OùEstMonÉtat ? : en finir avec les grèves interminables à l’école

Des milliers d’écoles sont fermées au centre et au nord du Mali en raison de l’instabilité sécuritaire. Dans le reste du pays, les écoles sont perturbées au cours de l’année scolaire par les grèves interminables, notamment celles des enseignants depuis quelques années. Ce qui a des impacts sur les élèves.

 

Que se passe-t-il, lorsque les enfants ne vont plus à l’école ? Les terrains de sport, les « grins », le ménage, les travaux champêtres, les clubs de jeux, occupent leur quotidien.

La plupart des parents font occuper leurs enfants lorsqu’il n’y a pas de cours. Il y en a qui laissent leurs enfants sans surveillance. Dans la région de Kayes, en plus des cas d’abandon et des grèves interminables des enseignants qui perturbent l’école, des écoliers se retrouvent sur les sites d’orpaillage, devenus l’eldorado. Beaucoup d’entre eux se détournent de l’école pour de bon.

Travailler malgré soi

Les élèves vivant en milieu rural sont plus occupés par les travaux champêtres ou ménagers : puiser de l’eau, aller chercher du bois, faire la lessive et garder les plus petits lorsque leurs mères doivent s’absenter.

Ceux qui ont une situation familiale plus compliquée se rendent en ville pour travailler. C’est le cas de Niagalé Traoré, une jeune fille venue d’un village près de Sébabougou (Koulikoro). Elle est arrivée à Kayes en pleine année scolaire pour travailler comme aide-ménagère. En classe de 8e, l’instabilité de l’école et les conditions socio-économiques n’ont pas laissé le choix à cette jeune fille de 17 ans. « J’ai deux grands frères qui étaient allés à l’aventure. L’autre est revenu malade et le second a eu une maladie mentale. Ma grande sœur est aussi partie il y a longtemps. Je suis avec mon père qui est aveugle, ma mère et mes 2 petits frères. Nous n’avons rien, j’ai donc décidé de faire ce travail pour leur venir en aide », explique la jeune fille.

Son cas n’est pas isolé. Beaucoup d’autres élèves s’aventurent vers les grandes villes pendant l’année scolaire lorsque les cours viennent à être perturbés par les grèves. Mme Sy Adja Magassa, patronne de Niagalé, confie avoir tout fait pour qu’elle retourne à l’école. « Mais elle n’est pas intéressée, déplore Mme Sy. Pour elle, c’est désormais une perte de temps

Sauver les élèves de la délinquance

Si en milieu urbain certains élèves vendent des articles au marché pour soutenir leurs parents, d’autres manquent de repères et s’adonnent au vagabondage.

Mme Traoré est commerçante à Bencounda, l’un des quartiers de Kayes. Selon elle, il est très difficile de veiller sur les enfants lorsque les écoles sont fermées. « Je travaille, mon mari également. Nos enfants sortent avec leurs copains. C’est ainsi qu’ils sont entrainé à fumer la chicha, à injurier les mères. Pire, mon fils est devenu violent », explique-t-elle. Puis, elle ajoute : « Nous étions à 2 doigts d’aller à la justice lorsqu’un jour, un voisin est venu se plaindre que mon fils a gravement blessé sa fille à l’œil avec une lance pierre. Il a fallu l’interventions d’autres personnes pour le dissuader. Pendant les cours, il est occupé mais sans cours, ça devient vraiment dur. »

Certains parents préfèrent envoyer leurs enfants faire l’apprentissage de métiers, comme la mécanique ou la menuiserie. C’est le cas dans le garage de Sirima Keïta, à Kayes plateau. Ici, chacun est occupé. « Ce sont les parents qui nous les amènent. Pendant les vacances, les grèves et même les week-ends, ils sont là pour apprendre. C’est aussi une autre école. » Pour Siriman, ces écoliers apprennent beaucoup de la vie en dehors de la mécanique.

Internet, un autre danger

Beaucoup de parents équipent leurs enfants de matériels technologiques, une façon de les amener à faire des recherches pendant les périodes de grèves sur Internet. Lorsque les enfants ont accès à Internet, certains se cachent pour regarder des films pour adultes. Sans surveillance, ils tombent dans la dérive.

L’éducation étant un droit, les acteurs de l’école malienne doivent trouver des alternatives pour maintenir les écoles ouvertes.

Source : Benbere

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