Lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent: le PM dévoile le plan national de riposte

Le Premier ministre, Soumeylou Boubey MAÏGA, a présidé, hier lundi, la cérémonie d’ouverture de l’atelier de mise en œuvre de la Politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (PNLEVT) et le terrorisme et son Plan d’action 2018-2020 au Grand hôtel de Bamako. Cette rencontre, qui intervient seulement à quelques encablures des événements malheureux de la semaine dernière qui ont occasionné de nombreuses pertes en vies humaines suite à des attaques terroristes dans plusieurs localités du nord et du centre du pays, a été une occasion pour le PM d’annoncer la mise en œuvre d’actions déterminées contre la nébuleuse terroriste.

Outre le chef du gouvernement, la cérémonie d’ouverture de la rencontre s’est déroulée en présence de la représentante adjointe du secrétaire général des Nations unies au Mali, Mme MBaranga KASARABWE ; du ministre des Affaires religieuses et du culte, Thierno Amadou Omar Hass DIALLO ; de plusieurs membres du gouvernement, etc.
Initiée par le département en charge des Affaires religieuses et du culte en collaboration avec le bureau des Nations unies contre le terrorisme, cette rencontre regroupe, depuis hier lundi, et jusqu’au 31 janvier 2018, plus de 70 participants, tous acteurs étatiques et non étatiques, nationaux comme internationaux.
Il s’agit notamment des départements ministériels ; des gouverneurs de région ; des conseils régionaux ; des institutions publiques de l’État ; de la société civile ; des partenaires techniques et financiers (PTF), dont le bureau des Nations unies contre le terrorisme.
L’objectif est de préparer les mécanismes et instruments nécessaires pour l’institutionnalisation de la stratégie de lutte contre le terrorisme et sa mise en œuvre efficace, axée sur des résultats, des synergies des parties prenantes de l’évaluation et de son amélioration.
Il s’agit spécifiquement de susciter l’appropriation et l’adhésion à la PNLEVT et à son Plan d’action (PA) ; déterminer un mécanisme de gestion efficace de coordination, de communication et d’évaluation périodique de la stratégie et de son Plan d’action ; identifier, prioriser et hiérarchiser les actions à mettre en œuvre ; établir un chronogramme de mise en œuvre de ces actions prioritaires.
Après le mot de bienvenue de la représentante du maire de la commune III, Mme Nènè SOUKOUNA ; la coordinatrice humanitaire au Mali, Mme MBaranga KASARABWE, a souligné que la tenue de cette rencontre constituait une avancée considérable dans la recherche de la paix et la stabilisation du Mali.
Selon elle, la Politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme constitue un cadre de référence pour la mise en œuvre, la coordination et le suivi-évaluation des actions du Gouvernement contre ces phénomènes.
Le Secrétaire général des Nations Unies a souligné que l’ONU doit renforcer son soutien aux États membres pour lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Comme le définissent leurs mandats respectifs, la MINUSMA, le PNUD et le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies soutiendront les efforts des autorités nationales pour le retour de la paix et de la stabilité dans ce beau pays qu’est le Mali.
De même, a-t-elle fait savoir, les Nations unies restent déterminées à relever le défi du l’antiterrorisme et de l’extrémisme violent.
Dans son allocution devant l’Assemblée générale à l’ouverture de sa 72e session en septembre 2017, a-t-elle rappelé, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a annoncé son intention de convoquer à la fin du mois de juin 2018, le tout premier Sommet des chefs des organismes antiterroristes des États membres, qui offrira une occasion de concertation entre décideurs et praticiens sur le renforcement de la coopération internationale contre le terrorisme et pour forger une nouvelle stratégie antiterroriste internationale.
Dans son intervention, le Premier ministre, Soumeylou Boubey MAÏGA, a souligné que les événements de la semaine dernière si besoin en était, révélaient la pertinence de l’ordre du jour de cette rencontre. Ainsi, il a invité l’assistance à observer une minute de silence à la mémoire des victimes nationales et étrangères de ces événements malheureux.
