Journalisme mobile : Douze journalistes apprennent le b.a.-ba à Bamako

La Deutsche Welle Akademie a organisé, du 2 au 12 octobre 2018 à Bamako, une formation au journalisme sensible au conflit et au journalisme mobile, au profit d’une douzaine de journalistes du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Au Mali, les magistrats sont en grève depuis plusieurs mois. Ils revendiquent plus de mesures sécuritaires autour des tribunaux et la relecture de leurs statuts portant sur la revalorisation de la paye judiciaire. Conséquence de cet arrêt de travail : la délivrance des casiers judiciaires est à l’arrêt. Pourtant, il s’agit d’une pièce exigée pour le dépôt des candidatures aux élections législatives du 25 novembre prochain. Afin de débloquer la situation, le gouvernement, conformément à la loi N°87-48 /AN-RM du 4 juillet 1987, a réquisitionné des magistrats pour assurer le service public ; de quoi provoquer le courroux des deux syndicats de magistrats qui ont demandé à leurs membres, à l’issue d’une assemblée générale, le mercredi 10 octobre, de boycotter cette réquisition. Le conflit est patent, le bras de fer continue.

Le traitement d’un tel sujet de conflit nécessite de la part du journaliste une capacité d’analyse plus poussée pour aller au-delà de la partie visible de l’iceberg. C’est l’un des défis qu’a tenté de relever Mahamadou Chatou. A l’instar de cette journaliste nigérienne de la Radio Alternative, ce sont onze autres journalistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso qui ont traité des sujets divers sous l’angle du journalisme sensible aux conflits. 
« L’invasion de la jacinthe d’eau sur le fleuve Niger, la gestion des ordures dans la commune 2 de Bamako, l’immigration clandestine des jeunes, les per diem dans la presse, etc. », sont autant de sujets auxquels se sont intéressés les journalistes.
Avant de se rendre sur le terrain, les journalistes, issus essentiellement de la radio, ont d’abord été formés à l’analyse systémique des conflits, un module dispensé par Vicky Grime. Cette première étape leur a permis entre autres de distinguer les types de conflits, d’étudier les causes et les manifestations des conflits, d’identifier les acteurs et de comprendre les techniques d’intervention dans un conflit. L’exercice a consisté à analyser, d’un côté, le conflit entre agriculteurs (zarma) et éleveurs (peuls) qui a eu lieu en 2013 au Niger ; et, de l’autre côté, la contestation des résultats de l’élection présidentielle malienne en 2018.

Après cet exercice, les participants ont été embarqués dans l’univers du journalisme mobile, cette nouvelle pratique de journalisme qui consiste à exploiter au maximum les capacités du smartphone, ce couteau suisse qui, souvent, n’a rien à envier aux ordinateurs, appareils photos et caméscopes. 
Au cours donc de cette deuxième étape de la formation animée par Charlotte Noblet de la DWA et Herman Frédéric Bassolé du journal en ligne lefaso.net, les apprenants se sont familiarisés avec plusieurs types d’applications Android. Il s’agit notamment de Open Camera pour la photo et la vidéo, de Phonto et Canva pour légender les images, de Com-phone pour les photos sonores et de Pixgram pour les diaporamas.

Au terme de la formation qui a duré onze jours, les participants ont rejoint leurs bases respectives en promettant d’arroser la graine du journalisme sensible aux conflits et du Mobile journalisme (MOJO) semée en eux, à travers notamment la restitution dans leurs rédactions. 
Ce n’est qu’en s’exerçant sur le terrain qu’ils réussiront à maîtriser les applications et leçons apprises. En attendant, les articles produits dans la ville de Bamako seront progressivement publiés sur le blog Pax sahel (www.paxsahel.com), géré par le Réseau d’initiatives de journalistes.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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