Intox et désintox: le raffut du Dodu national

Entre la fierté d’hier du Malien et l’indignité du vibrant et émouvant plaidoyer du Dodu national dans le cadre de la réponse humanitaire en faveur des déplacés et réfugiés, le contraste est saisissant.
Face à l’INTOX de destruction massive, nous vous proposons la DÉSINTOX de construction massive.
Lisez les croustillantes PÉPITES de la semaine.

Le grippe-sou
INTOX
Le digne représentant de ma famille d’abord et inamovible ministre chargé de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, lors de la célébration de l’édition 2019 de la journée mondiale de l’aide humanitaire, vante le mérite des femmes : « les femmes constituent un grand nombre de tous ceux qui risquent leur vie pour sauver les autres ».
DÉSINTOX
Braves dames, prêtes à aller jusqu’au martyre. Que le Seigneur Tout-puissant accorde son repos éternel à toutes celles qui ont fait don de leur vie pour les démunis. Qu’il perturbe le repos présent de ceux qui sont vautrés dans le confort de l’indifférence à la misère de leurs congénères. Bon ! Dieu me pardonne ce péché. Il a dit qu’il ne faut pas maudire son prochain ; mais il a aussi prescrit le partage avec les pauvres et les démunis. Or, il semble que nous sommes gouvernés par des fesse-mathieux, à l’instar de notre rondouillard qui se croit obligé de parcimonie. Il est vrai que l’entretien de son envergure physique grèverait n’importe quel budget ; mais tout de même, même Lazare a pu se nourrir des miettes qui tombaient de la table du riche. Il faut laisser tomber quelques miettes. Cela ne constituerait pas un péril sur la vie du Dodu national qui n’est certainement pas près de risquer sa vie comme ces braves femmes dont il vante si bien l’altruisme, le sacrifice.

La couardise
INTOX
Et notre grassouillet d’ajouter : « elles sont souvent les premières à réagir et les dernières à partir ».
DÉSINTOX
Cela inspire quoi au Dodu national qui fait montre d’un talent laudatif à faire pâlir Balla Fasseké ? Il faut fouetter les esprits amnésiques et endormis. Au début de l’intervention des forces internationales au Mali, Ba Idrissa du Tchad a dit : « Maliens, nous vous attendons au Nord ».
Ils n’ont pas pique-niqué à Bamako, comme beaucoup d’autres vacanciers en farniente au Mali grâce à cette généreuse crise protéiforme ; mais ils ont foncé directement au Nord. Ils nous y attendent toujours. En matière de réponse humanitaire, dans quel ordre d’arrivée faut-il placer notre poupard ? Certainement pas le premier rang. Pourquoi ? Il y répond en filigrane dans son apologie du travail des femmes humanitaires : ‘’ il y a eu 369 attaques contre des travailleurs humanitaires, dont la plupart ont été perpétrées à travers des enlèvements, des détentions et des agressions, qui ont entraîné la mort de 120 travailleurs’’. Alors, ‘’prudence est mère de sûreté’’ : il ne faut pas aller braver nos hôtes indésirables sous le prétexte d’une assistance humanitaire. Après tout, personnellement, n’est-ce pas plus commode de nager dans la dolce vita à Bamako, avec de rares excursions dans les endroits où le climat est supportable ?

Le mépris
INTOX
Le Dodu national en rajoute une couche à sa flagornerie : « leur présence est plus que jamais nécessaire pour renforcer la réponse humanitaire mondiale ».
DÉSINTOX
C’est vrai, mais il faut balayer d’abord devant sa porte en apportant une réponse humanitaire nationale aux déplacés du poste de Nyamana (par exemple) qui n’ont comme compagnie habituelle que les mouches du garbal. Ils sont dans un besoin criant de protection, de sécurité alimentaire, de nutrition, de santé, d’éducation, d’eau, d’abris. Ils manquent même de latrines pour satisfaire leurs besoins naturels. Tous les jours, ils (ces pontes au pouvoir qui ne pondent rien) passent à côté de cette misère insultante, les vitres teintées ou noires montées, la climatisation à fond. Point besoin de détourner le regard, puisqu’ils sont invisibles derrière cette barrière de vitre. Quand les journaleux troublent leur tranquillité en remettant sur la place publique cette misère normalement insupportable pour toute conscience humaine, ils embarquent les mêmes journaleux dans les V8 dont ces derniers insultaient l’insolence pour être les témoins oculaires d’un show philanthropique à rapporter fidèlement. Du tape-à-l’œil ! C’est comme cela qu’ils se donnent bonne conscience et endormissent le peuple. Mais, la misère est intacte ; elle n’a pas reculé d’un iota. Les pauvres sont toujours au garbal à patauger dans la boue.
Donc, le griotisme à l’endroit du personnel humanitaire féminin n’absout absolument pas le mafflu qui n’est pas sans rappeler un ministre d’un pays d’Afrique centrale qui, dans son plaidoyer, en Belgique, en faveur de sa population, disait pour émouvoir son auditoire : « En Afrique, nous avons faim ». Au lieu d’un vague de sympathie et d’un élan de solidarité, il a récolté une désapprobation unanime.
« À voir vos rondeurs, cela est difficile à croire », lui aurait-on rétorqué. À méditer…

