Jugé pour « l’assassinat » de l’Imam Abdoul Aziz Yattabaré Moussa Guindo condamné à la peine de mort et à une amende d’un franc symbolique

L’assassin de l’Imam de la mosquée de Missira, Abdoul Aziz Yattabaré a été fixé, hier mardi 19 novembre, sur son sort par la Cour d’assises de Bamako. Moussa Guindo a été condamné à la peine de mort en vertu des lois 45, 47 et 52 du Code pénal. Ce verdict tant attendu a été prononcé dans une salle pleine comme un œuf, après 5 Heures de débat, devant les magistrats et assesseurs.

 

Selon les informations, Moussa Guindo avait pris l’habitude d’effectuer les cinq prières quotidiennes dans la mosquée dite « Yattabary », à Médina-Coura, non loin du Stade Omnisport Modibo Keita. C’est par la suite qu’il a nourri un projet malveillant contre l’Imam Yattabary. La victime était l’Imam second de ladite mosquée. Cette idée lui vint au moment où des informations circulaient sur le projet de l’enseignement de l’Education Sexuelle comportant des pratiques contraires aux préceptes de l’Islam.

Les faits remontent au 19 janvier 2019 dernier, lorsque, vers 5 heures du matin, Moussa Guindo quitta son dortoir situé dans un magasin proche de la mosquée, muni d’un gourdin, un couteau pour tendre un guet-apens dans la rue où passe quotidiennement l’Imam Yattabary.

L’interceptant sur son chemin habituel, à-mi-chemin entre son domicile et la mosquée, Moussa Guindo, protégé par la pénombre, posa deux fois cette question à l’Imam  » qu’est-ce que je t’ai fait « .

L’Imam ne sachant pas quoi répondre, continua son chemin. Moussa Guindo le déstabilisa avec un coup de gourdin à la nuque, le terrassa avant de lui porter plusieurs coups à la nuque et en d’autres parties de son corps. La victime, surprise par ces gestes, n’as pas eu le temps de crier au secours. Ainsi, l’imam Yattabary, mortellement atteint, s’est efforcé de rejoindre la Mosquée avant d’être identifié par le muezzin, qui avait observé la scène et entendu les propos de l’inculpé à Yattabaré. Mais à cet instant, le témoin pensait plutôt à une altercation entre délinquants.

Lorsqu’il l’identifia, le muezzin cria au secours pour alerter les fidèles qui étaient dans la mosquée. Ils transportèrent la victime Yattabaré à la Clinique Pasteur où il rendit l’âme.

Après son forfait macabre, Moussa Guindo alla se déclarer au Commissariat du 3è Arrondissement qui ouvrit immédiatement une enquête sur instruction du Procureur de la République.

A la barre, Moussa Guindo a reconnu les faits qui lui sont reprochés mais se défendit de tout sentiment de regret pour le crime commis sur la personne de l’Imam. Il soutiendra la version, selon laquelle Yattabary lui aurait fait des reproches pour ne pas avoir prié sur un défunt que l’accusé a traité de « musulman malsain ». Et que de là, l’Imam aurait chargé un voyou du quartier, Souleymane Sanogo  »Solonitondjan » de le maltraiter.

Fort de cette information, il décida de mettre fin à cette histoire et se saisit d’un gourdin, qu’il dit avoir ramassé depuis un certain temps, et d’un couteau, qu’il identifia à son outil de travail, pour intercepter l’Imam sur le chemin de la mosquée.

La partie civile, dans sa prestation, évoque une préméditation, car, l’inculpé étant manœuvre n’a rien à faire avec un couteau, qu’il porte en permanence. Elle soutient le fait que l’accusé ait infligé des coups de torture dans le but d’avoir des réponses de sa victime et ne faisait nullement montre de démence. Et d’ajouter que sa dangerosité ne lui permettait pas de regagner la société parce qu’il est non seulement dangereux pour cette dernière mais qu’il l’est aussi pour ses codétenus et sa propre personne.

La défense ajoute que ce n’était pas sa première fois et qu’il aurait même porté absence à l’Imam Mahamoud Dicko avec un couteau qu’il a laissé tomber au bureau de ce dernier devant des employés du Haut Conseil Islamique (HCI). Elle conclut que cet individu est assimilable à un paranoïaque, conformément aux articles 199 et 200 du Code Pénal.

Le ministère public a demandé la peine de mort pour ces pratiques préjudiciables à la quiétude de la population.

La défense, dans sa plaidoirie, a cité l’article 18 du Code Pénal qui ramène à la notion de démence, car, comme l’indique le rapport du premier bilan du légiste, l’accusé souffre de troubles psychiatriques.

La Cour, dans sa sagacité, et après intervention des parties, a déclaré l’accusé coupable des faits à lui reprochés et délibéra ainsi à la condamnation de l’inculpé Moussa Guindo à la peine de mort, sous la demande de la famille de la victime et au payement du franc symbolique.

Ababacar DIOUF Stagiaire

Source: l’Indépendant

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