Il y a ceux ou celles qui, au terme d’un long séjour, s’en vont dans leur sommeil. Mais il y a ceux ou celles qui tirent leur révérence sans crier gare, dans la fleur de l’âge, alors qu’ils aiment la vie et tout le monde et que tout le monde les aime.
C’est, en ce moment de sourde douleur, le cas de Abba Cissé brutalement arraché à notre affection dans sa quarante-deuxième année, fort de sa belle naissance et riche de bonnes perspectives de carrière. Ce cadet racé, élégant et intelligent ne pouvait pas ne pas faire belle impression ainsi que le confirment les témoignages spontanés et émus suscités par sa disparition subite. Me concernant, je retiens nos échanges sur mes articles et qu’il se faisait un devoir de commenter aussi souvent qu’il le pouvait. Quand il apprécia ce ne fut jamais condescendant et quand il critiqua ce ne fut jamais gratuit. Comme si la mesure en toute chose était sa mesure de la vie. Sauf ces jours-ci où il nous quitta de manière violente et radicale. Même là, le connaissant un peu, c’était peut-être sa façon de nous rappeler que qui nous soyons, nous ne sommes que de passage, que la dictature fondamentale est dans cette brièveté, le reste étant des détails de trajectoire: quand, où, comment. Pardonne-nous jeune frère!
Adam Thiam/