La mortification
INTOX
« Évoquant la situation et les défis humanitaires du Mali, le ministre a indiqué qu’aujourd’hui, plus de 285 000 Maliens sont considérés comme des déplacés à l’interne et externe. Parmi eux, il a cité un chiffre de plus de 147 000 personnes déplacées internes et plus de 138 000 réfugiés maliens au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger ».
DÉSINTOX
Ah ! Les stats, encore les stats, toujours les stats ! Le meilleur moyen pour rançonner les âmes sensibles par la magie de la manipulation par les chiffres. Donc, toute cette pommade, c’était pour ça, tout ce raffut c’était pour sonner la mobilisation financière pour le Mali. Le Tam-tam pour le Mali du Dodu national. Vous voyez, nous avons des milliers de déplacés et de réfugiés, la situation est catastrophique, il y a une urgence humanitaire, si vous ne volez pas à notre secours, ce sera l’hécatombe, et patati et patata. Toujours là à tendre la sébile ; aucun génie pour trouver les ressources endogènes pour faire face à une situation qui découle d’une faillite de gouvernance qu’il faut assumer debout et altier. C’est à ce prix qu’ils auront le droit d’invoquer à tout crin Babemba, Tieba, Banzani, Firhoun dont les noms sont devenus des cure-dents galvaudés. Eux ne quémanderaient pas de la nourriture ; eux ne s’aplatiraient pas devant des étrangers ; eux, ils avaient le sens de l’honneur et de la dignité. Mais quand on est réduit à quêter le pain quotidien, la dignité se sauve en vitesse par la fenêtre, parce qu’elle ne cohabite jamais avec l’abaissement, la mortification. Pourtant, voici où en est le ce grand Mali d’hier. Une poignée s’empiffre et s’engraisse, pendant que le ventre de la majorité crie famine. Si c’est cela, le ‘’Mali kura’’ promis, nous sommes vraiment bien servis.

L’abdication
INTOX
Pourtant, le Dodu national sait et reconnaît la précarité de l’aide internationale : « pour juguler cette catastrophe humanitaire, une requête du Plan de Réponse Humanitaire pour 2019 de 296 millions de dollars est adoptée. Et elle est financée, selon la représentante des Nations Unies, à seulement 30 % (92 millions de dollars sont mobilisés) grâce aux contributions des donateurs ».
DÉSINTOX
Vous voyez, les donateurs sont éreintés à force de nous supporter, de nous alimenter, de nous garder sous perfusion. Seulement, 30% de taux de mobilisation pour le Plan de réponse humanitaire. C’est dérisoire non ? Oui, pour ceux qui pensent que l’aide doit provenir exclusivement des autres, des ‘’généreux donateurs’’. Non, pour ceux qui croient que ‘’l’aide la plus noble et la plus utile est et sera celle qui proviendra de nous-mêmes’’ (slogan du temps de GMT). Avec 30%, soit près du tiers des besoins à couvrir, une bonne partie du chemin est parcourue. L’honneur et la fierté commanderaient de pouvoir prendre sur soi le reste de la charge. Hélas, ces vertus suprêmes ont fui nos dirigeants depuis qu’ils ont goûté aux délices du pouvoir. À ce slogan d’honneur ‘’l’aide la plus noble et la plus utile est et sera celle qui proviendra de nous-mêmes’’, ils ont substitué cet ignominieux slogan : ‘’Na n’ta’’ (viens me prendre). Naturellement, ils espèrent contre toute espérance les contributions des donateurs ; quand bien même nous ne sommes pas dans la sphère de la foi. Ils s’entêtent à croire le miracle, parce qu’ils ont abdiqué. Han, nin yé ko yé. Cela n’est ni l’honneur ni le bonheur des Maliens. Merci de nous avoir filoutés.

 

Source: info-matin

Suivez-nous sur Facebook sur