Mali : Culture : une perte de 21 milliards de Fcfa selon la Fedama

Les impacts de la pandémie à coronavirus sur le secteur culturel malien sont catastrophiques. La Fédération des artistes du Mali évalue les pertes à vingt un (21) milliards de francs Cfa entre mars et septembre 2020. Le monde de la culture s’effondre et les acteurs en pâtissent.

L’irruption de la pandémie à coronavirus a durement touché le secteur culturel au Mali, entrainant ainsi l’arrêt de toutes les activités culturelles. Cet arrêt des activités pousse ainsi les artistes et acteurs culturels au chômage technique. En effet, cela fait près de quatre mois que les hommes et femmes évoluant dans ce secteur connaissent une traversée de désert. Le manque à gagner causé par cet arrêt est énorme, à en croire la Fédération des artistes du Mali (Fedama)

Dans une interview accordée à nos confères de Mali Online, le président de la Fedama, Alioune Ifra N’Diaye a, en effet, fait le point sur la situation actuelle du secteur culturel malien qui traverse l’une des périodes les plus difficiles depuis les évènements de 2012. “Les mesures préventives prises par les autorités pour limiter la chaine de transmission de la maladie a quand même abouti à l’arrêt toutes les activités culturelles donc une perte de revenus pour les artistes et acteurs culturels. Les artistes ne travaillent plus. Cette crise nous atteint à un niveau que les autorités ne semblent comprendre”, explique-t-il d’entrée.

Les pertes auxquelles fait face le secteur culturel malien sont énormes. Plus de onze mille (11. 0000) personnes vivent de ce secteur. Ces pertes s’élèvent à des milliards de francs Fcfa à en croire le président N’Diaye. “Nous avons fait une évaluation avec le ministère de la Culture du manque à gagner dans le secteur culturel qui s’élève à 21 milliards de francs Cfa, de mars à septembre 2020″, explique-t-il.

Pour rappel, le 18 mars dernier, les acteurs culturels, à travers la Fedama, avaient adressé une lettre ouverte au président de la République Ibrahim Boubacar Kéita dans laquelle ils sollicitent une aide au gouvernement pour faire face à la pandémie à coronavirus. Cette lettre ouverte n’a pas eu la suite escomptée, malgré les efforts de la Fedama, même si elle a abouti à la mise en place d’une commission de réflexion au niveau du ministère de la Culture.

“Dans cette commission, nous avons fait des propositions sur les mécanismes d’urgence qui doivent accompagner la communauté, les associations et entreprises culturelles qui sont fermées. Cette proposition est sur la table, jusqu’ici pas de retour”, regrette le président N’Diaye qui estime que la Commission a tout de même analysé la faisabilité d’une stratégie pour venir en aide aux acteurs culturels.

Cette stratégie consiste à donner cent cinquante mille (150 000 Fcfa) à chaque artiste par mois sur trois mois en guise d’un accompagnement d’urgence. Cette stratégie sera-elle prise en compte pour les autorités maliennes ? Les chances semblent minimes. Alioune Ifra N’Diaye a quand même salué le geste de l’Etat qui, à un moment donné, a octroyé cent (100) tonnes de vivres qui ont été distribuées entre 3 à 4 000 artistes et opérateurs culturels. Un geste salutaire, mais insuffisant, quand on sait que beaucoup de gouvernements de la sous-région ont financièrement soutenu le secteur de la culture dans leur pays.

Malgré cette période de vaches maigres, les acteurs ne sont pas restés en marge de la lutte contre la pandémie : “La communauté des artistes et des acteurs culturels a produit plus d’une centaine d’œuvres diffusées sur les chaines de télé, radio et sur les réseaux touchant des millions de personnes, sensibilisant ainsi les populations sur les dangers liés à la Covid-19.

Nous sommes l’une des communautés les plus touchées à respecter les mesures préventives, mais on n’est pas géré”, regrette le président N’Diaye.

Cependant, les artistes maliens commencent à perdre patience. Certains ont même déjà repris leurs activités, malgré les consignes de la Fedama à respecter les mesures édictées par les autorités. Il faut quand même vivre !

Youssouf KONE

Source : Mali Tribune

 

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