#Bagadadji2020 : le 8 mars et le viol du code électoral

Le 8 mars 2020, début de la campagne et jour de célébration de la fête des femmes, les candidats à la députation ne sont pas allés loin pour décrocher la formule d’une campagne prometteuse. Pour le blogueur Gabdo Ouattara, certains sont allés à l’encontre du code électoral.

 

La campagne pour le premier tour des élections législatives du 29 mars 2020 bat son plein depuis le 8 mars. Hommes et femmes, candidats à la députation, ont deux semaines pour s’adjuger la faveur des électeurs.

Pour ce faire, les candidats ne manquent pas d’imagination. Cela passe évidemment par des initiatives populaires et individuelles. Au nombre de celles-ci, les rassemblements festifs (avant les mesures prises pour la prévention du Covid-19), la distribution ciblée de cadeaux, d’argent et les grandes promesses.

Pour cette année, l’occasion était si bonne que les candidats ont vite fait de trouver le cadeau idéal pour garder l’espoir d’une campagne réussie. L’espèce sonnante et trébuchante a laissé place au cadeau en nature. Ce cadeau s’appelle le « pagne du 8 mars ». Après les craquants billets de banque, les populations ont maintenant droit au tissu. Le contexte sociopolitique justifierait cela.

Le prétexte du 8 mars

Au Mali, cette pratique n’est pas nouvelle. A l’approche des élections, les candidats ont pris la fâcheuse habitude de s’adonner à une campagne véritablement bâtie sur l’achat de conscience.

Pour arriver à leurs fins, des candidats n’hésitent pas à jouer sur la pauvreté et l’extrême précarité d’une grande partie de la population, celle-là même qui compose la majorité des électeurs. Il n’en faut pas plus pour attirer le maximum d’électeurs en quête de quoi vivre demain.

Ce candidat aux législatives en commune V du district de Bamako, dont nous allons taire le nom, estime que la célébration de la fête des femmes, le 8 mars, a été une occasion qu’il ne fallait pas manquer. Le candidat confie en avoir profité pour distribuer gracieusement plusieurs lots de pagnes aux femmes de sa commune. Mieux, il ajoute que les pagnes étaient accompagnés de messages et promesses suffisamment élaborés, pour convaincre n’importe quel électeur sur le bienfondé de sa candidature.

Prix des pagnes à la hausse

« Je suis la présidente de la tontine des femmes engagées de Kalabancoura (Commune V). Nous sommes 15 femmes dans le groupe et chacune de nous a eu 3 pagnes wax pour le 8 mars », affirme Awa Macalou. L’occasion faisant le larron, des vendeurs de pagnes, floqués 8 mars, sont entrés dans la danse. Pour eux, l’affaire est simple : revoir le prix des pagnes à la hausse pour gagner beaucoup plus.

Kaou Niangadou ne nous dira pas le contraire : « Cela fait plus de 10 ans que je vends le pagne du 8 mars. Cette année, le marché est encore meilleur. Je vendais le lot de 3 pagnes à 3000 FCFA. Juste à quelques jours du 8 mars et du début de la campagne, le prix a doublé »

Interdiction de distribuer des cadeaux

Au Mali, la loi électorale est claire sur la distribution de cadeaux en période de campagne électorale. Dans son article 73, cette loi précise l’interdiction de l’utilisation des biens ou moyens d’une personne morale publique, institution ou organisme public pour la campagne électorale.

Clairement, cela veut dire qu’au Mali la distribution d’une quelconque forme d’avantage matériel à l’électeur est interdite, si elle constitue une forme de corruption de celui-ci. De même, il est admis qu’il ne saurait être question de distribution de cadeaux durant une réunion de parti politique.

Au regard de ce qui se passe en cette période de campagne, on se pose aisément la question de savoir  à quoi et pour qui sert la loi, si elle n’est appliquée par personne. Les structures en charge des élections au Mali sont fortement interpellées.

Benbere

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