Modibo Keita, un destin

La fédération du Mali naquit officiellement le 17 janvier 1959 et c’est ce jour que Léopold Sédar Senghor prononça le nom du « Mali », en souvenir de l’ancien empire dirigé par l’empereur Soundiata Keita. Selon Robert Cornevin : « c’était faire un pèlerinage aux sources d’un passé glorieux et rappeler le souvenir d’un royaume authentiquement noir dont la renommée à franchi pendant plusieurs siècles les limites du monde africain ».

Quarante-quatre constituants de quatre États de l’ex Fédération de l’Afrique occidentale : Sénégal, Soudan, Haute-Volta (actuel Burkina Faso) et Dahomey (actuel Benin), se réunirent pour décider de créer la fédération du Mali dont les bases avaient été jetées à la conférence fédérale de Bamako tenue fin décembre 1958.

A l’issue de six journées de travaux du 12 au 17 janvier, à l’unanimité l’assemblée constituante fédérale, réunie sous la présidence de Modibo Keïta, adoptait une constitution de soixante deux articles. Le 22 janvier 1959, la constitution fédérale est ratifiée par les assemblées législatives du Soudan et du Sénégal. La Haute-Volta et le Dahomey tardèrent à faire ratifier la constitution par leur assemblée respective, firent tout simplement défection, notamment à cause de pressions exercées par le Président Ivoirien Félix Houphouët Boigny, anti fédéraliste et soucieux du leadership de son pays, et la France qui n’approuvait pas une telle union.

Mamadou Keita alias Modibo Keita, toute sa vie a lutté contre la balkanisation de l’Afrique, son combat à l’unité des africains. Il n’a jamais accepté prendre l’indépendance de façon unitaire car pour lui l’Afrique n’aura son salut que dans une organisation d’ensemble et que morcelée ne pouvait faire face aux grandes puissances économiques.

Maurice Yaméogo de la Haute-Volta déclara ouvertement : « Notre rôle à nous Voltaïques est d’être en liaison avec Dakar et Abidjan, nous ne saurions nous absorber dans une seule fédération ». ( Guedel N’daiye, 1980). Quand au Dahomey, la démission collective de trente cinq députés anti fédéralistes et le risque de voir le projet de construction du port en eau profonde de Cotonou, transfère au Togo s’il adhérait à la fédération suffirent pour l’en éloigner, fin janvier le Président Apithy alors chef du gouvernement, exprima son désaccord sur la constitution fédérale.

Le rêve fédéraliste de Modibo s’accomplît, le Soudan et le Sénégal formeront la fédération du Mali pour le plus grand bonheur des deux peuples mais pour combien de temps ?
Sources : agenda du cinquantenaire (Notre Maliba Kera Anw Ta Yé 1960-2010).

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