“Initiative pour le Mali” (IPM) : La 3è voie !

Le cercle de réflexion et d’actions “Initiative pour le Mali” vise à mobiliser  les cadres de l’administration publique, de l’université, du secteur privé, de la société civile et de la diaspora autour de la recherche de solutions durables à la crise socio-politique et l’émergence du Mali. 

Notre pays, le Mali, traverse une crise sans précédent, qui tend à perdurer depuis 2012. Cette crise, débutée par la révolte des rebelles Touaregs, s’est exacerbée par l’implication des islamistes et des  terroristes. Elle a entrainé un soulèvement populaire à Bamako et une série de mutineries conduisant au départ du Président élu. Le coup de force, ainsi perpétré, a entrainé l’effritement de la chaîne de commandement conduisant à la perte de la souveraineté nationale sur une grande partie du nord du pays.

Avec l’appui de la communauté internationale et des forces françaises, l’hémorragie fut stoppée. Ce qui a permis un retour à l’ordre constitutionnel et l’élection d’un Président de la République en juillet 2013. Par la suite, un accord de paix fut conclu en 2015 sous l’égide de la communauté internationale.

Malgré ces avancées importantes, la crise sécuritaire perdure et prend même des proportions alarmantes avec les massacres de populations civiles faisant craindre une guerre ethnique au centre du pays. Ainsi, la situation du pays, notamment sur les plans sécuritaire et militaire, a continué à se dégrader malgré : l’adoption d’une loi de programmation militaire et une loi de programmation sécuritaire ; de dépenses en équipements, formations et augmentation de revenus pour les militaires et agents de force de l’ordre.

C’est dans ce contexte difficile, accentué par la crise du Covid-19, que se sont tenues les élections législatives visant à légitimer une Assemblée nationale, dont le mandat expiré depuis 2018, avait été prorogé par la Cour constitutionnelle. Les résultats définitifs proclamés par cette même Cour seront contestés avec véhémence dans plusieurs localités du pays.

Face à cette situation alarmante,  des groupes de citoyens  maliens se sont organisés pour exiger la démission du Président de la République.

Ainsi, des dizaines de milliers de Maliens étaient sur le Boulevard de l’indépendance le 5 juin 2020, à l’appel des groupements comme la Coordination des Mouvements et Association de l’Imam Mahmoud Dicko (Cmas), le Front de Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et Espoir Mali (EMK). Ce qui a amené certains compatriotes à se demander si on pouvait encore sauver le Mali ?.

La situation est certes alarmante, mais elle n’est pas inespérée. Au regard de l’état critique dans lequel se trouve notre pays, en accord avec quelques cadres de l’administration publique, de l’université, du secteur privé de la société civile un Cercle de Réflexion et d’Action dénommé “Initiative pour le Mali” en abrégé IPM a été porté sur les fonts baptismaux.

Ce nouveau regroupement  entend réfléchir sur les modalités de sortie de crise et d’émergence du pays pour assurer la stabilité des actions de développement. Il est louable que les actions qui suivront soient menées par la masse silencieuse qui s’auto exclue de la scène politique mais qui dispose d’une quantité de ressources nécessaires à la résolution des défis auxquels fait face notre pays.

 

  1. Analyse de la situation sociopolitique :

L’analyse de la situation sociopolitique de notre pays  montre à suffisance l’état de déliquescence de notre pays. La crise a été accentuée par les fréquents scandales de détournements de fonds publics. Chaque jour amène son lot de révélations, de dénonciations et de rapports accablants. Les affaires restent en traitement auprès des juridictions compétentes sans que la lutte contre la corruption tant souhaitée ne donne les fruits espérés.

Sur le front social, la non-application de l’article 39 de la loi n°2018-007/ du 16 janvier 2018 portant Statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale, entraîne un bras de fer entre l’Etat et les syndicats de l’éducation. Cet état de fait a entraîné la paralysie de l’école malienne depuis janvier 2020 faisant craindre une année blanche.

