Bétisier : Des mots pour des maux ?

En déroulant un argumentaire déglingué après qu’un soldat de l’Opération Barkhane ait zigouillé un civil et blessant deux autres, les trémolos de l’état-major laissent pantois. Et pendant que le Tweetman national est en plein investissement politique, dans les perspectives de récolter des dividendes aux prochaines élections, un jeune activiste économiste semble se perdre le pied dans le tapis de ses leçons. Voici votre BÊTISIER du jour.

 

Des mots pour des maux ?

Ce ne sont pas des histoires, mais une histoire vraiment vraie. Un civil a été tué et deux autres blessés mardi par des militaires français de la force Barkhane dans un incident impliquant un bus, à une cinquantaine de kilomètres de Gao. Les deux balles tirées ont finalement traversé le parebrise du bus et ont blessé trois personnes, dont une grièvement. Évacuée par hélicoptère vers Gao, elle est décédée peu de temps après. L’état-major français affirme que le véhicule roulait très vite et se dirigeait vers un convoi militaire et que des tirs de sommation ont ricoché. Selon la version de l’armée française, le bus se dirigeait à vive allure en direction du convoi militaire. Sommations verbales, gestuelles, premier tir de sommation, mais le bus ne s’arrête pas, détaille encore Barkhane.
Faux et archifaux, rétorque Abdoulaye HAIDARA, le PDG de la société Nour transport à qui appartient le bus, lequel a donné une autre version des faits.
« Il n’y a pas eu de tirs de sommation. Le bus roulait à 40 kilomètres à l’heure, sur un terrain plat, bien visible. Le bus était à 200 mètres du convoi. »
Dans cette joute verbale, chacun utilise les munitions en sa possession. Mais, chez les Toubabous, il y a un déni toxique de réalité qui tourne à la cocasserie. Parce qu’il y a certaines évidences qui portent un coup de canif à leur argumentaire déglingué.
État de la route de Gao : L’état cahoteux de la route de Gao qui suscite un émoi national permet difficilement à un bus, avec des dizaines de personnes à bord, de foncer telle une flèche. Cette affirmation est une agression de l’intelligence collective. À moins qu’il ne s’agisse d’une commande spéciale de bus conçu en mode tout-terrain !
Le lieu de l’incident : Toutes les sources s’accordent à dire que l’incident s’est produit à une cinquantaine de kilomètres de Gao. Pour un conducteur qui a parcouru plus de 800 kilomètres, il serait biscornu qu’il se l’ivre à un rodéo à une cinquantaine de kilomètres de sa destination finale.
Le moyen de transport : À moins que le soldat flingueur n’ait eu des hallucinations, sorte de mirage du désert, un bus pouvant transporter des dizaines de personnes ne figure pas encore dans le parc automobile des jihadistes. Moto Dragon, d’accord ; pick-up, d’accord, mais une opération kamikaze avec un gros bus, cela doit sortir de l’imagination trouillarde de ce flingueur de civils.
Les trémolos de l’état-major : Sans le dire, l’état-major français veut dire que ce bus qui progresse cahin-caha représentait une menace pour les éléments de Barkhane. Donc, ils ont fait feu, tuant un civil et en blessant deux autres. Dans le jargon militaire, on dit qu’ils ont mal apprécié la menace et cela s’appelle une bavure militaire. Étant donné qu’ils ne sont pas à leur coup d’essai en la matière, l’état-major s’empresse de leur trouver un exutoire.
L’erreur d’appréciation : Comme tout le monde a pu le constater, le bus ne représentait aucune menace pour les soldats. Alors de deux choses l’une : ou bien notre skipper était fortement éthérisé, ou bien son jugement a été torpillé par une subite montée de mauvaise adrénaline, élément déclencheur de l’épouvantement. Dans un tel état, il voit le danger partout. Une troisième option bonus : étant donné que Gao est au Nord, il y a la possibilité d’une tempête de sable qui réduirait considérablement la vision…
Mais, de leur enquête, on n’en a fichtre rien à foutre, parce que dès que l’incident est survenu, sans barguigner, ils ont chanté la musique sur laquelle ils veulent qu’on danse. À nous de choisir notre pas de danse.

Source : INFO-MATIN

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