Financement des élections au Mali: l’inadmissible dépendance… !

Plus de vingt ans d’expérience démocratiques et plus de 50 ans d’indépendance, le Mali peine à mobiliser les ressources indispensables pour ses élections sans faire recours aux partenaires. À l’approche de chaque scrutin, c’est toujours les mêmes acrobaties qui recommencent. Cette année encore, pour la présidentielle et les législatives à venir, sur un budget de 102 milliards de francs CFA, il y a un gap de 55 milliards à rechercher auprès des partenaires. Où est notre souveraineté ?

L’échéance électorale de la présidentielle s’approche. Les débats sont intenses entre les partis politiques. Les positionnements politiques se planifient, en même temps des suspicions sont grandes sur la tenue et de la crédibilité de ce scrutin. Mais le gouvernement est sans équivoque : « Les élections de 2018 se tiendront à date ». Le président IBK et son Premier ministre, Soumeylou Boubèye MAIGA, l’ont rappelé à plusieurs circonstances.

À côté des déclarations d’assurance de ces deux personnalités, il y a quand même de réelles préoccupations quant aux ressources financières nécessaires ces élections à venir. Même si le gros des charges est assuré par le gouvernement, un accompagnement des partenaires de notre pays reste indispensable. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tièman Hubert COULIBALY, lors de sa rencontre tenue le vendredi 30 mars dernier avec des partenaires techniques l’a relevé au grand jour.

Après avoir rappelé les efforts déjà consentis par le gouvernement pour le respect du calendrier électoral de cette année, il a affirmé que le budget de l’organisation des élections a été élaboré, mais il est insuffisant pour couvrir l’ensemble des dépenses pour la bonne tenue de ces élections.

« Pour la bonne tenue de ce scrutin, notre pays a sollicité l’appui financier de certains partenaires pour la prise en charge de certains types de dépenses », a déclaré le chef de la diplomatie de notre pays. Cet exercice est presque de la routine dans notre pays, depuis plus de vingt ans d’expérience démocratique. Aucun mécanisme viable n’est trouvé pour épargner de la courbette dans le cadre de la tenue des élections. Et pourtant, il s’agit aujourd’hui d’un important défi qui doit être relevé à tout prix par les autorités pour l’affirmation de notre souveraineté nationale.

De 1991, l’année à laquelle le Mali a opté pour la démocratie, à maintenant, la tenue des élections est toujours tributaire de l’aide étrangère. On a l’impression que si les partenaires ne mettent pas la main à la poche, des élections crédibles ne pourront pas se tenir dans le pays. Cette dépendance à la communauté porte un dur coup à la souveraineté de notre pays.

Car l’un des éléments de l’indépendance d’un pays, c’est d’assurer son autonomie financière dans la régulation de certains secteurs comme celui de l’élection présidentielle. L’organisation des élections tout comme le financement de la défense nationale sont des éléments de souveraineté et d’indépendance sur lesquels aucun État sérieux ne doit lésiner.

En tout cas, depuis 1992, aucun gouvernement n’est parvenu à instaurer cette approche qui éviterait au pays de réclamer à chaque occasion de l’argent aux partenaires.

Par Sikou BAH

Info-Matin

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