Indemnisation des travailleurs compressés dans les sociétés d’État: l’UNTM présente une ardoise de 11 milliards F CFA

En prélude au défilé du 1er mai, fête du Travail, le secrétaire de générale de l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali), Yacouba KATILE, a animé un point de presse, le vendredi 28 avril 2017, à la Bourse du travail. Cette rencontre avait pour but de faire le point de la mise en œuvre des points d’accord consignés dans le PV de conciliation entre la centrale syndicale et le gouvernement, le 28 octobre 2014. Il a dénoncé un blocage du processus au niveau des dossiers des travailleurs de la COMATEX, de l’HUICOMA, de l’ITEMA, de la SMECMA et de l’AZALAÏ Hôtel de Tombouctou.

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Pour permettre à toutes ces victimes d’être convenablement indemnisées, l’UNTM, selon M. KATILE, a présenté une ardoise de 11 milliards de nos francs au gouvernement.

Un constat amer
Dans son exposé, Yacouba KATILE a dit d’entrée de jeu que le tableau était sombre entre les deux parties sur cette question de l’indemnisation des compressés des sociétés d’État.
Si le ministre de l’Économie et des finances avait indiqué à la suite d’un débat que l’État n’a pas de dette intérieur à éponger, pour le secrétaire général de l’UNTM, cette affirmation du gouvernement relève du dilatoire. Car, selon lui, plus de la moitié des victimes de la privatisation de sociétés d’État n’ont reçu aucun franc comme le prévoyaient les plans sociaux de privatisation. Pire, même ceux qui ont été indemnisés n’ont pas reçu la totalité de leur droit.
« Jusqu’à la date d’aujourd’hui, le gouvernement n’est pas parvenu à démontrer le contraire des déclarations de ces travailleurs compressés qui affirment de façon catégorique n’avoir conclu aucune transaction sur le paiement de leurs droits », a-t-il indiqué.
Le gouvernement, selon le patron de l’UNTM, avait invité son syndicat à effectuer des recherches, à explorer les archives pour situer la vérité.
Après l’examen des documents financiers, l’UNTM a exigé que l’État liquide intégralement les droits des compressés. Entre temps, ceux de HUICOMA : Koulikoro- Koutiala-Kita, ont décidé de venir s’installer dans l’enceinte de la Bourse du Travail, jusqu’au paiement intégral de leurs droits, a poursuivi le secrétaire général.
Selon M. KATILE, à la demande du ministre de l’Economie et des finances de mettre une commission pour le contrôle des documents financiers, l’UNTM a terminé ce travail et n’attend que ses conclusions.

La patience de l’UNTM
À ce jour, l’UNTM est consciente que le gouvernement use de méthodes dilatoires, au lieu de s’engager dans une négociation véritable, pour la liquidation des droits de tous ceux qui n’ont jamais rien perçu, depuis les vagues de compression.
« Nous avons été très patients, alors que les intéressés souffrent, que certains sont morts, que leurs enfants et petits-enfants ne vont même plus à l’École », a déploré le conférencier.
Dans la même logique, la situation des Travailleurs retraités par anticipation, dont une esquisse de la solution a été faite depuis 2011, continue de hanter les esprits à la centrale UNTM. Au point que l’on s’interroge si oui ou non, l’État est disposé à leur payer leurs droits.
En tout cas, selon les explications du secrétaire général de l’UNTM, le Protocole du 28 octobre 2014 retient que le Gouvernement et l’UNTM feront le point des Privatisations, des contrats miniers.
À ce niveau aussi, l’UNTM au regrette de constater qu’on abuse de sa patience.
« Nous ne sommes pas des naïfs. Le peuple informé sera le garant des réparations indispensables à la récupération de ses biens », a-t-il prévenu.
Le protocole du 28 octobre 2014 a recommandé la finalisation de la relecture de certaines conventions collectives, notamment celle des transports et chauffeurs et aussi celle des mines. L’UNTM regrette là aussi de constater que les défaillances des travailleurs eux-mêmes ont été une aubaine pour le gouvernement, qui n’a rien fait pour finaliser la relecture de ces conventions.
Au regard de ce qui précède, le conférencier a dit que le tableau était est sombre.
Toutefois, a-t-il reconnu, il y a eu des points de satisfaction qui sont en cours d’exécution ; notamment : le domaine de l’IER ; la loi sur les loyers (quoique son application n’est pas faite) ; l’augmentation des primes de mission pour les travailleurs subalternes ; la ratification des conventions internationales du Travail ; l’usine des Produits pharmaceutiques, etc.
Ajoutés aux revendications financières satisfaites totalement depuis le 1 er janvier 2017 par la hausse de la valeur indiciaire à 400 F CFA, ce qui fait dire au conférencier que des progrès ont été faits.

Le secteur privé à la traine
Si les accords sont faits pour être appliqués, l’UNTM déplore que certains travailleurs relevant du secteur privé attendent toujours de bénéficier des augmentations consenties transposées au terme de concertations avec les patrons. De même, la baisse de l’ITS n’est pas encore appliquée, notamment dans le privé, en totalité.
« C’est dire qu’il y a plutôt une grande insatisfaction par rapport à l’exécution du Procès-Verbal de conciliation du 28 octobre 2014 », a continué de dénoncer le conférencier.
Autres griefs de l’UNTM, la liberté syndicale encore sujette à des violations flagrantes dans certaines entreprises et services, à travers le pays.
De même, les Accidents de travail ne sont pas suffisamment pris en charge, et la journée de travail excède 10 heures souvent voire 12heures dans les Mines.
Une fois pour toutes, l’UNTM exige la tenue des États généraux sur le droit et la liberté syndicale, pour que le syndicalisme, comme la politique, la vie associative, soit protégé et renforcé.
Malgré la gestion de plus en plus difficile des problèmes de travailleurs à cause des assauts et des violations contre le droit syndical, l’UNTM au plan international a su œuvrer à redorer le blason du Mali à travers une diplomatie syndicale dynamique, a indiqué le conférencier. Ainsi, dans la perspective de création d’un syndicalisme de pays musulmans à l’instar du syndicalisme chrétien, le Mali est activement impliqué dans l’analyse du travail à la lumière des instructions coraniques, de manière qu’à l’échelle internationale, nos organisations puissent se faire entendre.
De même, l’Organisation de l’unité syndicale africaine (OUSA) a accepté de tenir son 11e congrès à Bamako, après que l’UNTM ait posé la candidature du Mali, a annoncé M. KATILE.
Au plan national, notre syndicalisme se caractérise toujours par la division, a-t-il déploré.
Si des contacts se font avec la CSTM en vue de parvenir à une unité d’action, force est de reconnaître que des obstacles subsistent.

Vers nouveau cahier doléances
Après les acquis financiers constatés à partir des négociations de 2014, l’UNTM s’est rendu compte de la quasi-permanence de l’insuffisance de revenus pour les travailleurs leur permettant de mener une vie décente. Un motif suffisant pour la centrale syndicale UNTM de réclamer la création d’un système de transport public pour soulager les travailleurs et l’ensemble de la population.
En attende de communique les détaille l’UNTM averti d’avance les autorités que : « Nous les voulons sujets de négociation dans un esprit de respect mutuel, de responsabilité pour éviter des frictions inconvenantes dans le partenariat ».
Sur la question de l’entrée au gouvernement de son secrétaire général adjoint, le conférencier a indiqué qu’il s’agissait d’une décision à titre personnel.
« L’homme a été choisi selon des critères qui n’ont rien de syndical », a expliqué Yacouba KATILE.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

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