Jugés pour “enlèvement d’enfant et complicité” Aminata Fomba condamnée à deux ans d’emprisonnement avec sursis Djinèma Koumaré, son mari, acquitté

Cour d’assises a requis deux ans d’emprisonnement avec sursis contre Aminata Fomba, inculpée pour enlèvement d’un enfant de trois mois à Sirakoro Méguétana, en commune VI. Son mari, Djinèma Koumaré, accusé de complicité, a été acquitté.      

Cette affaire s’est passée en 2017, à Dogo, dans le cercle de Bougouni. Elle concerne la dame Aminata Fomba qui, n’ayant pas eu d’enfant après trois ans de mariage, décida de mettre en place un plan pour sauver son couple. Elle convainquit donc son mari Djinèma Koumaré qu’elle est enceinte et qu’elle souhaiterait se rendre à Bamako pour accoucher. Son époux lui remit, à cet effet, de l’argent. A Bamako, elle trouva à se loger dans le quartier de Sirakoro-Méguétana.

Dans ce quartier périphérique, elle repèra un bébé, dont les parents, Boubacar Guindo et Kadia Guindo, respectivement cordonnier et coiffeuse, travaillent côte à côte, dans le marché du quartier. Alors, Aminata Fomba lia amitié avec ce jeune couple. Elle passait ses journées près de l’épouse et multipliait les attentions à l’égard de son bébé.

Puis, au cours d’une de ses promenades, Aminata Fomba disparut avec le bébé du couple Guindo. Ensuite, elle téléphona à son mari pour lui dire qu’elle venait d’accoucher d’un garçon à la maternité de Niamakoro. Celui-ci, après une concertation avec les membres de sa famille, baptisa l’enfant du prénom de Tiémogo, sans autre cérémonie.

Au retour d’Aminata à Dogo, dans le cercle de Bougouni, la nouvelle de l’accouchement se répandit comme une trainée de poudre dans la ville, toutefois, dans un certain scepticisme, en raison des circonstances de la naissance du bébé. Bientôt, on accusa la  »nouvelle maman’‘ de vol d’un bébé.

Un habitant de Dogo, qui avait des affinités avec les époux Guindo et qui savait, par ailleurs, que leur bébé avait été volé à Bamako, invita ces derniers à Dogo en vue de vérification sur l’identité de l’enfant.

Arrivés précipitamment à Dogo, les époux Guindo reconnurent aussitôt leur bébé. Devant l’évidence d’une fraude à l’enfant, le maire et le sous-préfet de Dogo décidèrent de le rendre à ses parents.

Devant la Cour, Aminata Fomba, a reconnu les faits à elle reprochés. Elle dira qu’elle est la seule responsable de ses actes. Puisqu’elle a menti à son mari qu’elle était enceinte et l’a aussi convaincu d’accepter qu’elle accouche à Bamako.

A la question de la Cour de savoir comment elle a pu échapper aux parents en emportant l’enfant, elle expliquera que la maman de l’enfant lui a remis le bébé pendant qu’elle tressait une cliente, « j’ai fui avec le bébé jusque chez moi. J’ai appelé mon mari pour l’informer que j’ai eu un enfant. J’ai pris le premier car dans la matinée pour regagner  Dibabougou« .

Interrogé, son mari avouera qu’il n’avait pas soupçonné que sa femme portait une grossesse fictive, puisqu’il travaille dans un autre village: « je lui ai remis de l’argent pour qu’elle parte chez des parents afin d’accoucher. Car, elle ne faisait pas confiance aux jeunes sages-femmes du village. J’ai ensuite choisi le nom de Tiémogo pour l’enfant ». S’expliquant sur l’absence de cérémonie de baptême, il dira: »Chez nous, il n’y a pas de cérémonie pour les nouveaux-nés ».    

Pour le Ministère public, les faits sont constants dans le dossier. La femme doit être retenue dans les liens de l’accusation, conformément à l’article 240 du code pénal.

Pour la défense, « cette dame a agi par amour. Confrontée à la concurrence de ses deux coépouses,  elle voulait avoir un enfant de son mari ».Et de souligner que la dame a commis ce crime par amour, avant de citer la célèbre pensée de Blaise Pascal: « L’amour a ses raisons que la raison ignore ».Sur ce, l’avocat a demandé à la Cour des circonstances atténuantes pour sa cliente.

Au terme des débats, la Cour a reconnu des circonstances atténuantes à Aminata Fomba et l’a condamnée à deux ans de prison avec sursis, au paiement de 300.000 FCFA pour dommage et intérêt au père de l’enfant enlevé. Elle a acquitté le mari d’Aminata.

O BARRY

Source: l’Indépendant

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