Journée de la non-violence éducative : « Pour un oui ou pour un non, il me frappait ou me grondait »

Dans le cadre de la journée de la non-violence éducative, célébrée le 30 avril, le blogueur Sagaïdou Bilal livre le témoignage fictionnel de Hamza, enfant orphelin de père et élevé loin de sa maman, victime de violences de la part de son oncle qu’il finira par quitter. 

 

Je m’appelle Hamza. Je suis orphelin de père. D’après ce que m’a raconté ma mère, mon père est décédé juste quelques semaines après ma naissance. Autour de mes 12 ans, mes oncles paternels sont venus me chercher chez ma maman dans une ville du centre du pays pour m’emmener au village. Pour eux, le milieu urbain était perçu comme un lieu susceptible de faire de moi un enfant raté.

Ma mère ne voulait pas que je sois élevé loin d’elle. Elle disait que c’était le vœu de mon défunt père Ali, mais qu’elle était contrainte de me laisser partir avec mes oncles. « Dans notre coutume, on a l’habitude de dire que le meilleur endroit pour élever un garçon, c’est nécessairement auprès de ses parents du même sexe. C’est peut-être ce qui a motivé tes oncles à venir te chercher. Après tout, ce sont tes parents aussi au même titre que ton père et moi », s’était-elle justifiée.

« On ne m’a pas fait de cadeau »

Au village, on ne m’a pas fait de cadeau. Peut-être que c’était pour mon propre bien, comme maman le disait. J’ai travaillé dans les champs, allais à la pêche, faisais le pâturage des brebis comme un enfant berger savait le faire, défrichais les champs (pas tout seul, bien sûr, mais c’était fatigant pour mes petits muscles). J’ai eu la chance d’être inscrit et à l’école coranique et à l’école dite conventionnelle. Mais le poids des travaux qui m’étaient confiés m’empêchaient de me concentrer.

J’ai grandi dans un village où j’ai connu la solitude, même si j’étais bien entouré. J’ai souffert comme beaucoup d’enfants élevés loin de leurs deux parents. Je me souviens d’un oncle qui était dur avec moi à tel point qu’à un moment donné, je ne souhaitais que sa mort. Je pensais que seul le fait de le voir crever pouvait être une délivrance pour moi. Pour un oui ou pour un non, il me frappait ou me grondait. Sa présence me gênait énormément. J’étais devenu timide, car j’avais finalement peur de dire des choses qui pourraient me valoir une correction de sa part.

« Tout a une fin… »

On le dit, « tout a une fin… ». Une fin qui peut être heureuse ou malheureuse. Lors d’une saison de récolte, une tante est venue passer un séjour au village. Elle réside dans une ville du nord du pays. Voyant les conditions dans lesquelles j’étais, elle a exprimé sa volonté de partir avec moi. Ce qui a été difficilement accueilli dans la famille, mais vu qu’elle n’avait pas encore eu d’enfant après une dizaine d’année de mariage, ses frères, mes oncles ont fini par céder.

Après deux semaines d’attente, je suis parti loin du village. J’ai retrouvé la vie au nord du pays, à Gao plus précisément. Avec ma tante Aïcha (son nom), j’ai compris qu’un enfant a aussi des droits comme les adultes. Avec elle, j’ai compris qu’on peut être éduqué sans recours à la violence comme le faisait mon oncle au village.

Cela fait maintenant trois ans que je vis avec elle et mon tonton, son mari. Ils me protègent, me nourrissent très bien. Ils font tout pour me tenir à l’écart de leurs disputes pour ne pas que cela ait une répercussion sur moi. Ils font également tout pour que je puisse garder le contact avec ma mère.

Source : Benbere

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