À l’entame de ses propos, le PM a tenu à remercier tous les partenaires qui ont contribué au financement et à l’organisation de cette rencontre. Notamment, la MINUSMA, l’USAID, pour leur appui constant. Il a aussi salué la présence de secrétaire générale Adjoint des Nations Unies, dont l’organisation a assuré entièrement le financement de cette rencontre.
Moins d’un mois après l’adoption du document de politique nationale de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, l’organisation de cet atelier, a-t-il dit, est l’expression de la volonté affichée du gouvernement de lutter efficacement contre le fléau.
Il a expliqué que la multiplication des actes de terrorisme, dans leur forme et dans leur puissance, nécessite d’envisager des mesures plus fortes et plus heuristiques impliquant toutes les forces vives de la nation pour lutter contre l’insécurité grandissante qui n’épargne personne.
Cette menace, qui se caractérise par son expansion à l’ensemble du pays, son extension aux zones transfrontalières et la collusion avec les réseaux maffieux, nous impose une guerre asymétrique, a-t-il indiqué.
Cette situation se manifeste par des attaques contre nos forces armées et les forces étrangères et parfois même à des cibles dites molles (notamment les civiles).
Face à cette menace, le PM préconise l’application d’un Plan d’action en 3C et 3D.
Sur le volet opérationnel, il préconise un plan 3C (la complémentarité, la coordination et cohérence) des opérations menées contre la menace, entre FAMA, G5 Sahel, Minusma et Barkane.
En termes de stratégie, SBM annonce un Plan en 3D qui se décline en actions (Défense, diplomatie et de Développement).
Il a mis un accent particulier sur la dimension régionale des enjeux qui nécessite la coopération entre tous les acteurs de la région. Il en est de même de l’action militaire qui permet de faire le tri entre les partisans et les ennemis de la paix.
La discussion autour du plan d’action nationale doit permettre définir la place et rôle de chacun dans la mise en œuvre de la politique nationale. Pour une mise en œuvre efficiente de cette politique, le PM a engagé chaque partenaire à assumer sa part de responsabilité.
Aujourd’hui, le terrorisme est un phénomène qui menace les fondements de nos États, les valeurs sociales qui fondent nos sociétés.
«On essaye d’instrumentaliser les facteurs identitaires pour opposer les communautés et détruire des liens séculaires de coexistence. Et on invente les conflits au sein des communautés et entre elles», a-t-il dit.
Avant d’ajouter : «Je réaffirme ici que nous allons avoir une action déterminée pour combattre sans faille et neutraliser tous les éléments radicaux au sein de nos sociétés. C’est ça, c’est notre priorité, je vous rassure que c’est notre volonté sans faille».
Selon le chef du gouvernement, le terroriste est une menace pour l’ensemble des pays du monde, pour les valeurs que nous avons en partage.
C’est pourquoi, a-t-il souligné, notre pays ne peut pas être seul dans ce combat.
A cet effet, il a souligné la nécessité de poursuivre et de maintenir l’approche participative de l’ensemble des acteurs instaurée, depuis le début l’élaboration de cette politique. Autant les États et leurs démembrements doivent s’engager, autant, il est important, le selon le PM que tous les autres acteurs assurent leur part de responsabilité.
S’adressant aux participants de cette rencontre, notamment les leaders religieux, il a dira : «Chacun doit assainir son espace. C’est à ce prix que nous pouvons espérer combattre le terrorisme et l’extrémisme violent et gagner la bataille de la paix sociale, de la stabilité et du développement».
Notons que la PNLEVT s’articule autour de cinq piliers, dont les 4 ‘’P’’ de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme des Nations unies et une stratégie nationale : prévenir ; protéger ; poursuivre ; répondre ; cohésion sociale.

Par Abdoulaye OUATTARA

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