Expression « tu as maigri, tu as grossi »: preuve d’affection ou signe de jalousie?

En Afrique, particulièrement au Mali, il est difficile de mener sa vie sans que votre entourage ne s’en mêle.  En effet, le plus souvent, quand on croise une connaissance, après plusieurs jours, ou mois sans se voir, la première chose qu’elle vous dira, après les salutations est: «Hey ! Tu as maigri», ou «Oh ! Tu as grossi hein ». Quelle est la principale cause de cette immixtion dans la vie privée de quelqu’un ?

Pour certains, cette remarque est une façon de témoigner son affection pour son prochain. Par contre, pour d’autres, elle est synonyme de jalousie. Dans la société malienne, c’est une obligation de se saluer et demander comment va son prochain. Et en général, après un moment sans se voir, certains se permettent d’apprécier la physionomie de leurs connaissances, si ces dernières ont maigri ou grossi.

En effet, certains le font souvent avec un air de jalousie ou de réjouissance de l’état physique de la personne, sans tenir compte dans l’un ou l’autre cas, qu’il pourrait bien s’agir d’ennuis de santé.

Mais, actuellement, nombreux sont ceux qui n’apprécient pas ce jugement des autres. Car eux, si l’on a maigri ou grossi, cela ne doit incommoder personne. Alors, pour savoir si vous avez changé physiquement, il suffit de rencontrer une vieille connaissance qui vous le dira après les salutations. Même sans aucune intention méchante, l’observation semble déranger certains qui estiment nécessaire d’abandonner ces comportements actuellement dépassés.

Les gens n’ont pas les mêmes façons d’analyser les choses. Si certains pensent qu’ils doivent faire part à une connaissance tout changement physique, constaté en elle, est une preuve d’affection et d’amitié, d’autres ayant vécu en Occident estiment qu’il n’est pas nécessaire de s’intéresser de ces aspects qu’ils  soient positifs ou négatifs. A la limite, il s’agirait d’une ingérence dans la vie privée d’autrui.

En tout cas, il serait très difficile, voire impossible d’abandonner certaines pratiques en cours depuis des millénaires au point d’être perçue comme innées en nous.

Ceux qui réfutent la pratique, la considérant comme une perte de temps ou une immixtion dans la vie privée d’autrui, aussi ont leur raison, car ayant vécu dans d’autres sociétés qui ne partagent pas les mêmes valeurs que nous les Maliens.

Fatoumata Koita

Source: Bamako News

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