CSA: le pacte sonne la fin de la recréation

Dans le cadre de son traditionnel point de presse bihebdomadaire, les responsables de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) étaient ce jeudi 18 octobre 2018, face à la presse à son QG à Badalabougou. L’invité de cette session, le responsable de la médiation de la MINUSMA, Danilson Lopes DA ROSA, est revenu sur les raisons la récente signature du « Pacte pour la paix » le lundi 15 octobre 2018 entre le gouvernement du Mali et la MINUSMA.

Cette conférence de presse était animée par le porte-parole adjoint de la MINUSMA, Olivier SALGADO, qui avait qui avait à ses côtés M. DA ROSA.
D’entrée de jeu, M. DA ROSA a indiqué que le « Pacte pour la paix » visait à mettre de l’ordre au niveau du CSA (Comité de suivi de l’Accord), présidé par la médiation. À ce niveau, il a rappelé le point 7 du document qui stipule : « En cas de divergences dans la mise en œuvre de l’Accord, les décisions et les arbitrages de la Médiation internationale auront un caractère exécutoire en vue d’accélérer la mise en œuvre dudit Accord, conformément à l’article 52 ».
Le représentant de la MINUSMA, Danilson Lopes DA ROSA, a expliqué que les membres du CSA sont parvenus à un constat amer au fil des sessions : « nous nous sommes rendu compte que nous allons au CSA, nous prenons les décisions. Mais, dès qu’on quitte la salle, chacun fait comme si cette décision n’avait jamais été prise ». Selon lui, on ne peut pas prendre une décision et au moment de passer l’action demander la permission d’aller consulter sa base.
Face à ce désordre qui est à l’origine de beaucoup de retard dans la mise en œuvre de l’accord, l’ONU a tenté de mettre fin à cette récréation, à travers un nouvel engagement des parties. En termes clairs, a-t-il expliqué, l’article 7 du pacte rappelle à toutes les parties : « Quand une décision est prise au niveau du CSA, elle doit être exécutée ».
C’est la raison pour laquelle, « On a voulu profiter de ce document pour rappeler les uns et les autres à leurs engagements. Il faut une certaine discipline, un certain niveau de professionnalisme au niveau du CSA », a-t-il poursuivi.
Pour le diplomate onusien, ce pacte qui vient d’être signé le lundi dernier lors de la 28e session du CSA ne remplace pas l’Accord. D’ailleurs, a-t-il dit, il n’y a pas de nouveauté dans ledit document puisqu’il se réfère entièrement aux dispositions de l’accord.
« Il vise à réaffirmer l’engagement de toutes les parties maliennes pour la mise en œuvre accélérée et intégrale de l’Accord de paix », a-t-il dit.
Selon lui, l’idée est venue du grand retard constaté dans la mise œuvre de l’Accord, 3 ans après sa signature. Face à cette situation, a-t-il expliqué, l’ONU a décidé lors du renouvellement du mandat de la MINUSMA, à travers la résolution 2423 d’instruire, l’élaboration de ce pacte qui vise à accélérer la mise en œuvre de l’Accord. Il s’agit, selon lui, de redynamiser le processus qui marche à pas de caméléon.
« C’est cette idée qui a mobilisé tous les acteurs pour avoir ce pacte », a-t-il dit.
Aussi, ce nouveau pacte permet, selon le conférencier, de prendre en compte les nouvelles réalités du terrain. Notamment, en recherchant une meilleure implication des acteurs locaux, mais aussi et surtout insister sur le caractère inclusif du processus de mise en œuvre de l’Accord.
« Il faut que l’application de cet accord soit le plus inclusive possible avec l’implication de toutes les forces vives de la nation », a-t-il insisté. Pour le diplomate onusien, il fallait donc faire en sorte que chaque Malien se sent comme un acteur majeur dans l’application du document.
C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, le responsable onusien a estimé qu’il est temps pour les mouvements signataires de cesser de se considérer comme étant des mouvements armés.
« Il est temps que les gens puissent comprendre maintenant que nous sommes dans une démocratie et que dans cette démocratie, on peut avoir des divergences d’opinions. Toutefois, ces divergences d’idées ne doivent pas être réglées sur un champ de bataille, mais dans le cadre du dialogue et d’un débat démocratique. Il faut que l’on encourage tout le monde, spécifiquement les groupes armés à déposer les armes pour s’inscrire dans le cadre démocratique. La démocratie, ce n’est pas les armes, mais c’est plutôt les débats des idées. Nous sommes là pour encourager cela », a-t-il rappelé.
Selon lui, malgré la signature de ce document, la communauté internationale va continuer à appuyer tous les acteurs dans la mise en œuvre de l’accord. « Nous allons maintenir renforcer notre effort tout en rappelant que la mise en œuvre de l’accord relève tout d’abord de la responsabilité du gouvernement et des groupes signataires. Chacun doit jouer sa partition et nous, nous allons assumer notre responsabilité », a-t-il dit.
À la question de savoir quelles sont les garanties de l’application du pacte, le conférencier répond : « dans notre métier, il faut toujours être optimiste. Le pacte pour moi est une réaffirmation des engagements des parties. Quand quelqu’un pose une signature, j’y crois à son engagement sincère ».
Au passage, il a salué la création du ministère de la Cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale (dirigé par Lassine BOUARE) qui est, à son avis, l’expression de la volonté des plus hautes autorités du pays à appliquer rapidement l’accord.
« Le ministre BOUARE est le point focal du gouvernement pour la mise en œuvre de l’Accord. Avant, il n’y avait pas cela », s’est-il réjoui.
Autres motifs d’espoir pour le conférencier, l’instauration d’une rencontre hebdomadaire entre les parties maliennes qui se tient tous les jeudis au ministère de la Réconciliation afin de discuter de tous les sujets en conformité avec les dispositions de l’accord.
Par Abdoulaye OUATTARA

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