Lutte contre la corruption : Le Ministre Malick et le Procureur Kassogué déterminés à aller jusqu’au bout

Le Pôle Economique et Financier de Bamako vient d’ouverture des enquêtes sur certains dossiers de corruption et de délinquance financière. Des têtes, et pas des moindres, commencent à tomber. Des personnalités proches du régime sont citées dans ces scandales financiers. Du coup, c’est la panique générale dans la majorité présidentielle, longtemps considérée comme le refuge des fossoyeurs de la République.

De nombreuses études sur la gouvernance ont déjà démontré que la corruption  est à son paroxysme au Mali. Voler les derniers publics n’est plus un tabou au Mali. Du coup, la corruption semble être érigée  mode de gouvernance.

Selon un récent audit réalisé par les partenaires techniques et financiers, ces dix dernières années, plus de 700 milliards francs CFA ont été détournés des caisses publiques au Mali. Indignés par cette situation, les partenaires techniques et financiers ont exigé du gouvernement malien des explications sur cette tragédie financière, sans succès

Aujourd’hui, les conséquences des détournements de fonds publics sont  visibles dans tous les secteurs ou presque du pays. Et l’on peut affirmer sans risque que le mauvais état des routes, le sous équipement des hôpitaux ou encore l’insuffisance d’infrastructures d’éducation décriés partout par les populations, sont des conséquences de la corruption.

La lutte contre la corruption, un vain mot au Mali ?

La lutte contre la corruption est sur toutes les lèvres, mais elle n’a jamais été une priorité des autorités pour plusieurs raisons. La raison est que ceux qui sont censés combattre la corruption, sont ceux-là même qui  l’entretiennent.

Le Mali fait partie des pays  les plus  nantis en structures de contrôle des  finances ou de lutte contre la corruption, mais il est paradoxalement l’un  des pays les plus corrompus de la planète. Malgré  l’existence d’une dizaine d’organes de contrôle des finances qui fonctionnent à coup de milliards de FCFA,  les détournements des derniers publics  ne cessent de prendre  de l’ampleur.

La lutte contre la corruption est  devenue une chanson des hautes autorités,  mais  personne n’a été inquiété pour un quelconque détournement depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir. Alors que  les scandales de détournements  se sont multipliés sous son régime. On peut citer, entre autres, les scandales relatifs à l’achat de l’avion présidentiel, la surfacturation dans l’achat des équipements militaires,  l’affaire des avions militaires cloués au sol. Les personnes soupçonnées dans ces scandales ont trouvé refuge dans le camp présidentiel, afin d’échapper à d’éventuelles poursuite. Pire, des voleurs connus et cités dans certains dossiers de corruption ont bénéficié de promotions au Palais de Koulouba à la surprise générale des populations. Toute chose qui fait dire  à l’écrasante majorité des populations et aux partenaires techniques et financiers que  la lutte contre la corruption n’est qu’un vain mot  au Mali.  Dans la mesure où  les grands voleurs de la République  n’ont jamais été inquiétés par des poursuites judiciaires.

Le ministre Malick Coulibaly  et le procureur Kassogué pourront-ils changer la donne ?

Dès sa nomination comme ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et Garde des Sceaux, Dr Malick Coulibaly veut passer des mots aux actes. Il a pris l’engagement de promouvoir, non seulement, les droits de l’homme et  de restaurer l’autorité  de l’Etat, mais aussi et surtout  mener une  guerre totale et  implacable contre la corruption, l’impunité et l’incivisme. Depuis sa prise de fonction, l’intègre ministre de la Justice multiplie les initiatives dans ce sens.

Conscient qu’on ne peut relever ces défis sans une bonne organisation de l’appareil judiciaire, le ministre Malick  Coulibaly a réussi à faire muter 320 magistrats à travers les juridictions du pays. Une première au Mali. Cette vague de mutation a été une occasion pour le ministre de mettre l’homme  qu’il faut à la place qu’il faut,  avant de mener la croisade contre la corruption et d’autres maux qui gangrènent la société malienne. Il a été  prouvé qu’au Mali, l’appareil judiciaire est le  maillon faible dans la lutte contre la corruption, l’actuel ministre de tutelle s’attelle à prouver le contraire.

Nommé Procureur  en charge du pôle économique et financier il y a seulement trois mois,  Mamadou Kassogué, conformément au plan d’action du ministre de tutelle,   n’a pas tardé  de lancer l’offensive contre la corruption par l’interpellation du tout puissant président de l’Apcam, Bakary Togola. Soupçonné d’avoir détourné plusieurs milliards de francs CFA, Bakary Togola est placé, depuis vendredi dernier, en détention préventive  à la prison centrale de Bamako.  Cinq jours après, deux de ses collaborateurs  ont connu le même sort après avoir été entendus par le procureur Kassogué. L’arrestation de Bakary Togola a surpris plus d’un malien et fait couler beaucoup d’encre et de salive, quand on sait qu’il  est  considéré comme très proche de Koulouba, pour ne pas dire qu’il est l’un des bras droits du président IBK.

Pour certains, cette arrestation d’un proche du président de la République est  une étape décisive dans la lutte contre la corruption au Mali. C’est  une façon pour le procureur Kassogué de rappeler  que «nul n’est au-dessus de la loi» et qu’aucun corrupteur ou corrompu ne sera épargné. Pour d’autres, ce n’est qu’un  tapage médiatique pour  faire plaisir  aux partenaires techniques et financiers qui n’ont plus confiance  au régime actuel et commencent à  demander des  explications  au gouvernement  suite aux nombreux scandales financiers.

Quoiqu’il en soit, par cet acte, il n’est pas exagéré d’affirmer que le ministre Malick Coulibaly et le Procureur Kassogué ont la volonté de changer la donne dans la lutte contre la corruption. Mais ils ont juste  besoin du soutien et de l’accompagnement des populations pour mener, jusqu’au bout, cette guerre contre la corruption.   D’ores et déjà, le PPC du Pr Clément Dembélé, un mouvement qui se bat contre la corruption a  décidé de se constituer en partie civile dans l’affaire Bakary Togola.

Par ailleurs, pour aller vite et dans le soucis de faire participer tous les patriotes dans la lutte contre la corruption au Mali, le procureur en charge du Pôle économique et financier de Bamako a lancé «un appel à témoins » dans l’affaire dite les avions militaires cloués au sol». En lançant cet appel à témoins,  le Procureur  Kassogué sollicite indirectement  le soutien de l’ensemble des patriotes dans cette guerre combien difficile contre la corruption.

Aboubacar Berthé

Source: Le Serment du Mali

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