Le contexte est donc marqué par des crises successives qui se superposent rendant la gouvernance du pays délicate malgré l’accord politique de décembre 2019 qui a permis la mise en place d’un gouvernement d’union.

Ainsi, les massacres se poursuivent au centre du pays, ce qui entraine la prolifération des milices d’autodéfense, conduisant à la détérioration du climat et le délitement du tissu social. Ce qui met en péril le vivre ensemble si cher aux Maliens.  Pendant ce temps, un Etat dans l’Etat prend forme à Kidal où les forces armées maliennes reconstituées sont contraintes à une mise sous tutelle. Les symboles de l’Etat y sont régulièrement bafoués.

La situation va de mal en pis à cause des actes individuels et la passivité de la société. Ainsi tous les secteurs de la vie sont touchés par les effets néfastes de la corruption, du népotisme et des difficultés à pouvoir prendre en main notre destin collectif. La confiance entre gouvernants et gouvernés s’est effritée.

Ainsi la nécessité  de l’émergence d’une troisième voie devient pressante. Celle-ci devrait être incarnée par des patriotes, soucieux de la situation du pays et disposer à s’engager dans la résolution de la crise à travers  des actions concrètes et urgentes.

 

  1. Les enjeux de la crise socio politique :

Les enjeux de la crise malienne sont multiples. Nous pouvons les scinder en deux ordres interdépendants : les enjeux géopolitiques et les enjeux de gouvernance.

La situation géographique du pays le place au cœur de l’Afrique occidentale. Avec une superficie de 1 241  000 km2 dont près de 40% est désertique. Cet espace est propice à la prolifération des groupes armés terroristes et de trafic de tout genre (drogues, trafic humain, etc.).

A ce titre, le Mali représente un enjeu stratégique énorme pour l’hégémonie des groupes de terroristes dans la sous-région.

Par ailleurs, les richesses du sous-sol, en grande quantité dans la région, constituent une source supplémentaire de convoitises et d’exacerbation des tensions.

Cependant, les répercussions les plus immédiates de la crise malienne se font ressentir sur la gouvernance.

La crise multidimensionnelle que connait le Mali depuis 2012 s’est traduite par un délitement du pouvoir politique et une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.

L’autorité de l’Etat est devenue est un vain mot, la première institution est remise en cause. Il s’en suit une crise politico-institutionnelle dont le summum a été atteint le vendredi 5 juin par la demande de démission du Président de la République. Toutefois, la remise en cause de l’ordre constitutionnel ne saurait être  la solution de  la crise  du Mali. Pourtant,  le statu quo n’est pas tenable  compte-tenu du niveau de l’état actuel du pays.

En conséquence, il urge de trouver  les voies de sortie de la crise dans un premier temps, puis  d’aborder les défis dans leur globalité en vue de  l’émergence du Mali.

 

  1. Les défis majeurs à relever

La situation actuelle du Mali interpelle tous les citoyens. Cadres de l’administration, patriotes, citoyens, tous ont un devoir historique à accomplir en  participant véritablement  à la refondation du pays.

Face à la multitude des défis les propositions des solutions doivent être les fruits de nos intelligences collectives.

L’agenda pour la sortie de crise et l’émergence du Mali  doit permettre de relever les de défis majeurs ci-après :

 

A court terme :

  1. la résolution de la crise socio-politique ;
  2. la résolution de la crise scolaire.

Au moyen et long termes :

  1. la résolution de la crise sécuritaire ;
  2. les réformes politiques et institutionnelles ;
  3. la transparence dans la gestion des affaires publiques et la lutte contre la corruption ;
  4. la promotion de l’emploi des jeunes ;
  5. le renforcement des mécanismes de contrôle citoyen.

 

  1. Les Objectifs

 

  • Objectif général

Le cercle de réflexion et d’actions “Initiative pour le Mali” vise à mobiliser  les cadres de l’administration publique, de l’université, du secteur privé, de la société civile et de la diaspora autour de la recherche de solutions durables à la crise socio-politique et l’émergence du Mali.

