#MaliSansVBG : en attendant la loi sur les violences basées sur le genre

Les violences basées sur le genre continuent à faire des ravages. Pour le blogueur Aliou Diallokei, si la société est la principale cause est sociale, l’absence de loi aggrave la situation.

 

En l’absence d’une loi spécifique contre les violences basées sur le genre en République du Mali, le Code pénal, qui date de 2001 en principe, protège toute personne contre tous types de violence. Mais, aujourd’hui, au regard des nombreux témoignages, les victimes des violences basées sur le genre ont du mal à trouver un répondant.

Pour de nombreux Maliens, convoquer quelqu’un devant les tribunaux est déjà très mal perçu. Alors, c’est pire s’il faut convoquer un frère, un oncle ou un conjoint.  Ce poids ne s’arrête pas dans les milieux sociaux. Il est aussi perceptible chez les forces de l’ordre. Djack, de son vrai prénom Djakardja, policier de son état, explique qu’en cas de problème avec sa famille, c’est la famille qui intervient.  « Je vois mal une femme, un homme venir me voir au commissariat pour une histoire l’opposant à son conjoint », déclare-t-il. Cet agent en conclut que ces types violences ont leurs solutions dans nos valeurs traditionnelles.

Lourdeur administrative

Les rares victimes qui décident d’entamer les actions judiciaires  finissent malheureusement dans de nombreux cas par abandonner la partie, soit à cause de la pression familiale ou encore de la lourdeur des démarches administratives et judiciaires.

Depuis 2017, un avant-projet de loi punissant les violences basées sur le genre est en attente d’approbation par le gouvernement. Une lenteur que déplorent plusieurs associations de lutte contre ces violences au Mali. Certains observateurs l’expliquent par la crainte d’une levée de boucliers de la part des organisations religieuses, comme ce fut le cas avec le code de la famille en 2009.

Procédures inadaptées

Une fois, au tribunal de la commune VI du district de Bamako, j’ai assisté à une scène où une mère devait témoigner dans une affaire d’héritage entre ses enfants. Face au collège de magistrats, elle a fondu en larmes, refusant de donner sa version des faits. Cette scène démontre à quel point il est difficile pour une femme de s’exprimer publiquement sous nos cieux. Elles sont éduquées pour la plupart à ne pas prendre la parole. Alors, imaginez une femme témoigner contre son mari ou un homme expliquer comment sa femme le bat. Ou encore une fille expliquer comment un groupe de jeunes l’a sexuellement agressée.

Au Mali, la législation est claire. Seul un médecin peut attester qu’il y a eu viol. Et pour cela, la victime doit être examinée de près. Toutes choses qui peuvent être vécues comme une violence de plus, quand on sait que cette consultation doit être faite dans les plus brefs délais, alors que la victime est encore sous le choc. « Par ailleurs, c’est par manque de cette attestation du viol par un médecin que beaucoup de prédateurs sexuels parviennent à s’en sortir une fois devant les assises », explique Broulaye Koné, un journaliste qui couvre les procès depuis plus de 10 ans.

Aujourd’hui, il presse de créer des conditions de jugement à huis-clos dans les cas où il s’agirait d’une violence basée sur le genre. Les forces de l’ordre dans les postes de police, commissariats, qui sont les premiers recours de la population en plus des médecins, doivent être formés à accueillir les victimes et à les prendre en charge.

Personnellement, j’invite la population à ne pas s’en tenir à une solution sociale ou familiale, et à alerter sur les cas de VBG via le numéro vert créé à cet effet : 80 333. Nous devons participer à l’arrêt de ces violences pour ne pas donner l’impression au monde que nous sommes une société de violence.

Source : benbere

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