Keniéba: la révolte qui tourne au drame

De violents affrontements ont opposé, hier lundi matin, à Keniéba, les populations, notamment des jeunes aux forces de l’ordre. À l’origine de ces incidents dramatiques qui ont fait un mort, plusieurs blessés graves et d’importants dégâts matériels (incendie de bâtiments administratifs et des cartes d’électeur acheminés il y a juste quelques jours), dans une ville en situation insurrectionnelle, les critères d’embauche dans la mine de Gounkoto de la Société Rand Gold jugés «discriminatoires» par les jeunes de Keniéba qui avaient bloqué l’usine pendant trois jours.

La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux : ‘’affrontements entre les populations et les forces de l’ordre à Keniéba, les manifestants ont incendié la Préfecture et le domicile du Préfet, des batailles rangées en cours entre manifestants et forces de l’ordre…’’
En début d’après-midi, un communiqué du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation apporte la précision: « Le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation informe l’opinion nationale, que ce lundi 11 juin 2018, à la suite d’un différend entre des travailleurs et la mine de SOMILO (Société Minière de Loulo Goukouto), des manifestants se sont attaqués aux édifices publics en saccageant les bureaux de la préfecture, la résidence du préfet, la résidence du premier adjoint et du deuxième adjoint au préfet ». Le communiqué ajoute que lors de ces attaques, ‘’les cartes d’électeur biométriques récemment conçues et reçues officiellement pour la tenue de la prochaine présidentielle ont été également brulées’’.
Regroupés au sein d’une association dénommée : Bureau Communal de la Jeunesse, les manifestants ont déclenché un mouvement de protestation en prenant le contrôle de la mine de Gounkoto qu’ils ont mis à l’arrêt.
Durant trois jours, les négociations engagées avec la Direction de Randgold n’ont pas permis de trouver une issue à leur revendication fondamentale qui est la reprise automatique des jeunes qui ont effectué des stages de plusieurs mois au sein de la société, mais qui « sont royalement ignorés au détriment de la main-d’œuvre en provenance de Bamako ou d’ailleurs » au moment des recrutements.
Contre ces pratiques, les jeunes de Keniéba y voient des pratiques mafieuses qui jurent avec les principes de l’équité et de l’égalité.
Les nombreux appels du pied des autorités administratives du Cercle auprès desquelles l’affaire a été déférée n’ont pas permis de lever le siège de l’usine.
C’est alors qu’intervient l’ultime médiation de l’huissier Sylvain Famakan Keita qui aurait permis de faire bouger les lignes. Après la levée du siège par les jeunes, qui ont opté pour des négociations, la direction de la société Randgold a décidé, selon les sources proches de l’affaire, de mener une contre-attaque.
Elle fait un constat d’huissier de l’arrêt de la production, met en branle une procédure de sanctions disciplinaires de responsables du Bureau Communal employés dans la mine, lesquels écopent des suspensions et des demandes d’explication, des poursuites judiciaires qui se traduisent par des interpellations à tour de bras.
Ulcérés et dépités par la tournure des événements, les jeunes multiplient les rencontres avec les autorités communales, les leaders traditionnels afin d’éviter que la contestation ne prenne une tournure dramatique. C’est ainsi qu’ils se seraient rendus auprès du Préfet pour lui demander d’agir. Celui-ci, visiblement offusqué par leur «attitude jusqu’auboutiste» leur oppose une fin de non-recevoir. Tout serait parti de cette entrevue qui aurait mis le feu aux poudres.
Selon des témoignages sur place, les jeunes manifestants ont donc commencé hier lundi par incendier la Préfecture et les domiciles du Préfet et des sous-préfets. Des batailles rangées ont donc éclaté entre frondeurs et forces de l’ordre dans le centre de la ville qui se trouve en état de siège. Les commerces sont fermés.
Le gouvernement à travers le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a condamné avec la dernière rigueur cet acte odieux qui ne peut rester impuni. Face à la situation, le Gouverneur de Kayes, accompagné de renforts, du procureur de Kayes et une forte délégation ont fait le déplacement hier à Keniéba.

Par Sidi Dao

Communiqué du Ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation
Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation informe l’opinion nationale, que ce Lundi 11 juin 2018, à la suite d’un différend entre des travailleurs et la mine de SOMILO (Société Minière de Loulou Goukouto), des manifestants se sont attaqués aux édifices publics en saccageant les bureaux de la Préfecture, la résidence du Préfet les résidences du Premier Adjoint et du Deuxième Adjoint au Préfet.
Lors de ces attaques, les cartes d’électeur biométriques récemment reçues ont été également brûlées.
Le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation condamne avec la dernière rigueur cet acte odieux qui ne peut rester .impuni.

Le secrétaire général

Babahamane Maïga

Chevalier de l’ordre national

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