au Mali de par leur nombre et leur influence, sont certes incontournables dans toute prise de décision d’orientation nationale.
Les politiciens maliens, même s’ils ont l’imagination fertile, même si pour certains, ils sont dotés de moyens colossaux usurpés au peuple, même si la majorité dispose d’une chancellerie complaisante, ils sont obligés de tenir compte de l’avis des musulmans dans toute prise de décision d’orientation nationale.
Les associations islamiques jouent un rôle consultatif extrêmement important, un rôle irremplaçable que rien, ni personne ne pourra leur nier dans la conduite des affaires nationales. Les musulmans ont toujours œuvré et œuvrent pour l’entente et la cohésion dans ce pays. Mais ce qui est à craindre, c’est la velléité de certains religieux de basculer dans l’activisme.
A vrai dire quand un arbitre tronque sa tenue et son sifflet contre le maillot, il perd du coup sa neutralité et son autorité. On a vu dans certains pays arabes des groupuscules de musulmans hégémonistes qui considèrent tous ceux qui ne partagent pas leur doctrine sur toute la ligne comme des dissidents à mater sans pitié. Cela a contribué à enflammer ces pays.
Nous, membres de la communauté musulmane silencieuse du Mali, craignons de ne plus avoir de repère ni de recours en cas de dérive des tenants du pourvoir si, nos leaders basculaient dans l’activisme politique.
El hadj Drissa Doumbia
Ecrivain domicilié à
Yirimadio Bamako
Les Echos