L’esbroufe d’un patriotisme frileux

De deux choses l’une : soit l’Imam Mahmoud DICKO et son lampiste de porte-parole de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’Imam Mahmoud DICKO, Issa Kaou N’DJIM, ‘’dealent’’ dans une répartition de rôles réglée comme du papier à musique, soit ils se la jouent solo avec des discours d’une abasourdissante dissonance. Il serait abusif de parler de ‘’rôlistes’’, parce qu’on n’est loin d’un jeu de société, et même d’un jeu tout simplement. Parce ce que surtout, la manœuvre est intrigante et méphitique.

 

La convocation avortée de l’ancien Président du Haut Conseil Islamique du Mali a donné l’illustration la plus effarante de ce jeu de duéttiste religieux. C’est d’abord Issa Kaou N’DJIM qui intervient après le show de son mentor paonnant en V8 devant une ‘’plèbe’’ déchainée d’endoctrinement pour faire barrage aux lois de la République en bloquant l’audition du nouveau prophète. Le discours est haranguant et enrageant : ‘’à la Place de l’indépendance, après la prière de ce vendredi, j’invite tous les Maliens à sortir massivement pour dire non à la mauvaise gouvernance’’ ; ‘’nous aimons ce pays et tout ce qu’il y a comme bien et matériel nous appartient’’ ; ‘’à bas IBK, vive le Mali, vive la démocratie. Oui, à bas IBK ’’ ; ‘’on va dire démocratiquement IBK dégage, on ne veut pas de toi démissionne, à bas IBK’’. Nonobstant quelques arrangements avec la démocratie, les valeurs de la République, le ton reste caustique et maintient vivace chez les fantassins la passion née du meeting du samedi 29 février où le message semble avoir été mal compris.

A contrario, intervenant quelques plus tard sur la radio ‘’Nyèta’’, l’Imam DICKO joue à fond la carte de l’apaisement. Après une matinée orageuse, chez le Cheick qui a pris la pleine mesure de la situation, le ton était à la désescalade. ‘’J’ai lancé un appel au calme et à la retenue’’ ; ‘’nous ne sommes pas les ennemis du pays. Nous n’allons pas mettre le feu à notre patrie ; nous n’allons pas détruire le pays’’ ; ‘’ (…). Il ne faut pas que nous soyons à l’origine de la déstabilisation de notre pays. La patrie est au-dessus de tout’’, a-t-il donné des gages, semble-t-il, en contrepartie de l’annulation de sa convocation. Ce qui laisse croire que tout n’a pas été dit sur cette affaire funambulesque.

L’on est d’autant plus fondé à croire une répartition des rôles qu’intervenant à la suite de son porte-parole, il n’a pas désavoué ce dernier dont le discours est clairement subversif.

Le mystère reste également entier sur l’échafaudage en cours, dans la perspective des prochaines manifestations anti-IBK. Une clarification s’impose.

 

PAR BERTIN DAKOUO

INFO-MATIN

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