 

  • Objectifs spécifiques :

Les objectifs spécifiques sont :

  1. concourir à la résolution de la crise politico-institutionnelle ;
  2. favoriser l’amorce d’un dialogue refondateur le plus large possible, touchant les questions de fond dont l’issue est susceptible d’engager durablement notre pays sur la voie de l’apaisement politique et social pour le progrès ;
  3. contribuer à la préservation de l’ordre républicain dans un Mali souverain, uni, laïc et solidaire.

 

  1. Les axes d’orientations stratégiques

L’agenda d’Initiative pour le Mali s’articule autour de cinq (5) axes stratégiques :

 

  1. la contribution au règlement de la crise politico -institutionnelle ;
  2. la contribution à la résolution de la crise de l’école;
  3. la contribution à la promotion de l’emploi des jeunes;
  4. la contribution à la réflexion sur  les réformes politiques et institutionnelles ;
  5. la contribution à la résolution de la crise sécuritaire ;
  6. la contribution à la promotion de la transparence dans la gestion des affaires publiques et la lutte contre la corruption.

 

  1. Actions prioritaire à court terme.

Les actions prioritaires d’“Initiative pour le Mali” sont :

  1. une participation effective à la médiation pour une sortie de crise ;
  2. une implication soutenue dans la résolution de la crise scolaire ;
  3. une participation accrue au dialogue avec les forces sociales (syndicats et autres);
  4. un approfondissement de la réflexion les enjeux et défis liés à la crise ;
  5. une analyse permanente de la situation sociopolitique et sécuritaire à travers des groupes de veille et d’alerte précoce sur toute l’étendue du territoire.

 

  1. Le Mécanisme de mise en œuvre du programme d’actions

Le Cercle de réflexion et d’Action Initiative pour le Mali  comprend  cinq  (5) organes : le comité de pilotage, le Secrétariat exécutif, les coordinations régionales, les groupes thématiques  et le panel des hautes personnalités.

 

  1. Le Comité de pilotage:

Le Comité de pilotage est l’organe stratégique. Il définit les grandes orientations, établit le plan d’actions et détermine les moyens  pour l’atteinte les objectifs.

Il est constitué de vingt-cinq (25) membres.

 

  1. Le Secrétariat exécutif :

C’est l’organe d’administration, chargé de la mise en œuvre  des décisions et orientation du Comité de pilotage. Le secrétariat exécutif  assure la permanence.

 

  1. Les Coordinations régionales :

Elles sont chargées d’assurer la représentation régionale d’IPM.  A ce titre, elles assurent :

  • l’information et la sensibilisation des populations locales ;
  • la mise en œuvre des activités dans leurs localités ;
  • la veille citoyenne à travers le renforcement des mécanismes de contrôle et d’alerte précoce.
  1. Les groupes thématiques :

Les groupes thématiques sont constitués en fonction des préoccupations du pays. Ils s’appuient sur l’expertise des cadres de l’administration publique, de l’université, du secteur privé, de la société civile et de la diaspora. En outre, ils peuvent faire appel à toute expertise nécessaire à l’accomplissement de leurs tâches.

Les principales thématiques sont :

Thématique N°1 : Réformes Politiques et Institutionnelles ;

Thématique N°2 : Sécurité, Paix et Cohésion sociale ;

Thématique N°3 : Gouvernance ;

Thématique N°4 : Dialogue Social ;

Thématique N°5 : Economie et Finances ;

Thématique N°6 : Jeunesse et Emploi.

 

  1. Le Panel des hautes personnalités

 

Le panel des hautes personnalités apportera un regard extérieur en assurant une fonction de conseil et de garant moral du Cercle de réflexion et d’actions “Initiative pour le Mali”.

 

Bamako, le 10 juin 2020

Source: Mali Tribune

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