Journée du 8 mars : c’est pour les aide-ménagères aussi !

A Bamako, comme dans nombre de capitales régionales, des jeunes filles venues du monde rural sont employées dans certaines familles pour faire office d’aide-ménagères. Pour la blogueuse Naba Samaké, la question des droits de ces filles doit être au cœur de la célébration de la journée du 8 mars.

Il s’agit des filles de ménage, communément appelées «52 » ou « Barakeden ». Nous les rencontrons  dans notre vie de tous les jours en train de travailler, jour et nuit, pour accomplir les tâches domestiques. Elles sont en mission : chercher de l’argent pour leur trousseau de mariage. Pour la plupart d’entre elles, venir à Bamako est plus qu’une question de recherche de ressources financières et matérielles : c’est plutôt pour sauver l’honneur des mères le jour de leur mariage.

Cette forme de migration rurale est perçue comme un vecteur d’émancipation de ces jeunes filles, qui viennent travailler dans les zones urbaines pour gagner de l’argent. Cependant, en venant dans les villes, elles galèrent juste pour accomplir la lourde mission que leur a confiée leur communauté sans demander leur avis. En effet, la petite fortune amassée servira non pas à leur construire un avenir, comme par exemple investir dans des activités génératrices de revenu. L’argent issu de ces quelques années d’efforts serviront à satisfaire les attentes sociales, qui veulent que les mamans procurent les ustensiles et habillent leurs filles lors de son mariage.

La ville et ses contraintes

Dans les grandes villes, la vie aux côtés des gros bonnets que sont les patronnes peut souvent être difficile pour la plupart de ces jeunes filles. Certaines tiennent, tandis que d’autres retournent au village les mains vides. « Venir à Bamako est un choix dans notre village, à Teninkou. Mais si tu décides de rester au village, il n’y a pas assez d’activités génératrices de revenu pour les filles, à part le commerce de patate ou de condiments. Nous avons grandi en voyant nos ainées revenir de Bamako avec de l’argent et de jolies tasses. Alors,  nous aussi, nous devons faire comme elles.», confie Tata Coulibaly. Avant d’ajouter : « La vie à Bamako n’est pas facile. On en voit de toutes les couleurs, mais tout ce qui compte pour nous est notre rémunération qui est souvent un problème. On se résigne et on pense au jour où on exposera nos trousseaux à tout le village ».

Pourtant, ces jeunes femmes, indispensables de nos jours dans certaines familles des zones urbaines, sont marginalisées. Elles sont souvent victimes d’abus en tout genre. Tout d’abord, la plupart viennent généralement travailler étant mineures. Toutes choses qui constituent évidemment une violation des droits des enfants consignés dans la Convention des droits des enfants, ratifiée par le Mali le 20 septembre 1990. Ainsi, à travers le « barakedeyan », leur droit à l’éducation est violé au vu et su de tous. En plus, certaines sont harcelées, violées, abusées physiquement et verbalement. D’autres se tournent même vers le travail du sexe.

« Nous sommes toutes des femmes »

Leur situation me rappelle quelque peu l’histoire de la journée internationale des femmes. A mon avis, il est difficile de parler de cette journée sans parler des droits de ces jeunes filles qui se donnent au travail pour honorer leur famille. Respectons-les. Tout comme nos filles, elles ont des droits. La femme au bureau, la femme au marché, la femme de ménage : nous sommes toutes des femmes !

En ce 8 mars, nous devons penser à revendiquer les droits de ces jeunes filles qui sont d’une grande aide dans la gestion de nos ménages. Plus important encore, elles sont autant femmes que celles qui les embauchent, autant enfants que les ascendances de celles qui louent leurs services. Ainsi, la question de ces filles est non seulement une question de droits des enfants, de droits des femmes mais surtout une question de droits humains. Car les violences contre elles violent toutes les conventions ratifiées par le Mali.

 

Source: benbere

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